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Gaza, à table avec les jeunes d’Atfaluna

Miriam Mezzera
3 juin 2013
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Gaza, à table avec les jeunes d’Atfaluna
Un coin de la salle à manger du restaurant Atfaluna, dans la ville de Gaza. (photo ©M. Mezzera)

Ne pas demander au serveur d’énumérer les ingrédients d'un plat: règle de base à Atfaluna où les plats à commander sont indiqués sur le menu et où la quantité s’explique par des gestes. Atfaluna - qui en arabe signifie «nos enfants» - est peut-être le premier restaurant au monde à être entièrement géré par des personnes sourdes. Il est située dans la bande de Gaza.


(Jérusalem) – Ne pas demander au serveur d’énumérer les ingrédients d’un plat: règle de base à Atfaluna où les plats à commander sont indiqués sur le menu et où la quantité s’explique par des gestes. Atfaluna – qui en arabe signifie «nos enfants» – est peut-être le premier restaurant au monde à être entièrement géré par des personnes sourdes. Il est située dans la bande de Gaza.

D’une terre où le handicap est souvent vécu comme une condamnation, comme un problème qui vient s’ajouter à tant d’autres, voilà une histoire d’espoir et de renaissance. Il y a quelques mois a ouvert, près du port de la ville de Gaza, cet établissement d’aspect agréable et à l’idée novatrice.

Le projet est né de l’engagement qui depuis plus de vingt ans anime l’Atfaluna Society for Deaf Children, une ONG palestinienne qui s’est fixé pour objectif d’améliorer la vie des personnes sourdes dans la bande de Gaza, en donnant une éducation ciblée à des enfants sourds. Ce centre organise beaucoup d’activités, de l’enseignement de la langue des signes aux soins médicaux et psychologiques. L’objectif est d’aider les enfants et leurs familles, mais aussi de sensibiliser la société palestinienne et, plus généralement, l’opinion publique. Jusqu’à il y a quelques années, la surdité – qui touche environ 1,5 % de la population de Gaza – était perçue comme un trouble mental mais, grâce au travail patient de l’Atfaluna Society, la perspective est en train de changer progressivement.

L’idée même du restaurant est née dans le but de valoriser le potentiel de ces jeunes, leur permettant de mieux s’intégrer dans une société qui exclut trop souvent ceux qui présentent des défauts physiques. Les «enfants» d’Atfaluna ne reçoivent donc pas seulement une éducation spécifique mais sont également insérés dans le monde du travail, en fonction de leur capacité, dans un contexte où le chômage augmente énormément. Il dépasse maintenant les 40%.

Les jeunes qui travaillent au restaurant suivent un cours de huit mois, avant de commencer le travail. Entre eux, les cuisiniers et les serveurs utilisent le langage des signes, tandis qu’avec les clients il ne semble pas qu’il y ait de difficultés particulières de communication.

Le client d’Atfaluna, sauf s’il connaît le langage des signes, doit indiquer son choix sur le menu et, si nécessaire, utiliser le langage universel des gestes. Pour le reste, il fera l’expérience d’un restaurant d’excellente qualité, qui a le souci du détail et un professionnalisme impeccable. Il aidera à bâtir une société inclusive, où même un jeune sourd peut mener une vie (presque) normale, même à Gaza.