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Jordanie : Madaba nommée capitale du tourisme arabe pour 2022

Christophe Lafontaine
14 septembre 2021
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Jordanie : Madaba nommée capitale du tourisme arabe pour 2022
L’église Saint-Georges à Madaba conserve au sol « La carte de Madaba » réalisée à la fin du VIe siècle ap.J.-C. qui représente de manière détaillée la Terre Sainte et Jérusalem © Mustafa Waad Saeed / Wikimedia Commons

C’est une nomination bienvenue pour relancer le tourisme culturel et religieux de la « ville des mosaïques » en Jordanie. L'Organisation arabe du tourisme a désigné Madaba capitale arabe du tourisme pour l'année 2022.


En Jordanie, le ministre du Tourisme et des Antiquités Nayef Fayez est à la joie. Réputée pour son patrimoine culturel, religieux, ses mosaïques et son artisanat, Madaba, située à environ 30 km au sud-ouest d’Amman, a gagné le titre de capitale du tourisme arabe pour l’année 2022. Et ce, après avoir rempli les critères stipulés par l’Organisation arabe du tourisme, a annoncé lundi le ministère du Tourisme jordanien.

L’agence de presse jordanienne Petra a rapporté que l’Organisation arabe du tourisme avait à ce titre déclaré que « les critères de sélection parmi les villes arabes candidates étaient axés sur la gestion, les infrastructures et les ressources touristiques de chaque ville, la diversité des modèles et des activités touristiques, la préservation et la protection de l’environnement, ainsi que la sûreté et la sécurité de la ville ».

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L’organisation dont le siège est à Djeddah en Arabie Saoudite fait partie du Conseil ministériel arabe sur le tourisme de la Ligue arabe, qui rassemble 22 pays membres. L’organisation se présente sur sa page LinkedIn comme la « principale organisation arabe dans le domaine du tourisme qui promeut le tourisme en tant que principale source de croissance économique, de développement inclusif et de durabilité environnementale ».

Pour mettre en évidence le caractère unique, les coutumes et les traditions de chaque ville, l’organisation travaille aux côtés des ministères et des autorités arabes du tourisme des différents pays et les aide à professionnaliser ce secteur par sa connaissance du marché, par la fourniture d’outils touristiques, par l’éducation et la formation touristiques, avec la vocation de créer des partenariats interarabes dans le secteur.

Détail de la « carte de Madaba » représentant la vieille ville de Jérusalem. La ville jordanienne est spécialisée dans la mosaïque ©Tom Neys/Wikicommons

Pour avoir un ordre d’idée, fin 2019, soit quelques mois avant la pandémie de Covid-19, la contribution du tourisme au PNB des pays arabes était de l’ordre de seulement 3% contre 10% dans les autres régions du monde, d’après le président du Conseil d’administration de l’instance publique du Tourisme et du patrimoine en Arabie saoudite, Ahmed ben Aqil Al-Khatib.

La « capitale arabe des mosaïques »

Dans sa déclaration publiée lundi, le ministre jordanien du Tourisme et des Antiquités a déclaré que la nomination de Madaba comme capitale arabe du tourisme pour 2022 « stimulerait le mouvement touristique dans la ville, en particulier, et en Jordanie, en général ». Le ministre a ajouté croire que cette désignation attirerait des « projets d’investissement pionniers » dans divers domaines comme les ressources naturelles, culturelles et religieuses, en vue de générer des emplois.

Madaba, où un tiers des habitants est de confession chrétienne, est connue pour son hospitalité. Les rues du centre égrènent de nombreux magasins d’artisanat (mosaïque et broderie notamment) au milieu d’églises et de mosquées. La ville est mondialement célèbre pour son art de la mosaïque. D’ailleurs, une école – The Madaba insititute for mosaic art and restoration – a été fondée en 1992 avec la participation de l’Institut de Ravenne (Italie) pour former des artisans capables de créer des mosaïques et d’en restaurer d’anciennes découvertes en Jordanie. L’établissement est géré par le ministère du Tourisme, ce qui en fait le seul projet de ce type dans tout le Moyen-Orient. Les ateliers se visitent.

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De nombreuses églises principalement orthodoxes dont un certain nombre ont été érigées sur les vestiges d’églises byzantines, abritent des trésors de tesselles. La plus emblématique date de la fin du VIe siècle. Connue sous le nom de « Carte de Madaba », elle est la plus ancienne représentation cartographique qui nous soit parvenue fidèlement de la Terre Sainte et notamment de Jérusalem, et de la Décapole. Mesurant 15,75 m de long et 5,60 m de large, elle aurait mesuré, à l’époque, 94 m². Elle se trouve dans l’église orthodoxe Saint-Georges.

La plus grande concentration de mosaïques se trouve dans la partie nord de la ville. Pendant la période byzantine-omeyyade, cette zone était traversée par le Cardo Maximus, une voie romaine à colonnades. Il existe de nombreuses mosaïques datées entre les Ve et VIIe siècles que l’on peut retrouver dans les églises de la Vierge, des martyrs, de Saint Jean-Baptiste, et des Apôtres. En outre, le parc archéologique de Madaba conserve un fragment de mosaïque du Ier siècle av. J.-C., le plus ancien du pays, qui provient de la forteresse d’Hérode à Machéronte.

Enfin, un nouveau musée, le musée archéologique régional de Madaba (MRAMP) doit bientôt voir le jour dans la ville.

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