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La Turquie s

Carlo Giorgi
8 juin 2013
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La Turquie s
Une manifestante défie les canons à eau des forces de l

(Milan) – Le Premier ministre, Reçep Erdogan, a mis fin à son déplacement à l’étranger et ai rentré précipitamment en Turquie. Des étudiants et des travailleurs en grève ont afflué sur les places du pays pour durant plusieurs jours consécutifs de manifestations contre le Premier ministre, accusé par les manifestants de totalitarisme. Selon les informations du journal israélien Haaretz, l’un des syndicats turcs (le Kesk, 240000 membres), en réaction aux affrontements entre la police et les manifestants, a appelé à la grève pour deux jours, alors que plusieurs universités d’Istambul, pour la même raison, ont décidé de reporter leurs sessions d’examens. Des décisions qui permettent aux travailleurs et aux étudiants qui le veulent de participer plus facilement aux manifestations.

Les places turques (trois manifestants tués, de nombreux blessés, des incendies et des destructions) se sont embrasées en quelques jours dans de nombreuses villes à travers le pays. Cela risque d’avoir des conséquences irréversibles pour le gouvernement Erdogan. Les manifestations ont commencé dans la nuit du 27 mai, quand pelleteuses et bulldozers ont ouvert le chantier du parc Gezi, un jardin public au cœur de la place Taksim, à Istambul. Objectif du chantier: construire un centre commercial, en dépit de l’opposition des résidents et de groupes environnementaux. Depuis cet événement, la protestation non-violente de certains citoyens s’est étendue à un nombre croissant de personnes. Mais ce mouvement a aussi conduit les autorités à faire respecter, par tous les moyens, la décision de construire le centre commercial. Avec le bras de fer de plus en plus dur qui oppose la société civile et le gouvernement, qui a perdu presque immédiatement son aura écologiste, est née la première manifestation politique explicite que l’on voit depuis des années contre le Premier ministre Erdogan.

La société turque, sur la place Taksim, aurait enfin trouvé un moyen d’exprimer son opposition au gouvernement. Et l’on voit se diffuser des exemples de désobéissance civile: Hurriyet, informe que la ville d’Antalya a refusé, par exemple, d’alimenter en eau les véhicules de police impliqués dans la dispersion des manifestants avec des canons à eau. Un autre journal, Sözcü, rapporte que la police serait bien équipée pour faire face aux événements. Au cours des 12 dernières années, 62 tonnes de gaz lacrymogène lui ont été fournies; gaz qui est largement utilisé ces jours-ci. Mais ce même gaz revient comme un boomerang sur les forces de l’ordre: l’image d’une femme vêtue de rouge qui n’oppose pas de résistance à un policier qui l’inonde de gaz lacrymogène a été publiée il y a dix jours de manière virale sur les réseaux sociaux et sur les sites internet turcs. Il est devenu le symbole le plus puissant pour dénoncer un pouvoir injuste et oppressif.

Dans un contexte de révolte populaire, les dirigeants de l’opposition se sont aussi fait entendre. Kemal Kılıçdaroğlu, chef du premier parti d’opposition, le Parti républicain du peuple, a rencontré le Président de la République Abdullah Gül pour lui faire part de ses préoccupations au sujet des manifestations qui ont éclatées à travers le pays et pour protester contre la façon dont le gouvernement Erdogan les traite. Devlet Bahçeli, chef du Parti nationaliste, a critiqué l’usage excessif de la force par la police, appelant au calme.

D’autre part, le même gouvernement qui, sur la terrain, continue de tenir une ligne intransigeante, a commencé à lancer quelques messages d’apaisement: Bulent Arinc, vice-Premier ministre turc, a déclaré vouloir rencontrer une délégation des organisateurs de la première manifestation contre le chantier du parc Gezi: «On a besoin de communiquer clairement pour éviter de confondre les idées et les gens – a dit Arinc – et pour cela nous allons rencontrer des représentants d’associations et écouter leur point de vue. Je m’excuse auprès de ceux qui ont subi des violences en raison de leur passion pour la nature », a ajouté le vice-Premier ministre, faisant mine d’ignorer ce n’est pas  pour des motifs environnementaux que les places turques s’étaient enflammées.