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Sur la trace des Templiers à Saint-Jean-d’Acre

Aristide Malnati et Virginia Reniero
17 juin 2021
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Sur la trace des Templiers à Saint-Jean-d’Acre
Un tunnel dans la forteresse des Templiers à Acre ©Shutterstock.com

De nouvelles recherches scientifiques sont en cours dans l'ancienne forteresse des Templiers à Saint-Jean-d’Acre, grâce à l’utilisation de technologies avancées. L'expédition, financée par le National Geographic, est dirigée par Albert Lin.


Les Templiers font à nouveau rêver les chercheurs et les amateurs d’histoire sainte. Et ce, grâce à une découverte qui promet d’être d’un grand intérêt. À Acre, ville située sur les rives de la Méditerranée au nord d’Israël, une équipe d’archéologues du National Geographic, dirigée par l’Américain Albert Lin – explorateur et expert des civilisations orientales anciennes – fouille depuis plusieurs mois la forteresse de ces anciens chevaliers et ses environs.

Les premiers résultats, déjà annoncés par les photos infrarouges qui ont convaincu le National Geographic d’entamer les recherches sur le terrain, sont pertinents : un réseau de tunnels complexes et de galeries souterraines plus larges ont émergé et relient l’intérieur du château aux quais de l’ancien port. À l’intérieur, les traces d’une utilisation répétée ne laissent aucun doute : là, dans ce labyrinthe de tunnels souvent exigus, pendant les 100 ans de présence des Templiers (1191-1291), il y a eu un passage continu d’hommes avec de grandes armures et parfois de lourdes charges.

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« Nous sommes en présence des passages par lesquels les Templiers amenaient les hommes au port en toute sécurité, et surtout les marchandises de toutes sortes pour les embarquer sur des navires rapides, prêts à partir, peut-être vers Chypre, bastion chrétien non miné par les troupes sarrasines », souligne Lin.

La tour du trésor

Mais il y a autre chose qui passionne les historiens. Au cours de leur exploration souterraine de l’édifice massif des templiers, les archéologues ont identifié la base d’un grand poste de garde attaché à une tour, dont la partie inférieure est également conservée. Lin et ses collègues ont émis une hypothèse fascinante : il s’agirait de la fameuse tour du Trésor, mentionnée dans les sources et les chroniques de l’époque et dans laquelle les chevaliers de l’ordre auraient accumulé une grande quantité de biens matériels.

Un trésor fait d’argent et d’objets précieux, résultat de plus de 100 ans de prêts à fort taux d’intérêt accordés par les Templiers (qui furent donc les premiers banquiers de l’histoire) aux soldats, aux citoyens ordinaires, mais aussi aux nobles des grandes cours européennes, engagés dans les croisades. Et, plus extraordinaire encore, selon une légende qui circulait déjà à cette époque, ce fabuleux trésor contiendrait également tous les objets sacrés du Temple de Jérusalem, dont les Templiers furent les défenseurs avant de s’installer à Acre (de 1107 à 1191).

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Lorsque l’Ordre, en raison de son pouvoir économique croissant capable de déterminer le sort des principales familles d’Europe, fut dissous avec une violence inouïe par le roi français Philippe le Bel (1312), les traces du trésor furent perdues et les gens commencèrent à fantasmer à son sujet, imaginant une série de complots et de pouvoirs subversifs. Selon certains, il aurait été enterré en France : les historiens se réfèrent aux minutes des procès des quelques Templiers survivants, qui indiquent que le fabuleux butin, apporté en France, aurait été chargé en grand secret sur trois chariots et 18 navires, et enterré dans une forteresse imprenable.

Eh bien – précisent les historiens – il s’agirait d’indications allusives : la forteresse des trois chariots se trouverait dans un lieu précis, à Gisors, en Normandie, où elle aurait été érigée selon trois points de la « constellation du chariot », dite « Grande Ourse ». Il va sans dire que les recherches au château de Gisors se sont toujours avérées infructueuses. Aucune trace du trésor des Templiers. Pour Lin et ses collègues, cependant, il n’y aurait aucun doute : une partie du trésor serait cachée dans une pièce restée secrète jusqu’à présent, de la forteresse d’Acre, où les Templiers ont fui pour être finalement vaincus par le sultan mamelouk al Ashraf Khalil en 1291.