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Yad Vashem: un nouveau centre pour ses collections en 2021

Christophe Lafontaine
29 mars 2019
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Yad Vashem: un nouveau centre pour ses collections en 2021
Objets témoins de la Shoah lors de l'inauguration de l'exposition « Enfants dans la Shoah : Etoiles sans paradis », à Yad Vashem (Jérusalem, avril 2015) © Miriam Alster / FLASH90

Pour stocker, préserver et exposer dans de meilleures conditions l’ensemble de ses collections témoins de la Shoah, Yad Vashem lancera dès le 2 mai les travaux d’un nouveau complexe qui dureront deux ans.


Journaux, lettres, documents officiels, peintures, dessins, jouets d’enfant, rouleaux de la Torah, outils de base utilisés dans les camps, cartes de rationnement, photos, vêtements… Conserver les objets de la Shoah pour l’éternité. Telle est l’ambition du « campus Shoah Heritage », le futur complexe du patrimoine de la Shoah que Yad Vashem – l’emblématique site mémoriel – envisage d’installer sur son site à Jérusalem en face de la Crypte du souvenir. Car tous les artefacts de cette période ne peuvent bien évidemment pas être exposés dans le complexe muséographique existant.

Un communiqué du 25 mars vient ainsi annoncer que la pose de la première pierre de cette nouvelle structure est fixée au 2 mai, à l’occasion de Yom HaShoah (« Jour du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme »). L’ouverture des portes est prévue à l’été 2021, a indiqué Yad Vashem qui a déjà récolté une grande partie des fonds nécessaires. Le coût total, selon le Jerusalem Post, est estimé à 44,5 millions d’euros.

Au cœur de ce nouveau « campus Shoah Heritage » : le Centre de collections du patrimoine de la Shoah. Ce dernier « fournira des solutions de pointe » pour héberger et préserver « dans le respect des normes d’archivage les plus strictes » des objets et documents recueillis à Yad Vashem, qui portent tous un récit unique. Ainsi, « les histoires de victimes et de survivants de la Shoah continueront donc d’être racontées et leur mémoire sera préservée pour les générations à venir », résume Yad Vashem.

Dans le communiqué du mémorial, son président explique que « les nazis allemands étaient déterminés non seulement à anéantir le peuple juif, mais également à effacer leur identité, leur mémoire, leur culture et leur patrimoine. » C’est pourquoi, ajoute-t-il, « une œuvre d’art (…), un artefact personnel (…), une photographie (…), un journal ou une note » sont des « objets précieux » qui « sont d’une grande importance non seulement pour le peuple juif, mais aussi pour l’humanité dans son ensemble – et en les révélant au public, ils agiront comme la voix des victimes et des survivants, et serviront de souvenir éternel. »

Un défi moral et un objectif pratique pour de vastes collections

L’enjeu majeur et moral du nouveau complexe est donc celui d’abriter la mémoire du peuple juif à travers le patrimoine qui rappelle « les événements à l’origine de sa destruction (…) et ces vies qui ont continué même pendant la dévastation. », indique le site du mémorial.

Mais c’est aussi au vu des progrès réalisés dans les technologies de conservation et de l’accroissement des collections qui exigent une place de stockage de plus en plus importante que Yad Vashem s’est senti appelé à faire le nécessaire.

Il faut savoir que depuis sa fondation en 1953 et plus encore après une campagne démarrée en 2011 et étalée sur huit ans, intitulée « Rassembler les fragments », Yad Vashem a récolté plus de 210 millions de documents, 500 000 photographies, 131 000 témoignages de survivants, 32 400 objets et 11 500 œuvres d’art, tous liés à la Shoah.

Les installations du Centre de collections du patrimoine Shoah, d’une superficie de près de 6 km2, se déploieront sur quatre niveaux souterrains, d’après les plans du cabinet d’architectes israélien Skorka.

Climatisation et filtration de l’air permettront de contrôler la température pour la conservation des collections. La structure permettra aussi de rationaliser le processus de réception, de catalogage, de préservation des éléments rassemblés par Yad Vashem.

Le Centre comprendra des installations de stockage, des laboratoires de conservation high-tech visibles pour les visiteurs et des espaces de travail pour le personnel professionnel de Yad Vashem. « Bien souvent, les articles qui arrivent à Yad Vashem, sont dans un tel état de dégradation avancée, qu’ils nécessitent des travaux de restauration immédiats pour éviter tout dommage supplémentaire », précise le site institutionnel du mémorial. Les laboratoires de conservation pourront se spécialiser sur toute la gamme des matériaux de fabrication du patrimoine récolté : bois, papier, textile, métal, pierre.

En plus du Centre de collections, le Shoah Heritage Campus comprendra un auditorium récemment rénové, une galerie d’exposition pour les familles et les enfants trop jeunes pour entrer au musée de la Shoah.