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Législatives israéliennes : entre coalitions et frictions

Cyrille David
9 janvier 2013
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Législatives israéliennes : entre coalitions et frictions
la campagne législative s'affiche déjà dans les rues en Israël. Photo Tsafrir Abayov/Flash90

Le 22 janvier prochain,  se tiendront les élections législatives israéliennes. Ces élections sont générales, nationales, directes, à bulletin secret et au scrutin proportionnel. De nombreux partis (35) présentent leurs listes de candidats. Mais certains des candidats déjà en vue surprennent en changeant de partis. Tandis que de nouvelles personnalités font leur apparition dans la sphère politique.


(Jérusalem/c.d.) – La campagne électorale officielle israélienne a été officiellement lancée hier soir, mardi 8 janvier. Les Israéliens vont pouvoir découvrir les spots de campagne des candidats sur leur écran de télévision. Dans 15 jours, le 22 janvier, ils éliront pour quatre ans leurs candidats à la Knesset. Très politisée, la société israélienne suit de près ces élections, les seules élections nationales. Elles se déroulent alors que le climat régional demeure instable.

Benjamin Netanyahu est donné favori au poste de premier ministre. Mais les intentions de votes pour son parti connaissent un ralentissement. Un mauvais score pourrait accroitre sa dépendance vis-à-vis des petits partis avec lesequels il devrait alors faire alliance. La coalition « Likoud/Israël Beiteinou » compte aujourd’hui 42 députés à la Knesset. Son conseiller stratégique – qui mène une deuxième campagne cette année après celle de Mitt Romney face à Obama – tablait sur 45 députés. Or, le dernier sondage publié aujourd’hui crédite la liste de coalition de 34 sièges.

Bibi avait lancé sa campagne sûr d’avoir une longueur d’avance. Le 25 décembre, à Jérusalem, il avait esquissé quelques pas de danse en compagnie de la star israélo-tunisienne, Sarit Hadad. Elle avait chanté pour l’occasion son tube « Tu es un canon, tu es le meilleur ». Quelques jours plus tard, le 30 décembre, un meeting du Likoud (Consolidation) en présence du premier ministre et de quatre de ses ministres avait été écourté. Seules quelques centaines de personnes y avaient pris part alors que des milliers de sympathisants étaient attendus. Dans la foulée, la liste donnée favorite a revu sa communication. Les dirigeants du Likoud avertissent leurs militants : des votes dispersés à droite et à l’extrême droite pourraient mener le centre-gauche au pouvoir.

Une partie de l’électorat du Likoud rechigne à faire alliance avec le parti Israël Beiteinou (Israël notre maison) nationaliste mais conçu pour capter un électorat russophone et laïc. D’autant plus depuis qu’Avigdor Liebermann, son leader, a du se retirer après son assignation en justice pour fraude et abus de confiance le 14 décembre dernier.

C’est cette partie de l’électorat du Likoud, plutôt religieuse, que séduit la liste de Naftali Bennett. Ancien du Likoud et ancien chef de cabinet de Netanyahu, millionnaire, souriant, il prit en 2012 la tête du parti Habayit Hayehudi (Foyer Juif), proche des colons. Il est à la tête de la troisième liste dans les sondages (13 sièges contre 7 jusqu’à présent). Il déclare : « Il faut établir une vie nationale juive [en Israël] et donner à ce pays un caractère juif ». Il appelle aussi les militaires israéliens à désobéir à d’éventuels ordres d’évacuation de colonies. Il tire son épingle du jeu en ajoutant au nationalisme d’un Liebermann une note de religion. Un cocktail explosif mais qui le porte à la troisième place dans les sondages. Derrière le parti travailliste.

A l’instar de la dirigeante de Kadima (En avant) Tzipi Livni en 2009, Shelly Yachimovich dirigeante du Parti travailliste a annoncé qu’elle ne formera pas de coalition avec Netanyahu. Selon Guysen, un site franco israélien, elle affirmait: «Compte tenu de la radicalisation évidente des positions tenues par le Likoud/Israël Beiteinou sur toutes les questions d’importance nationale, y compris économiques, sociales, touchant à la politique de l’État, à la défense, à l’Etat de droit et à la Démocratie, le Parti travailliste reste la seule alternative de l’actuel gouvernement et ne se joindra donc pas à la coalition de Netanyahou. » Elle préfère mener l’opposition. Son parti est crédité de 18 sièges aux prochaines élections (13 aujourd’hui). Il serait la deuxième formation politique.

Le dernier sondage ne prévoit pas le moindre siège pour Kadima, le parti de centre-droit fondé par Ariel Sharon. Livni qui s’était retirée de la politique suite à son éviction de la tête de Kadima revient pourtant sur la scène politique. Elle a créé pour ces élections une nouvelle formation : Hatnuah (Mouvement) créditée de 11 sièges. Une partie des voix de Kadima se reporteraient par ailleurs sur le Parti travailliste (centre-gauche). Une autre partie de l’électorat se tournerait vers le parti du troisième homme du centre israélien, Yaïr Lapid. Créé en avril 2012, le parti Yesh Atid (Il y a un futur) mise sur la popularité de l’ancien présentateur du journal télévisé israélien pour faire valoir des idées centristes : le service militaire pour tous, une solution avec les Palestiniens sur la base de deux États tout en conservant les colonies les plus grandes, etc.

Reste en suspend la question d’une alliance au centre et à gauche entre les trois candidats : Yachimovich, Livni et Lapid. Livni a réitéré aujourd’hui sa proposition d’une union au centre et à gauche pour prendre la place de la coalition de droite et d’extrême droite, ou au moins pour remplacer l’extrême droite dans une alliance avec la droite. Yachimovich et Lapid ont répliqué dans un communiqué : « Nous ne sommes que décoration dans le baratin calculé de Livni qui ne comporte pas une once de vérité». Ladite coalition semble donc compromise.

Les partis arabes et d’extrême gauche, assurés de ne pas participer à un gouvernement restent en marge des débats. Les derniers sondages leurs accordent 14 sièges, comme en 2009.