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Ramat Ha-Sharon, les traces d’une histoire vieille de 1500 ans

Cécile Lemoine
18 août 2021
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Ramat Ha-Sharon, les traces d’une histoire vieille de 1500 ans
Vue aérienne du pressoir découvert sur le site de fouille de Ramat Hasharon ©Assaf Peretz/AAI

Des fouilles dans une ville fondée il y a 100 ans au nord de Tel-Aviv ont révélé des preuves d'une activité agricole et industrielle datant de l'époque byzantine.


Cherchez et vous trouverez. Comme partout en Terre sainte, dès que l’on fouille, le passé ressurgit. Et parfois de très loin. Dernier exemple en date : la ville de Ramat Ha-Sharon, dans la banlieue nord de Tel-Aviv. Fondée en 1923 par des immigrants venus de Pologne, elle vient de révéler un passé millénaire.

Des traces de vie agricole et industrielle datant des VIe et VIIe siècles après J.-C ont été mises au jour lors de fouilles réalisées par l’Autorité israélienne des antiquités (AIA) en prévision de la construction d’un nouveau quartier, a annoncé l’institution dans un communiqué.

À l’époque byzantine, Ramat Ha-Sharon était ainsi doté de belles infrastructures agricoles. En témoignent la découverte d’un grand pressoir à vin pavé d’une mosaïque, ainsi que les fondations d’une grande structure. « Elle a pu être utilisée comme entrepôt ou même comme ferme », explique le Dr Yoav Arbel, directeur des fouilles pour le compte de l’AIA.

Jarres de stockage et lampes à huile exposées à Ramat Hasharon. ©Assaf Peretz/AAI

Travail des champs

Une hypothèse qu’il appuie sur la mise au jour de nombreux fragments de jarres de stockage et de pots de cuisson. « Ils étaient manifestement utilisés par les ouvriers travaillant dans les champs ici, précise l’expert. Nous avons également retrouvé des mortiers et des meules en pierre qui servaient à moudre le blé et l’orge et probablement aussi à écraser les herbes et les plantes médicinales. » La plupart des outils en pierre sont faits de basalte provenant des hauteurs du Golan et de la Galilée.

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La localité a aussi abrité, après la conquête musulmane, au VIIe siècle, un atelier de fabrication de verre, deux grands fours de cuisson et quelques maisons. « À cette époque, les gens ne travaillaient pas seulement sur le site, mais y vivaient aussi », indique Yoav Arbel. D’après l’assemblage des découvertes, le site a continué à être habité jusqu’au XIe siècle de notre ère.

D’autres trouvailles sont plus rares et inattendues, comme celle de cette pièce d’or frappée en 638 ou 639 de notre ère par l’empereur byzantin Héraclius.

Preuve du déclin de l’empire byzantin

Il y est représenté sur l’avers, en compagnie de ses deux fils. Sur le revers, on discerne une croix, fichée sur une colline : celle du Golgotha où la tradition chrétienne fixe la crucifixion de Jésus. Un détail intéresse particulièrement les chercheurs, celui de l’ajout d’une inscription grecque, voire arabe. « Probablement le nom du propriétaire de la pièce, qui l’a « marquée » comme un bien de grande valeur », interprète Robert Kool, chef du département de numismatique de l’AIA.

Cette pièce renferme, selon lui, des donnes fascinantes : « Elle est une preuve du déclin de la domination byzantine dans le pays, de l’invasion perse, et de l’émergence d’une nouvelle religion, l’Islam. Elle fournit aussi des informations sur le symbolisme chrétien de l’époque », s’enthousiasme le chercheur.

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Autre découverte inhabituelle : une chaîne en bronze qui servait à suspendre un lustre contenant des porte-lampes en verre. On trouve généralement des lustres de ce type dans les églises.

Chaîne en bronze utilisée pour suspendre un lustre. ©Yoli Schwartz/AAI

Ces trouvailles ravissent le maire de Ramat Ha-Sharon, qui compte les intégrer dans le quartier en construction. « Je veux que tous nos résidents prennent plaisir à découvrir la vie dans l’Antiquité et au Moyen Âge, a-t-il déclaré dans le communiqué de l’AIA. Alors que nous planifions des événements liés au patrimoine pour le centenaire à venir, cela ouvre une toute nouvelle perspective sur la façon dont les gens vivaient autrefois dans cette partie du pays ».

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