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Etude internationale: Israël est peu laïc

Nello Del Gatto
31 juillet 2019
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Etude internationale: Israël est peu laïc
Un juif ultra-orthodoxe sonnant le shofar au mur occidental au cœur de Jérusalem. ©Yonatan Sindel / Flash90

Un rapport du Pew Reaserch Center à Washington (États-Unis) classe Israël parmi les 20 pays les plus restrictifs au monde en termes de liberté religieuse et parmi les pays marqués par des tensions et des violences sur fond religieux.


Israël est l’un des 20 pays les plus restrictifs au monde sur le plan religieux et figure parmi les premiers au classement des tensions et des violences interreligieuses. C’est ce qu’indique un rapport publié tout récemment par le Pew Reaserch Center, un centre d’études américain basé à Washington analysant les problèmes sociaux, l’opinion publique et les tendances démographiques dans le monde entier. Ce rapport a reçu un large écho dans la presse internationale et beaucoup ont commenté les résultats, notant qu’Israël avait finalement les mêmes restrictions religieuses qu’en Iran.

L’essentiel du rapport met l’accent sur la discrimination et la persécution de groupes religieux particuliers dans différents pays. À cet égard, les juifs figurent parmi les principaux groupes ciblés dans de nombreux pays (on dit, par exemple, qu’ils sont persécutés dans 87 pays). En examinant les « restrictions gouvernementales », le document place Israël à la onzième place, juste après des pays comme l’Afghanistan, l’Iraq et le Koweït ; de plus, Israël a obtenu un score très élevé en termes d’ « hostilités sociales » (liées aux normes religieuses – ndlr), se positionnant immédiatement après des nations comme l’Inde, l’Irak et le Pakistan. Le rapport cite notamment les gouvernements qui se réfèrent aux autorités religieuses.

Cette déférence se traduit en Israël par le fait que le Grand Rabbinat fixe certains termes et règles de la vie sociale et religieuse, en établissant par exemple si un restaurant est casher ou non ; si deux personnes peuvent se marier (il n’y a pas de mariage civil, ndlr), etc. Un contrôle cependant atténué sur les mariages contractés hors du pays. Ces derniers étant généralement légalement reconnus, ce qui pousse de nombreux Israéliens (pour la plupart juifs non pratiquants) à se rendre dans les pays voisins – notamment à Chypre – afin d’obtenir plus facilement un contrat de mariage. Du reste, la plupart des juifs israéliens acceptent de bonne grâce le rôle du Grand rabbinat, notamment en ce qui concerne le statut civil, et son ingérence dans des domaines tels que la conversion, le mariage et le divorce.

Discriminatoire par la loi ?

Le pays se définit comme un Etat juif, mais également capable de reconnaître et de protéger les revendications des citoyens arabes, druzes et des autres communautés de la population non juive. Il est cependant vrai aussi que l’année dernière, la Knesset (le Parlement israélien) a approuvé la Loi sur l’État-nation du peuple juif, selon laquelle Israël est l’État national pour les juifs, les seuls ayant le droit à l’autodétermination au sein de leurs frontières (tous les autres groupes ethnico-religieux prennent ainsi le statut de citoyens de seconde classe). Les Arabes israéliens sont fréquemment marginalisés ou désavantagés.

En Israël, la composante juive est fortement divisée entre les juifs orthodoxes ou traditionalistes et d’autres moins conservateurs. Un contraste qui de fait, se révèle même dans les petites choses de la vie quotidienne. Le rapport du Pew (en appuyant sa thèse d’un Israël discriminatoire) cite des épisodes violents qui se sont produits et ont été rapportés surtout pendant le shabbat (le jour saint hebdomadaire qui va du coucher du soleil du vendredi à celui du samedi) : il n’est pas rare que les chauffeurs de taxi qui décident de rester en service soient attaqués (parfois seulement verbalement, parfois aussi par des crachats, des jets de pierres et autres) par des juifs ultra-orthodoxes, fidèles aux règles religieuses, pour lesquelles pendant le shabbat aucune voiture ne devrait être utilisée, ni aucun travail effectué.

Le rapport, tel qu’il a été rédigé, a suscité de nombreuses polémiques dans la presse locale. Des journaux comme le Jerusalem Post ont montré qu’il était complètement disproportionné de mettre côte à côte – comme pour en comparer la gravité – des épisodes tels que ceux de chauffeurs de taxi attaqués ou les meurtres commis, par exemple, par les talibans en Afghanistan. Pour de nombreux analystes locaux, cela revient à comparer sans justification un comportement inapproprié, grossier et intolérant (toujours regrettable) avec celui de meurtriers et de bourreaux, revenant à confondre un pays qui cherche simplement à respecter les principes du judaïsme avec des théocraties islamistes répressives.