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2018: très bon millésime pour le tourisme en Terre Sainte

Christophe Lafontaine
8 janvier 2019
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2018: très bon millésime pour le tourisme en Terre Sainte
Guide s'exprimant devant un groupe de touristes face à la vieille ville de Jérusalem © Nati Shohat / Flash90

4,12 millions de touristes ont visité Israël en 2018, a indiqué le 6 janvier le ministère israélien du Tourisme. Les Territoires palestiniens ont, eux, accueilli 2,8 millions de visiteurs. Des chiffres qui explosent.


Après une année 2017 historique, avec 3,6 millions de touristes, l’Etat hébreu a accueilli sur son territoire quelque 4,12 millions de touristes en 2018. Un record historique depuis la création d’Israël, selon les données du ministère israélien du Tourisme du 6 janvier 2019. L’Etat enregistre donc une croissance de 14% par rapport à l’année 2017. Sur le plan économique, les recettes touristiques totales pour 2018 sont estimées à environ 22 milliards de shekels (plus de 5 milliards de dollars).

Le ministère du Tourisme est aussi très optimiste pour 2019 car Israël accueillera un événement à envergure internationale en mai prochain. Pour la troisième fois de son histoire, c’est le concours de l’Eurovision de la chanson qui aura lieu à Tel Aviv.

Le pays mise également sur l’ouverture le 22 janvier prochain de l’aéroport de Timna, dans le sud du pays. La plate-forme d’une capacité de deux millions de passagers par an (extensible à 2,25 millions en 2022 puis 4,2 millions d’ici 2030 selon son site Internet) permettra de desservir la station balnéaire d’Eilat au bord de la Mer rouge ainsi que le désert du Néguev. De même, le pays attend beaucoup du nouveau train rapide entre l’aéroport international de Tel Aviv et la gare routière centrale de Jérusalem.

Environ 61 % des touristes venus en Israël étaient chrétiens

En 2018, ce sont les Américains qui ont été les plus nombreux à se rendre en Israël avec un peu moins de 898 000 touristes (soit une augmentation de 15% en comparaison avec 2017). Les Français se hissent à la deuxième place (346 000, +12%) et derrière eux, les Russes (316 000, +5%). Accèdent à la quatrième et cinquième place les Allemands (262 500) et les Britanniques (217 900). Suivent les touristes de Pologne, d’Italie, d’Ukraine, de Roumanie et de Chine.

Environ 61 % des touristes venus en Israël, cette année, étaient chrétiens, 22 % étaient Juifs, 12,1 % sans affiliation, 1,8 % étaient musulmans, 0,6 % étaient bouddhistes, 0,5 % étaient hindous et 0,1 % étaient Bahais (leur centre spirituel se trouve à Haïfa). A noter que parmi tous les touristes, 40 % ne venaient pas pour la première fois en Israël et que l’augmentation du nombre de visiteurs en Israël peut aussi s’expliquer par le 70ème anniversaire de l’Etat créant l’émulation chez les juifs de la diaspora comme chez les chrétiens évangéliques.

Une stratégie marketing qui gagne

Yariv Levin, le ministre israélien du Tourisme, attribue ces résultats à « une révolution significative dans la commercialisation d’Israël » à l’étranger en tant que destination de voyage, ces dernières années. Notamment à travers une grande campagne de promotion (à hauteur de 350 millions de shekels) lancée dans le monde entier, plus orientée sur les loisirs, les vacances et la bonne météo que sur les pèlerinages. « Ces segments sont très étroits et vulnérables aux problèmes de sécurité », a-t-il déclaré en décembre au journal économique Globes.

Le boom du secteur touristique est aussi dû au soutien des nouveaux vols directs depuis de grandes villes mondiales ou aux partenariats noués avec d’importantes agences de tourisme sur Internet (comme Expedia) dans le monde. Le ministre du Tourisme a aussi précisé que 145 millions de shekels avaient permis la construction 4 000 nouvelles chambres cette année dans le pays, soit 49 % de plus que l’an dernier.

En décembre, selon un nouveau rapport publié par Euromonitor International, un cabinet britannique spécialisé dans les études de marché, Jérusalem est la destination touristique qui a connu la plus forte croissance au monde en 2018 et est l’une des principales destinations touristiques du monde cette année, aux côtés de Bombay, Ozaka et Porto. Par ailleurs, l’Autorité israélienne de la nature et des parcs a enregistré pour l’année 2018, une augmentation de 27 % du nombre de visiteurs internationaux et de 3 % du nombre de visiteurs locaux dans les parcs nationaux du pays. Césarée est le parc le plus populaire avec 1 006 115 visiteurs en 2018, suivi de près par Massada.

« Nous n’avons jamais reçu autant de touristes venant en Palestine »

Du côté de la Cisjordanie, selon les chiffres rendus publics par le Ministère du tourisme palestinien, environ 2,8 millions de touristes ont visité les Territoires palestiniens cette année, contre 2,5 millions l’an dernier. Beaucoup de touristes en Israël n’hésitent pas à pousser une journée jusqu’à Bethléem ou d’autres sites en Cisjordanie comme Jéricho ou Hébron.

« Nous n’avons jamais reçu autant de touristes venant en Palestine », a déclaré la ministre palestinienne du Tourisme, Rula Maayah, cité par Reuters. « Surtout dans une ville comme Bethléem, le tourisme crée des vagues dans toute l’économie ». « L’une des raisons semble être l’augmentation du nombre de visiteurs en provenance de Chine, de Corée du Sud, d’Inde (plus de 30 000 en 2018) », a déclaré à AsiaNews le diacre Sobhy Makhoul, de l’exarchat patriarcal maronite à Jérusalem.

Il faut espérer, a-t-il ajouté, que la « tendance sera durable, favorisée également par un climat de stabilité relative dans la région. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire d’améliorer les infrastructures pour soutenir l’industrie hôtelière. » Et d’améliorer les règles d’accès aux sites. D’où, le projet d’application numérique (dont la sortie est imminente) pour réguler le flux des pèlerins dans la basilique de la Nativité.

Nul doute que la restauration des mosaïques de la basilique de la Nativité a eu un grand pouvoir d’attraction. « Le sentier d’Abraham » n’est pas en reste. Ce chemin, qui bénéficie depuis mars dernier d’un accord de coopération avec les Chemins de Saint-Jacques (itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe), file de Jénine à Hébron au milieu des sites palestiniens emblématiques, oscillant entre -400 m et 1200 m d’altitude. La richesse culturelle et naturelle qu’il offre lui a valu d’être élu « Trek de l’année 2018 » par Trek Magazine. Durant ces cinq dernières années, près de 12 000 personnes auraient déjà emprunté le sentier.

 

 

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