Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Quand on n

David Grenier ofm
19 janvier 2015
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L’été avait été très chaud en Terre Sainte. En fait, il l’avait été pour tout le Moyen-Orient. Et comme si les 40° à l’ombre ne suffisaient pas, on vint y ajouter la chaleur des bombes et des discours enflammés.

Pendant qu’en Irak, l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde s’est vue obligée de plier bagages, après pourtant 1300 ans de cohabitation avec les musulmans, devant l’arrivée des djihadistes, et que la Syrie se trouvait encore et toujours à feu et à sang, ici, les combats faisaient rage entre l’armée israélienne et les combattants du Hamas.

Arrivé en Terre Sainte il y a six ans, j’en étais déjà à mon troisième bombardement sur Gaza. Cette fois-ci, cependant, quelque chose était différent : une détermination aveugle de part et d’autre, laissant un arrière-goût amer de manque d’humanité.

Alors que la communauté internationale faisait pression sur Israël devant le millier de morts déjà atteint, voilà qu’un sondage mené auprès des Israéliens indiquait que 90 % d’entre eux approuvaient l’opération militaire et que 45 % trouvaient même qu’Israël devait augmenter sa puissance de frappe.

De l’autre côté, le Hamas lançait ses missiles de part et d’autre du pays et se vantait d’avoir visé délibérément l’aéroport de Tel Aviv, au risque d’abattre, comme en Ukraine, un avion rempli d’étrangers.

Puis, dans plusieurs villes du pays, Jérusalem y compris, on vit des Palestiniens sortir dans les rues pour se réjouir à l’annonce de l’enlèvement d’un jeune soldat israélien. Un jeune de 21 ans. Bien sûr, on ne pensait pas à sa mère, à ses amis ou à ses projets d’avenir. On s’est réjoui de la souffrance de l’autre comme si cela pouvait apaiser notre propre souffrance.

Il était impossible de comprendre que tant que nous ne sentirons pas une profonde tristesse pour chacune des victimes de l’autre côté, nous ne pouvons pas prétendre que l’ennemi ait pitié de nous. Et alors, ce sera toujours l’humanité qui sera perdante.

Ainsi, on vit les deux parties se radicaliser. Et, à bien y penser, il semble que le radicalisme prenne de plus en plus de place dans le monde d’aujourd’hui, et à bien des niveaux. On se radicalise dans la politique, avec la montée de l’extrême-droite un peu partout en Europe, dans la violence à la télévision, dans la libération sexuelle, dans l’individualisme et dans ce fameux droit de faire “ce que je veux parce que j’en ai envie”.

Comment réagir à tout cela ?

 Comment devrait se comporter un chrétien en de telles circonstances ? Il semble qu’il n’y ait qu’une seule chose à faire : nous radicaliser à notre tour ! Nous radicaliser toutefois dans le vrai sens du terme : prendre racines, les fixer fermement dans l’Évangile, écouter Jésus qui nous redit comme à l’époque sur le Mont des Béatitudes : “Bienheureux les doux. Bienheureux les pauvres, les artisans de paix et les cœurs purs. Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent…” L’écouter, y croire et le mettre en pratique.

Jésus avait bien compris qu’il n’y a qu’une seule façon de mettre fin à la violence et que pour vaincre un mal, il faut lui opposer son contraire. On n’éteint pas un feu en y lançant des bûches dans l’espoir que celles déjà en place s’éloignent les unes des autres. Essayez avec de l’eau ; vous risquez d’avoir de meilleurs résultats. Ainsi, pour combattre la haine, il n’y a qu’un seul moyen : aimer, et toujours davantage. Proposer une autre voie, pour changer les mentalités et démontrer au monde qu’il a d’autres options devant lui. Cela peut paraître absurde d’essayer de convaincre le Hamas et Israël que ce sont les doux qui posséderont la terre… Et pourtant, quand le Christ décida de se radicaliser, de planter profondément ses racines dans l’amour du Père, coûte que coûte, au prix de voir s’élever l’arbre de la croix, il a ni plus ni moins changé l’histoire de l’humanité, au point où, partout à travers le monde, on parle désormais d’un avant et d’un après Jésus-Christ.

À l’heure où, dans tous les pays du monde, on forme des gens à faire la guerre, pourquoi ne pas se mettre à l’école de Jésus-Christ ? À cette école de la pauvreté, de la douceur, de la miséricorde et de l’amour des ennemis, pourquoi ne pas apprendre à faire la paix ?