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Chrétiens, arabes et israéliens : nous sommes peu nombreux mais très soudés

MMLV
26 mai 2014
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Chrétiens, arabes et israéliens : nous sommes peu nombreux mais très soudés
Paul, arabe israélien d'Haifa est venu voir son Pape à Bethléem

Paul est un arabe israélien de 29 ans qui réside à Haïfa. Nous l’avons rencontré à Bethléem où il s’est rendu dimanche 25 mai  pour assister à la messe célébrée par le Pape François. De confession chrétienne il est arabe résidant en Israel, un statut qu'il assume parfaitement et dont il est fier !


Paul est un arabe israélien de 29 ans qui réside à Haïfa. Nous l’avons rencontré à Bethléem où il s’est rendu dimanche 25 mai  pour assister à la messe célébrée par le Pape François. De confession chrétienne il est arabe résidant en Israel. Un statut parfois mal accepté au sein de la population israélienne (certains membres de la paroisse hébraïque de Jérusalem ne se rendent à la messe qu’à Tel-Aviv de peur d’être montrés du doigt dans leur quartier). Paul quant à lui assume parfaitement son identité et en est même fier.

Paul, quels sont tes hobbies ? Comment occupes-tu tes temps libres ?

Depuis mon plus jeune âge, j’aime l’athlétisme et la natation. J’ai beaucoup pratiqué en club, mais aujourd’hui je suis très pris par mon travail (Paul est coiffeur) et je n’ai plus tellement le temps de m’y consacrer. Je préfère m’adonner à mon autre passe-temps favori : la pratique du Oud (instrument à cordes pincées très populaire dans le monde arabe). Régulièrement, je me rends dans des hôpitaux et organise des spectacles pour les malades, au cours desquels je joue et chante en arabe.

Parle nous de tes amis. Te ressemblent-ils ?

Grâce à mon métier de coiffeur, je rencontre de nombreuses personnes chaque jour. Dans la mesure où mon salon se trouve à Haïfa, la plupart de les clientes sont femmes israéliennes. Le fait de m’occuper de la beauté de ces femmes privilégie l’échange et le dialogue.

J’ai également beaucoup d’amis au sein de ma paroisse à Haïfa. Comme nous sommes peu nombreux, nous formons une communauté très soudée. Mais en même temps nous ne sommes pas un clan fermé, comme certains autres groupes religieux. Nous acceptons l’autre et c’est ainsi qu’il nous accepte à son tour.

T’intéresses-tu à l’actualité ? Quels sujets te préoccupent le plus en ce moment ?

Je considère qu’il est primordial de s’intéresser à l’actualité car c’est à travers elle que se dessine notre futur. Lorsque je me tiens informé, je ne privilégie pas les nouvelles relatives à un pays en particulier. J’essaye d’avoir une vision globale de la situation du monde car pour moi tout est plus ou moins connecté. Je ne peux toutefois pas nier être plus sensible à l’actualité du Moyen-Orient car elle influe directement sur la situation relativement instable de mon pays.

Maintenant, parle-nous des membres de ta famille. Qui sont-ils et que partages-tu avec eux ?

Comme moi, les membres de ma famille sont des arabes israéliens de confession chrétienne. Les grands-parents de mon père étaient français, d’où mon prénom. La famille de ma mère est originaire d’ici mais a migré en Syrie après 1948. Puis au Liban. Puis, est revenue vivre à Saint Jean d’Acre, pour ensuite migrer à Haïfa. Tous ces déplacements nous ont enrichis culturellement, je ne me sens pas juste israélien. Je partage énormément de choses avec mes parents et mon frère car nous vivons encore ensemble. J’espère toutefois prendre mon indépendance prochainement.

Tu es un israélien chrétien. Comment vis-tu ce statut, et quelle place prend la religion dans ta vie quotidienne ?

Croire en Jésus et en Dieu est quelque chose de très important dans ma vie. Le christianisme est avant tout une religion de paix et d’amour, et cela ne peut être que positif. Dans un pays comme le mien, ces valeurs devraient être un peu plus prises en compte. Je pratique en me rendant régulièrement à la messe. Mais me sens encore plus proche de Jésus lorsque je vais jouer du Oud pour les malades de l’hôpital.

Il est vrai que malheureusement, en Israël, il existe encore de nombreux endroits où les chrétiens sont mal acceptés. Mais Haïfa est une ville très ouverte d’esprit et je ne me suis jamais senti rejeté à cause de ma religion. Au contraire, il n’est pas rare que des juifs me posent des questions sur ma croyance, ils sont intrigués.

Quels sont des projets sur le plan personnel et professionnel ?

J’adore mon métier ! Il me permet d’exprimer ma créativité et de rencontrer de nouvelles personnes chaque jour. Je suis fier d’être aujourd’hui propriétaire de mon propre salon, et j’espère continuer à le faire prospérer. Je souhaite aussi continuer à m’améliorer dans la pratique de mon instrument, et bien sûr à aider mon prochain autant que je peux.

Pour finir, et en quelques mots, que souhaites-tu à ton pays ?

Cela va peut-être vous surprendre car je suis israélien, et que j’aime mon pays. Mais je pense que la seule façon d’aboutir à cette paix que nous désirons tous est de donner aux Palestiniens leur propre Etat. C’est entre autre pour encourager cela que j’ai tenu à ma rendre à Bethléem aujourd’hui.

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