Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Le caté grandeur nature

Marie-Armelle Beaulieu
30 septembre 2013
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Quelques couples de parents français expatriés à Jérusalem ont désiré que leurs enfants soient éveillés à la foi. Quand le caté est enseigné dans les pas de Jésus.


Ascension c’est comme ascenseur ?” Mathis est assis par terre et regarde interrogatif vers le géant debout à côté de lui. Le géant, qui est aussi aumônier, à ces mots est tout sourire. “Oui Ascension c’est comme ascenseur. Un jour Jésus a appuyé sur le bouton d’en-bas et il est descendu aux enfers, et plus tard il a appuyé sur le bouton d’en-haut et il est monté aux Cieux.” La réponse ravit Mathis. Avec lui ils sont quatorze enfants, tout occupés à colorier leur dessin sur le thème de l’Ascension. Paul explique son dessin à ses camarades. “Alors moi j’ai fait que la moitié du corps de Jésus parce que le reste est déjà au Ciel.” Applaudissements des copains. Les enfants passent à tour de rôle. Une séance de caté comme une autre ?
Presque, si ce n’est que nous sommes sur les flancs du mont Sion et qu’après l’Ascension vient la Pentecôte et donc Cécile, une maman, explique. “Maintenant, nous allons au Cénacle.” Et la joyeuse troupe de s’ébranler vers le Cénacle, le vrai, celui qui est sur le mont Sion. Il y a un mois, le caté les avait emmenés sur le mont des Oliviers et dans la grotte du Pater.

Initiative parentale

À Jérusalem, une quinzaine d’enfants de couples de francophones vivent le caté “grandeur nature”. “À vrai dire, explique une maman, nous avons désiré faire de l’éveil à la foi, mais le lycée français où ils sont scolarisés ne proposant rien, il a fallu se débrouiller. Comme nous ne sommes pas tous catholiques, comme nous ne sommes pas tous des piliers d’églises et à vrai dire même pas tous croyants, nous n’avons jamais envisagé un catéchisme “classique”. Mais nous avons voulu saisir la chance de découvrir la foi chrétienne dans le pays de Jésus.” Ainsi va le caté de ces enfants-là, de lieu saint en lieu saint, à chaque séance sur une thématique différente.
Une fois au Cénacle, un groupe d’évangélistes quasi en transe impressionne les enfants. Il faut vite les extraire de là. On traverse la salle du Cénacle pour se réfugier sur le toit. Les enfants assis en cercle écoutent la Parole de Dieu et le récit de la Pentecôte. Même dans une Bible au langage simplifié, le don des langues ce n’est pas aisé à expliquer. Et pour éviter que les enfants ne saturent sur des concepts abstraits, les parents ont imaginé un caté qui alterne jeu, échanges, temps de lecture de la Bible et activités. C’est tout sauf ennuyeux. Puisque la Bible parle de la variété des langues, il est temps d’aller la découvrir. Les enfants partent à la rencontre des pèlerins et touristes pour leur demander quelle langue ils parlent. Ils s’adressent en français et un parent – car le plus de parent possible participe à la matinée de caté – traduit. En quelques minutes ce ne sont pas moins d’une vingtaine de langues que les enfants ont recensées. L’aumônier, un père de Betharram, reprend l’explication sur la naissance de l’Église ici même, au Cénacle. Pas facile de parler de la nécessité de vivre ensemble dans la foi. Alors les parents ont eu une idée. Ils sont comme ça ces parents-là. Ils construisent le caté à la carte.
Chaque rencontre est préparée par eux à l’avance, avec l’aumônier. Et on se creuse les méninges pour savoir quel message on veut faire passer aux enfants. Occasion pour eux de se coltiner avec ce en quoi ils croient vraiment. Eux aussi en quelque sorte retournent au caté.
Pour faire expérimenter aux enfants la vie en Église, ils ont eu une idée. Les enfants sont mis par deux. L’un a les yeux bandés, l’autre le guide, et les voilà repartis du mont Sion vers le couvent saint Marc des syriaques orthodoxes. C’est là qu’aurait vécu l’apôtre Marc. C’est dans le calme de la chapelle du couvent que les enfants termineront leur matinée par leur prière spontanée et le Notre Père.
À mi-chemin, celui qui avait les yeux bandés devient guide tandis que l’on bande les yeux de son binôme. Une fois arrivés à destination, l’aumônier interroge. “Alors c’était facile de marcher les yeux bandés ?” Les réponses varient, mais la conclusion arrive, claire, lumineuse. “C’est ça la vie d’Église. On avance tous un peu dans le noir, mais on a besoin les uns des autres pour nous guider vers Jésus.”
Aux dires des parents, à les entendre parler et parler encore des expériences vécues, on peut au moins espérer que ceux-là garderont un bon souvenir du caté.

 

Dernière mise à jour: 30/12/2023 23:36