The Fun Theory, la théorie du plaisant – TSM 623

Tous les jours, cent fois sur le métier remettre son ouvrage. C’est le lot des journalistes. Il faut lire plusieurs heures par jour les différentes nouvelles, analyses, estimations du sujet que l’on suit. Et quand on s’intéresse au Proche-Orient, dans l’effervescence des Printemps arabes, cela fait énormément d’informations à gérer, digérer. Alors de temps en temps, on ne lit pas utile, on se distrait. C’est comme cela qu’un jour entre le nucléaire iranien, la politique du ministère du tourisme jordanien dans l’accueil des juifs qui veulent prier avec des châles de prière dans le désert sur le lieu supposé des tombes de Moïse et Aaron, entre les élections législatives israéliennes et le sort des prisonniers palestiniens j’ai découvert « The Fun Theory », la théorie du plaisant.

Le principe est simple. C’est celui de la motivation par le plaisir. En s’amusant, les gens changent plus facilement et volontairement de comportement.

Depuis 2009, une grande marque automobile allemande a remis l’idée au goût du jour et lui a consacré un site internet qui montre quatre exemples. Il y a ce radar de vitesse qui plutôt que de vous sanctionner en cas de dépassement, vous promet en cas de respect la participation à une loterie. Vous ne recevez pas de contredanse mais si vous étiez dans la limite autorisée, un numéro de participation au tirage d’une loterie. Sur ce tronçon, la moyenne de vitesse a baissé de 22 % durant l’expérience. Ou encore cette poubelle qui lorsqu’on jette un papier, siffle comme si vous aviez lancé une pierre dans un puits jusqu’au « plouf » final. Où l’on voit les gens chercher les détritus alentour pour avoir le plaisir de l’entendre à nouveau. Cette poubelle a collecté 72 kg de détritus en une journée soit 41 de plus qu’habituellement. Mon préféré va à l’escalier de métro. Pour inciter les voyageurs à l’emprunter plutôt que l’escalator à côté, chaque marche a été aménagée pour reproduire une note de la gamme, dièses et bémols compris. Où l’on voit non seulement l’escalator déserté mais les gens s’amuser en cherchant à jouer quelque chose. L’escalier en question a été utilisé 66 % de plus qu’à l’accoutumée.

C’est le genre de théorie qui me ravit. Et le type de fonctionnement qui me convient. J’aime m’amuser.

Mes préoccupations quotidiennes n’ont pas tardé à me rappeler à l’ordre. Mais il y a une idée qui me trotte dans la tête. Comment peut-on appliquer cette théorie au conflit israélo-palestinien ? Que pourrait-on inventer qui les persuade de changer radicalement ? Qu’est-ce qui pourrait mettre un peu d’humour et beaucoup d’amour dans la région ? Je ne cours pas après le Nobel, mais je cherche encore. Au cas où…

Dernière mise à jour: 13/11/2023 18:52