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La mer Morte assoiffée s’évapore

Terresainte.net
4 février 2016
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La mer Morte assoiffée s’évapore
Extraction de la potasse à Sodom en Israël sur les bords de la mer Morte ©Lior Mizrahi/Flash90

On savait que le Jourdain ne suffisait plus à alimenter la mer morte. Mais si l’agonie de cette mer d’exception s’accélère ces dernières années, c’est aussi à cause de la surexploitation de ses minéraux.


(Jérusalem/N.H.) – Le niveau de la mer Morte diminue inexorablement à cause de la surexploitation du fleuve du Jourdain par la Jordanie et la Syrie. Selon une étude récente, l’évaporation de l’eau s’est accélérée de 70 cm par an il y a 40 ans à 1,2 mètres au cours des deux dernières décennies. En cinquante ans seulement, la surface de la mer Morte a régressé d’un tiers.

L’objectif de l’étude menée par Nadav Lensky et Elad Dente, de la commission géologique d’Israël, était d’étudier les raisons précises de la baisse du niveau de cette étendue d’eau ultra-saline. Selon l’étude, la surface de la mer Morte a diminué d’environ 20% au cours des dernières décennies. Le rétrécissement de la surface élève la concentration du sel dans l’eau. Cette concentration aurait dû ralentir l’évaporation et donc ralentir la baisse du niveau de l’eau.

On sait depuis longtemps que la retenue en amont des eaux du Jourdain empêche son approvisionnement naturel en eau douce. Mais ces dernières années, la mer Morte paie un lourd tribut aux industries spécialisées dans l’exploitation de ses minéraux très convoités. Pour extraire la potasse et le magnésium, ils pompent des quantités d’eau considérables qu’ils laissent s’évaporer.

Par ailleurs, les chercheurs ont examiné dans quelle mesure le manque de précipitations qui alimentaient le fleuve pouvait jouer. La quantité de précipitation au cours des 30 dernières années a été relativement stable. Malgré cela, le niveau de la mer ne montait plus durant les saisons pluvieuses, comme c’était le cas il y a trois décennies. Les spécialistes ont également constaté que la baisse du niveau de la mer pendant l’été restait stable au cours des années, et cela malgré l’usage de l’eau des industries spécialisés.

Les spécialistes ont donc conclu que la baisse accélérée du niveau de la mer est due à la surexploitation du Jourdain. En cause, les construction de barrages sur les affluents du fleuve en Syrie et en Jordanie. Ces barrages stockent jusqu’à 500 millions de mètres cubes d’eau. La Syrie a construit plus de 40 barrages qui arrêtent l’écoulement de l’eau dans les rivières de Rukad et du Yarmuk. Israël n’est pas non plus en reste sur ces retenues.

Ces barrages représentent une grande partie du manque à gagner annuel de la mer Morte. Selon cette même étude, le manque était de 400 millions de mètres cubes il y a 30 ans. Il est passé à 700 millions de mètres cubes au cours de la dernière décennie.

Fin 2013, Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne ont signé un accord pour la construction d’un canal reliant la mer Rouge à la mer Morte. A terme, le lac salé devrait recevoir 100 millions de mètres cubes d’eau chaque année. Une solution toutefois qui ne fait pas l’unanimité. Les associations écologiques craignent en effet que la différence de salinité entre les deux types d’eau n’entraîne une catastrophe sur  l’équilibre de la faune et de la flore environnante, en plus d’un déséquilibre des eaux elles-mêmes du fait d’ne réaction chimique inappropriée.

Au rythme actuel, une chose est sûre la mer Morte est vouée à disparaitre à l’aune de quelques décennies.