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Le Saint-Siège à l’Onu craint pour la solution à deux Etats

Christophe Lafontaine
2 mai 2019
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Le Saint-Siège à l’Onu craint pour la solution à deux Etats
Mgr Bernardito Auza, Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l'Organisation des Nations unies à New York. (UN Photo/Eskinder Debebe)

La mission permanente du Saint-Siège auprès de l’Onu craint que la fragmentation des terres palestiniennes ne rende plus difficile la solution à deux Etats. Et met en garde contre toute atteinte au statu quo à Jérusalem.


« Difficulté ne veut pas dire impossibilité. » Par cette affirmation, le Premier conseiller de la Mission permanente du Saint-Siège auprès de l’Onu à New York, met le doigt sur deux éléments. Si Mgr Tomasz Gryza reconnaît que le territoire palestinien est « de plus en plus fragmenté » – ce qui rend « la solution de deux Etats plus difficile à mettre en œuvre » -, il redit qu’il appartient toutefois « aux parties, aux acteurs régionaux et au reste de la communauté internationale de tout mettre en œuvre et d’utiliser toutes leurs capacités de persuasion politique et diplomatique pour éviter que cette difficulté ne devienne une impossibilité. »

S’exprimant au nom de Mgr Bernardito Auza, l’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Onu à New York, Mgr Tomasz Gryza intervenait à New York le 29 avril 2019, lors d’un débat public tenu au Conseil de Sécurité, sur la situation au Moyen-Orient.

Dans l’attente du plan de paix américain pour le Proche-Orient qui devrait être dévoilé en juin et après la formation du nouveau gouvernement israélien et dans le contexte précis du conflit israélo-palestinien, où « les tensions s’aggravent et où la violence intercommunautaire peut éclater à tout moment », citant le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient Nickolay Mladenov, Mgr Gryza a instamment rappelé que « si l’on veut que la solution des deux Etats devienne une réalité » alors il faut « briser le cycle de la violence » et que les deux parties évitent « les actions unilatérales ». A la fin de sa campagne électorale, on s’en souvient, Benjamin Netanyahu s’est engagé pour la première fois à annexer les colonies israéliennes de la Cisjordanie occupée afin de rallier les sympathisants situés à sa droite.

Unité palestinienne

En outre, le diplomate du Saint-Siège à l’Onu souligne que « l’unité est essentielle » pour « une Palestine politiquement stable et économiquement viable ». Un nouveau gouvernement palestinien a été formé le 13 avril dernier par le nouveau Premier ministre Mohammad Chtayyeh, comprenant des fidèles du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Plusieurs petites formations politiques sont également représentées. Ce qui permet au représentant du Saint-Siège d’y voir une « lueur d’espoir ». A noter que des représentants du Hamas (parti islamiste qui règne sans partage sur la bande de Gaza) est écarté de ce gouvernement. Les deux mouvements, Hamas et Fatah, se regardent en chien de faïence depuis que le premier a pris le contrôle de l’enclave palestinienne en 2007.  En ce sens, Mgr Gryza, lors de son intervention à l’Onu, a loué les efforts « infatigables » des pays voisins (on pourrait notamment citer l’Egypte ou le Qatar) « pour forger des pourparlers avec les différentes factions palestiniennes et faciliter le dialogue entre elles. » Des efforts qui « demeurent importants pour respecter les droits inaliénables et réaliser les aspirations légitimes du peuple palestinien ainsi que pour instaurer une paix et une sécurité durables pour Israël », souligne Mgr Gryza.

Soulager les souffrances

Le diplomate du Saint-Siège à l’Onu a aussi critiqué « les mesures visant à changer l’identité de Jérusalem et son statu quo. » Pour lui, de telles initiatives, d’une part « affectent les populations déjà fragiles qui y vivent » et d’autre part « ont également des effets potentiellement préjudiciables sur la paix et la stabilité dans la région. » Et de citer l’appel inédit du pape François et du roi du Maroc sur l’importance de préserver la Ville Sainte de Jérusalem « comme patrimoine commun de l’humanité et particulièrement des fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et comme symbole de coexistence pacifique, où le respect mutuel et le dialogue peuvent être cultivés. »

Le Saint-Siège a voulu féliciter les pays qui ont accru leurs dons à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), qui, tout en soutenant la population réfugiée, en particulier les enfants, contribue également au développement régional et à la sécurité. L’agence devant faire face à de grosses difficultés financières suite à la baisse drastique du financement américain (son principal bailleur de fonds), depuis l’annonce du 16 janvier 2018.

Malgré ce point de satisfaction, le diplomate polonais s’est attardé sur la « situation humanitaire désastreuse » à Gaza qui « alimente le désespoir de la population palestinienne, parfois manipulée par des groupes extrémistes qui recourent à la violence, alors que la peur pour la sécurité israélienne augmente. » Et de s’exclamer que « trop de civils innocents, des deux côtés, ont payé le prix de l’usage aveugle de la violence et de la force. » Le diplomate du Saint-Siège ne manquant pas de relayer le message Urbi et Orbi du Pape pour Pâques exhortant les Israéliens et les Palestiniens « à soulager tant de souffrances et à poursuivre un avenir de paix et de stabilité ».

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