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Le monastère St Jean-Baptiste au Jourdain rouvre ses portes

Christophe Lafontaine
7 février 2018
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Le monastère St Jean-Baptiste au Jourdain rouvre ses portes
Le monastère orthodoxe de Saint Jean-Baptiste perché sur la rive occidentale du Jourdain © Sharon Shlomo / Wikimedia Commons

Dans un communiqué, le 29 janvier 2018, le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem a annoncé la réouverture du monastère Saint Jean-Baptiste, à l’est de Jéricho, dans les Territoires palestiniens occupés.


A l’entrée du « site du Baptême » à Qasr el-Yahud, dans une zone actuellement sous contrôle militaire israélien, se tient dans les sables, entre champs de mines et barbelés, un monastère orthodoxe. Placé sous le vocable de saint Jean-Baptiste « le Prodomos » (le précurseur), les chrétiens le nomment Deir Mar-Hanna. Aux allures de forteresse médiévale, situé à l’écart de tout, on y accède par une piste cendreuse de plus de 2 km depuis la route 90 qui parcourt la vallée du Jourdain, après le passage d’un poste de sécurité. Là, le couvent domine à 500 mètres en hauteur la rive ouest du Jourdain. Le fleuve est devenu à cet endroit une étroite rivière séparant les Territoires palestiniens de Cisjordanie occupée par Israël (rive occidentale) de la Jordanie (rive orientale). Qasr el-Yahud est attenant à l’ancienne route reliant Jérusalem et Jéricho à plusieurs sites bibliques Transjordaniens tels que Madaba et le mont Nebo.

Marqué physiquement par les aléas de l’Histoire et après des années de fermeture (il n’était accessible qu’occasionnellement aux pèlerins), sa réouverture a été annoncée fin janvier par le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem. Dans son communiqué officiel, l’Eglise précise que le complexe religieux est en cours de rénovation et a vocation à redevenir pleinement un sanctuaire orthodoxe pour l’accueil des pèlerins.

A 9 km de la mer Morte, le monastère de Qasr el-Yahud (« le château des Hébreux ») fait mémoire de la traversée des israélites en Terre Promise, guidé par Josué après la sortie d’Egypte. Les chrétiens, eux commémorent, en outre, le baptême du Christ. Chaque année, d’ailleurs, l’Epiphanie orthodoxe y est célébrée. Le clergé mène une procession depuis le monastère jusqu’aux berges du Jourdain. Les pèlerins viennent principalement de Terre Sainte, de Russie, d’Ukraine, de Roumanie, de Grèce, d’Europe et des Etats-Unis.

L’épopée d’un monastère

Le monastère fut bâti à l’époque des grandes constructions byzantines effectuées par sainte Hélène (entre 325 et 335), la mère de l’empereur Constantin. Au gré des vicissitudes de l’histoire, il fut maintes fois détruit et retapé. Pendant la période des Croisés, le monastère a été reconstruit (1128). On sait aussi qu’il a été endommagé dans le tremblement de terre de 1927 et restauré ensuite. En 1954, la structure a été agrandie.

L’environnement dans lequel il se trouve, a été conquis par Israël pendant la Guerre de Six Jours (1967). Le site, frontalier de la Jordanie, a alors été miné, restant complètement fermé aux visiteurs pendant plusieurs années. En 2000, à la suite de la visite de Jean-Paul II en Terre Sainte, l’Autorité de la nature et des parcs en Israël a entrepris des travaux permettant d’accéder au Jourdain, mais le monastère orthodoxe lui-même est resté fermé aux visiteurs.

Le site du baptême a été ensuite réaménagé avec une petite section déminée par Halo Trust avec l’approbation des Israéliens, des Palestiniens et des dénominations religieuses, et a permis en 2011  la venue des pèlerins, avec notamment l’installation de zones ombragées pour les prières et la construction de rampes en bois s’avançant dans le Jourdain pour permettre aux pèlerins d’accéder plus facilement aux eaux du baptême. Le complexe est sous la gestion de la Direction de la Nature et des Parcs d’Israël.

Huit Eglises de Jérusalem ont des propriétés à cet endroit. Des vestiges témoignent encore d’une grande dévotion envers ce lieu qui célèbre le début du ministère publique de Jésus. Mais il faut aussi savoir que Qasr el-Yahud a été désigné avec le site jordanien de Wadi Kharrar, comme étant les deux lieux les plus probables du baptême de Jésus.