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Inquiète, la Coordination Terre Sainte lance trois appels

Christophe Lafontaine
21 janvier 2021
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Inquiète, la Coordination Terre Sainte lance trois appels

Pandémie et « absence de progrès politique » ont poussé la 21e Coordination Terre Sainte, réunie en distanciel cette année, à interpeler la communauté internationale, leurs fidèles et leurs gouvernants respectifs.


« Le moment est venu pour nous tous de renforcer notre expression de solidarité avec le peuple de la Terre Sainte », énonce le communiqué final de le Coordination Terre Sainte 2021, publié aujourd’hui. « Non comme un sentiment vague – est-il ajouté – mais comme une ̎détermination ferme et persévérante à s’engager pour le bien commun ̎ ». Reprenant ces derniers mots du pape François prononcés pour la Journée mondiale de la paix 2021, les 15 évêques de la Coordination, venant de trois continents différents et représentant 11 Conférences épiscopales d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Afrique du Sud, concluent une semaine de rencontres en visioconférence sur Zoom à l’aune de la pandémie de coronavirus et de ses conséquences sur le quotidien des chrétiens locaux. Laissant clairement apparaître selon eux qu’il y a aujourd’hui « moins de raisons d’être optimiste qu’à tout autre moment de l’histoire récente ».

Les enjeux de la vaccination au-delà des murs

Empêchés cette année de se rendre physiquement sur le terrain en raison de la pandémie et d’effectuer leur visite de solidarité aux chrétiens locaux, les évêques de la Coordination ont décidé de lancer plusieurs appels après avoir écouté des « témoignages » des chrétiens de Cisjordanie, de Gaza et d’Israël leur parlant de « leur mission » et de « leur résilience » et ce « dans ces circonstances sans précédent ».

Un premier appel est adressé à la communauté internationale invitée à exhorter Israël « à assumer sa responsabilité morale, juridique et humanitaire de rendre les vaccins Covid-19 accessibles aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, et encourager la coopération de l’Autorité palestinienne ». Dans le sillage, là encore, du pape François qui déclarait dans son message de Noël dernier que « face à un défi qui ne connaît pas de frontières, nous ne pouvons pas ériger de murs ».

L’attente « impatiente » du retour des pèlerinages

Un deuxième appel est lancé aux fidèles des pays d’où sont originaires les évêques de la Coordination Terre Sainte : Afrique du Sud, Allemagne, Angleterre et Pays de Galle, Canada, Ecosse, Espagne, Etats-Unis, France, Irlande, et Suisse. Conscients que nombre de leurs propres pays « continuent de faire face à de graves difficultés au milieu de la pandémie », ils n’hésitent pas cependant à encourager leurs communautés « à apporter toute l’aide possible et à tenir dans [leurs] prières tous les peuples de la région », disent-ils. En attendant « avec impatience » la reprise des pèlerinages. Et en ne manquant pas de crier haut et fort que « l’absence de pèlerins internationaux a exacerbé les difficultés économiques généralisées, augmenté les niveaux de chômage et poussé beaucoup plus de familles dans la pauvreté ».

De fait, de nombreux chrétiens locaux vivent du tourisme et des pèlerinages, à travers les secteurs de l’hôtellerie-restauration, des magasins de souvenirs et d’artisanat, des agences de pèlerinages et des métiers du guidage, qui sont les plus touchés par les restrictions sanitaires. Généralement, par péréquation, les recettes participent aussi à la vie de l’écosystème des œuvres socio-éducatives des institutions caritatives chrétiennes.

« Les défis de la covid-19 (…) sont aggravés par le conflit »

Enfin et troisièmement, les évêques de la Coordination Terre Sainte se tournent vers les gouvernements et dirigeants politiques de leurs propres pays. Et les enjoignent de « renouveler de toute urgence leur participation active à la recherche d’une paix juste, soutenant le dialogue entre toutes les parties, en respectant le droit international et en réaffirmant la pluralité de Jérusalem, compte tenu de sa signification unique pour les juifs, les chrétiens et les musulmans ».

Pour eux non seulement, « les défis sanitaires de la Covid-19, ressentis par le monde entier, sont aggravés par le conflit, l’occupation et le blocus ». Mais aussi : « l’absence de progrès politique, ainsi que l’expansion implacable des colonies illégales et l’impact de la loi israélienne sur l’Etat-nation, continue de saper toute perspective de solution pacifique à deux Etats ». Cette loi de juillet 2018 définit l’Etat d’Israël comme l’Etat-Nation des juifs, exacerbant le climat de division. Le Patriarcat latin de Jérusalem, avait qualifié cette loi de « source de grande inquiétude » puisqu’elle « néglige de garantir constitutionnellement les droits des populations locales et des autres minorités qui vivent dans le pays ».

A noter que le communiqué des évêques ne fait pas référence aux récents accords d’Abraham, qui normalisent les relations entre Israël et les Emirats arabes unis, et le Bahreïn, suivis en octobre 2020 de l’annonce par Donald Trump d’un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Soudan puis en décembre de l’annonce d’un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc.

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