Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

La bénédiction blanche – TSM 624

Marie-Armelle Beaulieu
30 mars 2013
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“Jérusalem a bien des couleurs. Au lever du soleil, elle est dorée. Au coucher du soleil, elle se pare de reflets bleus. Mais quand elle est blanche, ce qui est si rare, elle est si belle, si unifiée. Quoiqu’il arrive à Jérusalem c’est une bénédiction et cette fois c’est une bénédiction blanche”.


“Jérusalem a bien des couleurs. Au lever du soleil, elle est dorée. Au coucher du soleil, elle se pare de reflets bleus. Mais quand elle est blanche, ce qui est si rare, elle est si belle, si unifiée. Quoiqu’il arrive à Jérusalem c’est une bénédiction et cette fois c’est une bénédiction blanche”. Ces mots sont ceux du Président Shimon Peres le 10 janvier alors que Jérusalem se réveillait couverte de neige.
Quelle était belle ! Entourée de ses collines, elle ressemblait à une station de moyenne montagne !
Comme les Israéliens et les Palestiniens ont en commun de ne pas savoir rouler sur la neige – le premier flocon les dissuade – la ville était extraordinairement silencieuse, délicieusement silencieuse. À chaque éclaircie, on entendait le chant de myriades d’oiseaux blottis ici et là. Le son des cloches était filtré d’ouate, plus clair, plus doux, idem pour le muezzin.
Le plus surprenant fut de nous trouver une Vieille ville quasi déserte. Les écoles fermées, on aurait pu s’attendre à voir des dizaines, des centaines d’enfants, petit-déjeuner avalé, sortir, faire des bonhommes et des batailles de boule de neige. Il leur fallut plusieurs heures pour convaincre leur mère qu’ils ne glisseraient pas, qu’ils ne se feraient pas mal, qu’ils ne prendraient pas froid, qu’ils survivraient en somme à ce phénomène météo qui paralysait tout un pays.
Dans les premières heures donc, la Vieille ville n’était parcourue que de personnes aguerries à la neige ou obligés de la braver. Expatriés, religieux étrangers en résidence ici, nos inarrêtables pèlerins slaves qui en ont vu d’autres, photographes et journalistes trop heureux de traiter un sujet enfin léger, soldats, juifs ultra-orthodoxes et livreurs de pain.
Sur le toit du Saint-Sépulcre Abouna Abraham, moine éthiopien la voyait pour la première fois. Il n’aurait pas marché avec plus de délicatesse sur un parterre d’œufs encore qu’il eut l’air, à en voir l’inquiétude de son visage, de marcher sur des mines.
Les batailles de boule de neige ont bien fini par avoir lieu. Bon enfant souvent, mais traduisant ici ou là l’agressivité d’un conflit que rien ne saurait faire oublier vraiment. Las. Les rires l’ont emporté et les souvenirs aussi, immortalisés par des milliers de photos, largement distribuées sur les réseaux sociaux.
La vision de cette Jérusalem blanche a effectivement unifié et pacifié les cœurs dans le même émerveillement. Et je songeais : qu’est-ce que ce sera devant la Jérusalem céleste !

Dernière mise à jour: 30/12/2023 15:18