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Tensions en Israël : les Gazaouis interdits de venir y travailler

Christophe Lafontaine
25 avril 2022
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Tensions en Israël : les Gazaouis interdits de venir y travailler
Des travailleurs palestiniens attendent au point de passage d'Erez à Beit Hanun, dans le nord de la bande de Gaza, en attendant d'entrer en Israël pour travailler, le 13 mars 2022. © Attia Muhammed/Flash90

Israël a fermé le 24 avril jusqu’à nouvel ordre le poste-frontière d’Erez, empêchant les Gazaouis de travailler sur son sol. Une mesure prise après le tir de roquettes depuis l’enclave. Vingt mille Gazouis seraient concernés.


Israël contrôle toutes les entrées et sorties de la bande de Gaza, aussi bien celles des biens que des personnes. A l’exception toutefois du point de passage de Rafah entre le sud de l’enclave palestinienne de 2,3 millions d’habitants et l’Egypte. Le poste-frontière d’Erez qui se trouve dans le nord de la Bande est le seul point de passage en Israël depuis la bande de Gaza pour les travailleurs gazaouis.

« A la suite de tirs de roquettes (vendredi) [ndlr : 22 avril], les commerçants et travailleurs de Gaza ne seront pas autorisés à traverser le passage d’Erez dimanche [ndlr : 24 avril] », a annoncé dans un communiqué le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires (COGAT), l’organe militaire israélien qui supervise les activités civiles dans les territoires palestiniens. « La décision de rouvrir le passage sera prise après une évaluation de la situation sécuritaire », a ajouté le communiqué. De fait, la mesure provisoire a été rallongée, sur décision du ministre de la Défense Benny Gantz, pour une deuxième journée après une réunion sur la situation, a fait savoir le journal Haaretz.

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Vendredi 22 avril au soir et samedi 23 avril, trois roquettes ont été lancées par des organisations terroristes depuis Gaza, contrôlée par le Hamas, vers le sud d’Israël sans faire de victime. Depuis lundi dernier, plusieurs roquettes ont été tirées mais elles n’ont pas fait de victimes et la plupart ont été interceptées par le bouclier antimissile israélien. Ces tirs interviennent après que ce dernier mois a été marqué par une série d’attentats en Israël, par des arrestations musclées de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée et des heurts sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem en plein mois sacré musulman du ramadan qui prend fin dans une semaine et qui coïncidait avec Pessah, la Pâque juive, et les fêtes de Pâques pour les chrétiens.

Hier, le chef de la diplomatie israélienne YaïrLapid a déclaré à la presse étrangère que seuls les musulmans pouvaient prier sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem et que le statu quo ne changerait pas. L’esplanade est le troisième lieu saint de l’islam qui est considérée comme le premier lieu saint du judaïsme, le Mont du Temple. Les troubles ont suscité et continuent de susciter des craintes internationales d’un conflit plus large. Les tirs de roquettes des derniers jours sont les plus importants depuis la guerre meurtrière de 11 jours ayant opposé en mai 2021 le Hamas à l’armée israélienne.

Des sanctions économiques avant l’option militaire

La décision d’Israël de fermer Erez va affecter des milliers de Palestiniens de l’enclave pauvre soumise à un blocus israélien, comme égyptien, depuis plus de 15 ans, avec une économie exsangue et un taux de chômage tournant autour de 50% selon un récent rapport de la Banque mondiale. Ce sont, chaque jour,12 000 travailleurs qui empruntent le poste-frontière et sont engagés principalement dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture en Israël.

Ils perçoivent des salaires cinq fois plus élevés que ce qu’ils gagneraient à Gaza.Le passage des commerçants et travailleurs, apporte à la bande de Gaza, indique i24news, un afflux financier de plus de 5 millions de shekels par jour. Fin mars, selon les médias israéliens, Israël avait dit porter à 20 000 le nombre de permis de travail accordés à des Palestiniens de Gaza.

Cette mesure de fermer le passage d’Erez résulte du choix d’une pression économique dans un premier temps plutôt qu’une opération militaire qui interviendrait, elle, dans un deuxième temps. Une éventualité à laquelle se prépare Israël. Cependant, analyse Haaretz, « les responsables de la Défense [israéliens] estiment qu’à ce stade, alors que toutes les parties tentent d’éviter une escalade, une pression de la société civile sur le Hamas sera plus efficace que des frappes, compte tenu de la contribution significative que représentent les salaires des Gazaouis travaillant en Israël pour l’économie de la bande ».

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L’organisation israélo-palestinienne Combattants pour la paix, toujours selon Haaretz, déplore que les autorités israéliennes aient choisi de « pénaliser financièrement des civils innocents ». Al Jazeera a rapporté que le syndicat des travailleurs de Gaza avait qualifié la fermeture de « punition collective » et dit sa colèreface au moment choisi, peu de temps avant la fête de l’Aïd al-Fitr qui marque la rupture du jeûne du ramadan, affectant ainsi les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Selon Haaretz, les responsables des Forces de défense israéliennes ont déclaré qu’ils souhaitaient autoriser les Gazaouis à entrer en Israël pour travailler dès que possible. Un haut responsable qui s’est entretenu avec le journal a affirmé que l’entrée de travailleurs en Israël était devenue le facteur de stabilisation le plus important dans la bande de Gaza.

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