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L’Etat d’Israël autorise la communauté araméenne à choisir une éducation juive ou arabe

Terrasanta.net
21 octobre 2019
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L’Etat d’Israël autorise la communauté araméenne à choisir une éducation juive ou arabe
Shadi Halul, chef du Centre du patrimoine araméen maronite, lit un livre en araméen, à Gush Halav, dans le nord d'Israël, le 9 août 2013. ©Yaakov Naumi/Flash90

La décision marque un tournant important dans la reconnaissance des droits de la minorité araméenne d'Israël. "C'est notre droit fondamental d'éduquer nos enfants selon nos croyances", affirme pour le Haaretz Shadi Halul.


La Cour suprême d’Israël a récemment statué sur le cas de la minorité araméenne d’Israël, relève le Haaretz dans son édition du 17 octobre, et l’a autorisé à choisir entre les systèmes éducatifs juif ou arabe.

La Cour a également annoncé que chaque conseil régional aura désormais pour obligation de fournir aux familles araméennes un moyen de transport, si l’école choisie se situe loin du domicile familial. Une nouvelle accueillie à bras ouverts par la communauté araméenne, dont une partie des membres cherche depuis quelques années à s’affranchir de son qualificatif « arabe ».

Le jugement, rendu en septembre, fait suite au recours administratif déposé par l’activiste araméen Shadi Halul, originaire du village de Jish, en Galilée (nord d’Israël). M. Halul et sa femme scolarisent en effet leurs deux enfants dans l’école israélienne du kibboutz Sasa, en Galilée. Un choix qui n’est pas du goût du conseil régional de Jish, qui refusait jusqu’ici de  payer le transport des enfants jusqu’à l’école juive. Le Conseil, comme beaucoup d’autres dans le pays, argue que les enfants araméens peuvent tout aussi bien fréquenter l’école arabe de leur village.

Selon le Haaretz, M. Halul avait affirmé de son côté que l’école de Jish ne convenait pas à son fils car elle n’encourageait pas activement le service militaire israélien et ne favorisait pas non plus l’identification aux valeurs de l’État d’Israël. La décision d’inscrire son fils à l’école arabe lui imposerait une identité nationale arabe, qu’il rejette, comme nombre d’autres Araméens aujourd’hui. Le ministère de l’Éducation s’était finalement joint à l’avis de Halul, en ajoutant qu’un étudiant araméen devrait être autorisé à décider quelle école lui convient le mieux.

Aujourd’hui, une génération de jeunes chrétiens en possession d’un passeport israélien voit son avenir dans l’État d’Israël et cherche une intégration complète. Le qualificatif de “chrétien arabe” est ainsi délibérément évité, voire rejeté par certains jeunes.

Une identité araméenne en question

Jusqu’en 2014, la communauté araméenne était considérée par l’Etat comme des « Arabes chrétiens ». L’Etat d’Israël a officiellement reconnu les Araméens comme une identité à part entière suite à la pression d’activistes, dont faisait déjà partie Shadi Halul. « Nous sommes araméens, nous sommes chrétiens israéliens, nous ne pouvons pas nous laisser imposer l’arabisation”, avait-il affirmé lors d’un Forum chrétien.

L’identité de la communauté araméenne et ses liens avec Israël n’en reste pas moins un sujet de vif débat au sein des Eglises officielles et de nombreux chrétiens de Terre Sainte. En 2014, ces derniers avaient accusé l’Etat d’Israël de vouloir semer la zizanie dans la population palestinienne et de diviser les chrétiens et les musulmans d’Israël.

L’arrêt de la Cour suprême marque ainsi un tournant important dans la reconnaissance des droits de la minorité araméenne. « Je ne veux pas que mes enfants fréquentent une école qui les éduque au séparatisme de l’État d’Israël « , conclut Shadi Halul pour le Haaretz. « C’est notre droit fondamental d’éduquer nos enfants selon nos croyances. »

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