Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La soif de Jérusalem

Rédaction
29 mai 2011
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

Mettez deux atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène dans un verre à essai, avec des pincettes, ajoutez la ville de Jérusalem, une bonne dose d’amour, n’hésitez pas sur les compétences, remuez vigoureusement. Vous obtiendrez 664 pages, dont plusieurs dizaines de notes, d’annexes, de sources, de bibliographie.


Mettez deux atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène dans un verre à essai, avec des pincettes, ajoutez la ville de Jérusalem, une bonne dose d’amour, n’hésitez pas sur les compétences, remuez vigoureusement. Vous obtiendrez 664 pages, dont plusieurs dizaines de notes, d’annexes, de sources, de bibliographie. La soif de Jérusalem est un livre d’érudition, le fruit d’une thèse d’histoire et pourtant tout amoureux de Jérusalem le lira presque comme un roman. Non seulement parce que l’intrigue est passionnante, les personnages bien campés et l’écriture aisée mais aussi parce qu’il est bien rythmé.
Tour à tour l’auteur nous fait suivre et parfois entrer dans la peau des personnages, juifs, palestiniens, archéologues, pèlerins ou ingénieurs. On croit les voir se pencher sur la piscine probatique, longer les bassins d’Ortas, goûter les eaux de la piscine du patriarche. Nouveaux Sherlock Holmes, avec l’auteur on se demande si l’acide utilisé par des Allemands n’a pas corrompu les lettres sur telle antique inscription de la piscine de Siloé, modifiant le sens d’un texte. Ingénieurs ou météorologues vous étudierez les statistiques de pluviométrie de la Ville Sainte.
On écarquille les yeux à voir juifs, chrétiens et musulmans prier ensemble, rendre grâce pour l’eau potable et courante. On les verra travailler ensemble à développer Jérusalem, à penser ses infrastructures hydrauliques jusqu’à ce que… jusqu’à ce que l’histoire de la ville tourne tristement en eau de boudins.
La guerre de l’eau aura bien lieu, sabotage, privatisation, spoliation, privation, arme de guerre.
Mais avant d’en arriver à cette situation vous aurez vu renaître et grandir la ville de Jérusalem, vous aurez été témoins de sa vitalité, de ses traditions, bel et bien de son histoire.
Une histoire contemporaine et pourtant méconnue, celle d’avant sa partition, sa division, quand Jérusalem comme elle le fut pendant des siècles était capable d’unir et de réunir.

En fait de soif, ce livre est un bain de jouvence pour traverser Jérusalem, visiter ses environs avec un œil neuf. Vous ne passerez plus devant ses fontaines en les ignorant, vous découvrirez qu’au sud de Bethléem coule la vie de Jérusalem, vous finirez par aimer ses pluies d’hiver au moins pour avoir la joie de les fêter avec ses habitants.
Jérusalem, l’écolo avant l’heure, qui savait distinguer l’eau pour l’hygiène, de l’eau pour cuisiner ; l’eau pour boire, de l’eau pour se laver.

Il y avait une eau pour tout, comme il y a un temps pour tout. Mais il va falloir trouver le temps de lire La soif de Jérusalem, le temps de se laisser bouleverser par cette ville qui vous livre de nouveaux secrets. Jérusalem au carrefour de deux siècles. Jérusalem que l’on voudrait voir revivre ces heures de l’innocence et du bonheur de découvrir et d’inventer ensemble pour le bien de tous.


Vincent Lemire,
La soif de Jérusalem,
Publications de la Sorbonne, 2011
664 pages
Prix recommandé
45, euros

Dernière mise à jour: 30/12/2023 00:10