Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Nous nous sommes sentis encouragés avec amour et chaleur

Marie-Armelle Beaulieu
30 mars 2013
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À l’annonce de la renonciation du pape Benoît XVI au siège pétrinien le monde s’est ému. Mais dans le monde, l’Église catholique de Terre Sainte perd un pasteur d’une sollicitude de tous les instants.
Terre Sainte Magazine a recueilli les témoignages de quelques évêques catholiques orientaux.


Le dernier texte majeur du pape Benoît XVI aura donc été l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente (Église au Moyen-Orient). S’il est un pape qui aura encouragé les chrétiens d’Orient c’est bien le pape Benoît XVI qui en a reconnu et apprécié la diversité : “Le pape n’oublie pas […] que l’Église dont le Christ est la pierre angulaire […] est construite sur des assises faites de pierreries différentes, colorées et précieuses. Les vénérables Églises orientales et l’Église de rite latin sont ces joyaux resplendissants […]” (1).
Les évêques catholiques orientaux qui ont pu nous répondre, après avoir souligné leur admiration pour le “geste d’humilité et vivifiant pour l’Église” posé par le Saint-Père, aiment à rappeler ce qu’il a fait de tout à fait novateur : convoquer une assemblée spéciale des évêques du Moyen-Orient.

Les vénérables Églises orientales et l’Église de rite latin sont ces joyaux resplendissants.
Benoît XVI

Interrogé sur l’action du pape Benoît XVI pour les chrétiens d’Orient, Mgr Pierre Melki, exarque patriarcal syriaque catholique à Jérusalem n’hésite pas un instant avant de dire : “Ce qui me vient immédiatement à l’esprit c’est la convocation du Synode pour les Églises du proche Orient. Cela a montré quelle sollicitude le pape avait pour les Églises orientales. Leur témoignage spirituel lui tenait à cœur et il ne voulait pas les voir subir les conséquences d’une situation politique instable qui entraîne avec elle l’émigration des chrétiens devant la pression dont ils font l’objet.” Une sollicitude qui ne s’est pas démentie par la suite : “En invitant certaines de ces Églises à tenir leur synode à Rome – comme récemment l’Église chaldéenne – il a prouvé combien il veillait sur elles, voulait se faire proche et les aider à surmonter les difficultés qu’elles ont à rencontrer.”
Pour Mgr Joseph Kelekian, exarque patriarcal arménien catholique à Jérusalem c’est la même première pensée : “Le synode pour le Moyen-Orient a été une très grande ouverture envers les Églises orientales. Jean Paul II avait inauguré le mouvement en rappelant que l’Église doit respirer avec ses deux poumons d’Orient et d’Occident. Mais on peut dire que Benoît XVI a mis en œuvre une vraie réflexion sur le travail des Églises orientales, sur leurs traditions, sur leur rôle aujourd’hui. Il a aussi autant que possible voulu les aider à se maintenir au Moyen-Orient non seulement en dépit des agitations mais en les vivant en témoins de la foi.” Mgr Kelekian souligne aussi que “Benoît XVI a fait un geste en direction des Arméniens en baptisant à Rome la place où Jean Paul II avait fait installer une statue de saint Grégoire, place Saint-Grégoire l’Illuminateur. Benoît XVI était proche des Arméniens catholiques mais il a aussi reçu à Rome les deux patriarches Arméniens apostoliques celui d’Etchmiadzin en République d’Arménie et celui de “la Grande Maison de Cilicie” en résidence à Antélias au Liban.
Les souvenir de Mgr Moussa EL-Hage, exarque patriarcal maronite de Terre Sainte et de Jordanie sont encore frais : “Les maronites se souviennent avec émotion et gratitude de son récent voyage au Liban (septembre 2012). Il a beaucoup fait pour nous et pour notre pays. Alors que les médias ne retiennent que les troubles qui l’agitent, il nous a donné l’occasion de montrer son vrai visage, son sens de l’accueil et son unité au-delà de tout. Comme fruit de cette visite, le Saint-Père a fait cardinal notre patriarche, Mgr Bechara Boutros Raï, auquel il a donné une place dans quatre différents dicastères de la Curie romaine. C’est plus qu’un honneur, c’est un signe de son attention envers nous et les orientaux en général.”
Mgr Jules Joseph Zerey, vicaire patriarcal de Jérusalem pour les Grecs-Melkites-Catholiques, vient de recevoir une lettre de son Patriarche, Grégoire III, adressée à tous ses prêtres. “Notre patriarche nous rappelle tous les événements marquant du pontificat de Benoît XVI en direction des Orientaux. C’est une belle liste. Je retiens moi aussi tous ces points. La visite ici, à Chypre, au Liban. Ses appels à la solidarité spirituelle et matérielle aussi pour la Syrie. Il a vraiment accompagné toutes les crises du Moyen-Orient et en même temps il s’est fait l’infatigable défenseur du dialogue et de la Justice. Il a montré un esprit ouvert à toutes les religions notamment au judaïsme et à l’islam. Nous nous sommes sentis encouragés avec amour et chaleur.”

1. Ecclesia in Medio Oriente, 97

Dernière mise à jour: 30/12/2023 13:27