Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Une colombe dans le ciel d’Alep

Arianna Poletti
6 octobre 2016
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Une colombe dans le ciel d’Alep
Les enfants ont revêtu des T-Shirts blancs pour annoncer la paix © Brygida Maniurka/fmm

«Si le Seigneur n'exauce pas la prière des grands, Il ne peut pas ne pas exaucer celle des enfants.» Ainsi Mgr Jeanbart évêque d’Alep explique-t-il la prière des enfants qui s’est élevée vers le ciel d’Alep aujourd’hui.


(Correspondance avec Alep) – Dans une Alep épuisée par cinq années de guerre, un message de paix se propage. Aujourd’hui, des enfants chrétiens se sont réunis à l’occasion de l’Action Day for Peace. Le but de la journée:  dans un contexte de guerre, diffuser un message de paix. «Chacun de nous doit être constructeur de paix, car chaque situation de violence et d’injustice est une blessure au corps de la famille humaine entière», rappelait le Pape il y a une semaine lors de l’audience matinale, en parlant de la Syrie. Alep est aujourd’hui une plaie ouverte. Les enfants d’Alep, fils trop souvent oubliés de cette famille humaine, ce 6 octobre 2016 ont dansé et chanté pour la paix. Habillés en blanc, ils ont prié avec leurs enseignants  qui « ont ainsi pu souffler avant de se plonger à nouveau dans la réalité dure de la ville», communique frère  Ibrahim Sabbagh à Terrasanta.net. Franciscain de la custodie de Terre Sainte et curé de la paroisse Saint François d’Assise d’Alep, tous les jours il est témoin des « souffrances et violations des droits de l’homme » dénoncées par Pape François.

Frère Ibrahim raconte qu’aujourd’hui des «centaines et centaines d’enfants provenant de plusieurs écoles chrétiennes syriennes mais aussi d’associations musulmanes pour les orphelins de guerre» se sont réunis au collège de Terre Sainte d’Alep. Ainsi, ils ont célébré l’Action Day for Peace, une initiative voulue par ACS, Aide à l’Eglise qui Souffre. « Nous, les franciscains, en collaboration avec les Pères Jésuites et avec toutes les écoles chrétiennes, nous avons préparé cette rencontre. Au programme danses et pièces théâtrales préparées par groupes d’élèves de chaque école – raconte le frère – et, après le déjeuner, les enfants sont rentrés avec leur t-shirt blancs et avec les casques faits exprès pour la journée, pour annoncer la paix à tous ceux qu’ils rencontreraient». Le symbole de cette journée, selon lui, ne pouvait qu’être celui de la colombe arc-en-ciel: « Elle annonçait l’ère de la paix… aujourd’hui aussi pour nos enfants elle devrait et veut être un signal de paix au cœur de cette ère de la violence». Il n’y a pas que les petits qui ont célébré l’espoir. Ils ont été rejoint par plusieurs enseignants, des directeurs des écoles, des religieux. Deux évêques aussi se sont joints à cette fête: l’évêque grec catholique Jeanbart, et l’arménien catholique Mrayati. Frère Ibrahim rappelle les mots prononcés par l’évêque Jeanbart, qui résument le message de cette journée: « Si le Seigneur n’exauce pas la prière des grands, Il n’arrivera pas à ne pas exaucer celle des enfants. C’est pour cela que l’évêque a demandé que tous les enfants prient ensemble pour la paix de la Syrie et notamment pour Alep». Puis, ensemble, les enfants syriens ont signé une pétition qui sera présentée dans les prochains jours à l’Union Européenne et à l’ONU. Ensemble, ambassadeurs pour un message de paix, les trois patriarches grec-orthodoxe, syriaque-orthodoxe et grec catholique partiront pour Bruxelles et Genève. Orthodoxes et catholiques unis plus que jamais dansce contexte de guerre.

L’espace d’un moment, on a essayé d’oublier les cinq ans de conflit et la dévastation partout visible en dehors du collège. Mais, Mgr Mrayati a été obligé de quitter la fête pour partir célébrer deux funérailles. Deux jeunes tués hier soir par deux missiles. Malgré tout, des centaines de milliers d’enfants continuent d’espérer.  Ils trouvent la force, comme aujourd’hui, de croire dans l’avenir et de ne pas se laisser entrainer dans le cercle la «violence pour la violence» dont a parlé le pape François.