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Nord de la Syrie : des sites religieux attaqués

Terrasanta.net
28 janvier 2013
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Des lieux saints dans le nord de la Syrie sont délibérément attaqués et détruits par des groupes de l’opposition armée, a déclaré un dirigeant d’une organisation de défense des droits de l’homme. Une enquête, menée par Human Rights Watch, a révélé que les milices rebelles semblent avoir délibérément détruit des sites religieux dans les lieux mixtes du nord de la Syrie en novembre et décembre 2012.


(Milan/e.p.) – Des lieux saints dans le nord de la Syrie sont délibérément attaqués et détruits par des groupes de l’opposition armée, a déclaré un dirigeant d’une organisation de défense des droits de l’homme

Une enquête, menée par Human Rights Watch et publiée le 23 janvier, a révélé que les milices rebelles semblent avoir délibérément détruit des sites religieux dans les lieux mixtes du nord de la Syrie en novembre et décembre 2012. Elle rapporte que les groupes d’opposition ont pillé deux églises chrétiennes dans le gouvernorat de Lattaquié et détruit un lieu de culte chiite dans le gouvernorat d’Idlib.

Dans les trois cas, Human Rights Watch estime que les attaques ont eu lieu après que la région est tombée sous le contrôle de l’opposition et que les forces gouvernementales ont quitté la région.

« Alors que certains dirigeants de l’opposition se sont engagés à protéger tous les Syriens, en réalité, l’opposition n’a pas réussi à répondre correctement aux attaques injustifiées contre des lieux de culte des minorités », selon Human Rights Watch. « L’opposition a également échoué à empêcher les hommes armés de se livrer à des pillages et à d’autres activités criminelles, comme les enlèvements. »

L’organisation de défense des droits de l’homme a exhorté les groupes de l’opposition armée à protéger tous les sites religieux dans les zones sous leur contrôle et à punir leurs membres qui se livrent au pillage ou aux enlèvements.
«La destruction de sites religieux favorise le développement des craintes sectaires et aggrave des tragédies du pays, avec des dizaines de milliers de morts », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient. « La Syrie va perdre sa riche diversité culturelle et religieuse si les groupes armés ne respectent pas les lieux de culte. Les dirigeants des deux parties doivent envoyer un message annonçant que ceux qui attaquent ces sites seront tenus pour responsables. »

En vertu du droit international humanitaire, les différents adversaires prenant part à un conflit armé ont le devoir de ne pas attaquer délibérément des édifices religieux qui ne sont pas utilisés à des fins militaires. Les attaques délibérées contre des sites religieux, qui ne font pas partie d’objectifs militaires, sont des crimes de guerre.
Human Rights Watch a mené une enquête de quatre jours dans les campagnes de Lattaquié et Idlib dans les zones contrôlées par l’opposition. Dans trois villages – Zarzour, Ghasaniyeh, et Jdeideh – l’ONG a trouvé des preuves d’attaques contre des sites religieux minoritaires après que les régions sont tombées sous le contrôle des groupes de l’opposition armée et les forces gouvernementales ont quitté la région.

En ce qui concerne les attaques contre les musulmans chiites, les enquêteurs de Human Rights Watch ont observé ce qui semblait être une atteinte volontaire à un lieu de culte chiite, dans le village de Zarzour le 11 décembre.
Mais un résident d’une ville, Jdeideh, a également déclaré à Human Rights Watch que les gens avaient de bonnes relations avec de nombreux combattants de l’opposition, et que les groupes armés niaient toute responsabilité pour l’attaque contre l’église de la ville.

« Même si l’attaque de l’église relève plus du cambriolage que de l’attaque religieuse, les combattants de l’opposition ont la responsabilité de protéger les sites religieux situés dans les régions qui sont sous leur contrôle contre les dommages et le vol intentionnel », avance Human Rights Watch.

Whitson a appelé l’opposition syrienne à «respecter ses allégations selon lesquelles elle ferait respecter les droits des minorités en protégeant les lieux de culte, et plus généralement à faire en sorte que des hommes armés agissent dans le respect des civils et de leurs biens . »
Des chrétiens aussi ont été la cible de certaines attaques. En octobre dernier, l’agence Fides avait fait un reportage sur l’enlèvement et l’assassinat brutal du père Fady Haddad, curé de la paroisse de Saint-Élie, une église orthodoxe de la ville de Qatana du comte de Damas. Il avait été tué en essayant de négocier une rançon pour un de ses paroissiens détenu par un groupe armé.

Les groupes rebelles ont enlevé des chrétiens et demandé des rançons exorbitantes aux membres de leur famille incapables de se conformer à ces exigences. Encore en octobre, Christian Aid Mission avait fait état du meurtre du pasteur Sami, de sa femme et de ses trois enfants commis par des militants musulmans. Ces chrétiens avaient été délibérément persécutés. On rapporte aussi que les chrétiens sont victimes de différentes attaques, comme les voitures piégées, ce qui les force à quitter la région.

Ailleurs en Syrie, reconnue comme un pays au riche patrimoine archéologique, des sites ont été la cible de violences, destructions, vols et pillages, des phénomènes en progression.

Selon le rapport de l’agence de presse France Presse d’octobre dernier, la généralisation des affrontements et l’absence de pouvoir dans certaines régions a conduit à une «explosion de pillages et les fouilles illicites. »