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Les piscines de Salomon plongent dans le XXIe siècle

Christophe Lafontaine
12 octobre 2017
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Les piscines de Salomon plongent dans le XXIe siècle
Un des trois bassins des "piscines de Salomon" près de la ville de Bethléem.

Près de Bethléem, les « piscines de Salomon » vont être rénovées grâce aux Etats-Unis qui l’ont annoncé le 10 octobre 2017. Par ce biais, Trump veut soutenir l’économie palestinienne en vue de relancer les pourparlers.


750 000 dollars. Les Etats-Unis se jettent à l’eau pour restaurer les antiques « piscines de Salomon. » Ces réservoirs, au nombre de trois, sont situés à 3 km environ au Sud-Ouest de Bethléem, près du camp de réfugiés de Dheisheh, en Cisjordanie occupée. Le Consulat Général américain a fait part de cette décision le mardi 10 octobre 2017, lançant officiellement les travaux d’aménagement, placés sous le patronage du Premier Ministre palestinien Rami Hamdallah. Le projet est plus précisément financé principalement par le Fonds des ambassadeurs (ndlr : américains) pour la préservation culturelle  et mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat avec le Centre de Préservation et de Développement des piscines de Salomon. Le Fonds des ambassadeurs américains a été créé pour aider les pays en développement à préserver le patrimoine culturel. Les ambassades américaines déposent tous les ans des demandes de subventions en faveur de projets dans leur pays hôte. Chaque année, une cinquantaine de projets sont retenus.

Dans une vidéo de l’AFP, Daniel Blome, le Consul Général des Etats-Unis à Jérusalem a déclaré qu’ «  avec ce projet, il ne s’agit pas seulement de protéger l’histoire. Il s’agit aussi de protéger les vies et les modes de vie des gens qui vivent ici aujourd’hui. » Comprendre assurer leur gagne-pain. Les bassins dits de Salomon présentent un intérêt archéologique et touristique non négligeable. Insérés dans un écrin admirable de verdure, les abords de ces plans d’eau se laissent découvrir au cœur d’une pinède qui se déploie à l’extrémité de la verdoyante vallée d’Ortas. Constituant d’agréables lieux de pique-nique ombragés, ils restent une destination de choix par les promeneurs en quête de fraîcheur. C’est pourquoi l’administration américaine nourrit l’espoir  que les lieux deviennent une attraction culturelle et touristique majeure en Cisjordanie pour remettre à flot l’économie palestinienne en vue de relancer les pourparlers de paix. « Le Président Trump a souligné plusieurs fois sa volonté de mettre une fin définitive au conflit par un accord entre Palestiniens et Israéliens. Il a dit clairement qu’un élément nécessaire pour arriver à la paix est de débloquer tout le potentiel de l’économie palestinienne », a souligné devant la presse le diplomate américain.

Enjeux de conservation

Le temps, l’abandon, l’érosion, et les fréquentations tiennent le mauvais rôle pour expliquer lle délabrement des murs et de la structure du site bimillénaire. D’ailleurs, seuls deux des trois retenues sont encore pleines d’eau.  Robin Solomon – la bien nommée –  est Chef des affaires culturelles au consulat des Etats-Unis à Jérusalem et explique à l’AFP l’effort des Etats-Unis « pour apporter des travaux de conservation d’urgence à la piscine la plus basse et la plus ancienne du site, et apporter des fonds pour conduire  une étude approfondie, une étude historique, une étude d’ingénierie, pour mieux comprendre ce site et le travail de conservation dont il a besoin. » Le projet permettra de réparer et de protéger les canaux et d’établir des sentiers pour protéger les éléments archéologiques environnants et permettre aux visiteurs de parcourir le site sans risque de dommages.

Les piscines de Salomon servaient autrefois à l’alimentation en eau potable de la ville de Jérusalem. En 1865, à la suite de son second séjour sur place, Félix de Saulcy, archéologue français, publie Voyage en Terre sainte et détaille, pour son lecteur, les différents éléments qui constituent cette gigantesque adduction d’eau : « Trois immenses réservoirs furent taillés dans le roc vif à des niveaux successivement inférieurs, de manière que le premier, rempli directement par les sources, déversât son trop-plein dans le troisième, à partir duquel un aqueduc souterrain, suivant le flanc des vallées, et faisant tous les détours nécessaires pour conserver une pente constante, conduisait les eaux jusqu’à Jérusalem. »  Les trois citernes géantes, à ciel ouverts, ont donc été conçues pour recueillir l’eau de pluie et l’eau des sources environnantes acheminée par un système d’aqueducs qui viennent du sud, de la région d’Hébron Profondes de 10 à 15 mètres, longues de 100 mètres et larges de 65 mètres, les piscines – avec un dénivelé de 6 mètres entre elles – sont en mesure (théoriquement) de contenir plus de 150 000  mètres cubes d’eau en tout.

La tradition attribue à Salomon la construction de cet antique complexe hydrique. Dans le livre de l’Ecclésiaste, Salomon dit : « J’ai creusé pour moi des bassins dont les eaux irriguent des pépinières. » Cependant, aucun témoignage ne soutient cette thèse. En réalité, de récentes découvertes situent la construction de deux des bassins sous le règne du roi Hérode à Jérusalem. Le troisième bassin a été ajouté pendant la période mamelouke. A noter que les bassins dits de Salomon ont fourni Jérusalem (et la région de Bethléem) en eau jusqu’en 1946.

Voir aussi la vidéo que leur avait consacré le Christian Media Center en cliquant ici

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