Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Le pèlerinage : une démarche spirituelle dans un pays incarné

Texte et photos : Marie-Armelle Beaulieu
4 janvier 2014
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Le pèlerinage : une démarche spirituelle dans un pays incarné
Les travaux de la délégation de l’ANDDP ont beaucoup été faits d’échanges. Ici avec des guides et directeurs d’agence.

Comment améliorer les pèlerinages ? Comment aller mieux
à la rencontre et des lieux et des habitants de ce pays ?
Ces questions ont présidé aux travaux de la délégation de l’Association nationale des directeurs diocésains de pèlerinage (ANDDP) qui s’est rendue en Terre Sainte du 13 au 30 octobre 2013.


Comment faire d’un pèlerinage un moment de grâce ? Alors que durant leur séjour les uns seront tout à la joie de mettre leurs pas dans ceux de Jésus, d’autres pourront se laisser troubler par les aléas d’une visite en groupe. Comment trouver le juste équilibre entre le guide et l’accompagnateur spirituel ? Comment appréhender la réalité complexe de ce pays et de ses cultures plurielles sans oublier la démarche première qui préside à un pèlerinage : la rencontre du Christ sur la terre où il a choisi de s’incarner ?

Association nationale des directeurs diocésains de pèlerinage

Du 13 au 30 octobre 2013, une délégation de l’Association nationale des directeurs diocésains de pèlerinage (ANDDP) a parcouru le pays non pas en touriste mais au travail, multipliant les rencontres avec les ministres israélien et palestinien du tourisme, avec les autorités religieuses catholiques, avec des représentants d’agence de voyage, avec des guides, avec des acteurs de terrains, avec des habitants de ce pays etc. dans le seul but d’améliorer encore les pèlerinages diocésains.


L’ANDPP s’est mis à l’écoute de ce pays d’accueil pas tout à fait comme les autres. Un pèlerinage en Terre Sainte s’inscrit dans une situation humaine et politique complexe. Ce n’est pas un pays mais deux, Israël et la Palestine, (quand ce n’est pas trois avec la Jordanie) qui sont traversés. Et les réalités sociaux-économiques sont différentes. De plus, ces sociétés se construisent davantage sur le modèle anglo-saxon qu’européen entraînant parfois des incompréhensions de la part de certains pèlerins. Il aura fallu entrer dans le détail pour chercher à comprendre ces difficultés. Ainsi de l’épineux problème des taxes et pourboires. Les français habitués à payer “service compris” se plaignent parfois des pourboires à laisser aux chauffeurs des bus et aux guides. Or ici, le service n’est pas compris et ces “gratifications supplémentaires” font partie intégrante du salaire. De même, la pénurie de guides francophones trouverait une part de son explication dans le fait que les guides tiennent les groupes français pour trop exigeants. “Avec les anglo-saxons, nos journées se terminent vers 16 h, car ils veulent avoir du temps pour eux, quitte à ne pas tout faire, à ne pas tout voir, tandis que les Français dont les journées commencent de bonne heure, entendent aussi les voir se terminer tard.” Réponse du berger à la bergère et interrogation des directeurs de pèlerinages présents se faisant l’écho de réflexions entendues par les pèlerins : “Mais les guides ne donnent-ils pas parfois des informations trop techniques au détriment des temps spirituels, sur de plus nombreux sites ?” Certains endroits méritent plus qu’une visite entre deux pour entrer dans le mystère de foi dont ils sont porteurs.

Pèlerins artisans de paix

Pas un des intervenants rencontrés n’a manqué d’évoquer la situation politique et les difficultés qu’elle entraîne. Comment dès lors, tout en étant solidaire avec des hommes et des femmes confrontés à ces réalités douloureuses, ne pas politiser le pèlerinage ? Mgr William Shomali, évêque auxiliaire de Jérusalem, a invité à rencontrer des personnes modérées et qui sachent présenter le défi spirituel que cette situation politique invite à relever. “Les pèlerins doivent être des ponts pour aider Palestiniens et Israéliens à faire la paix” leur a dit le père Raed curé de Ramallah. À quoi le père Gandoulas, président de l’ANDD ajoutait : “Nous devons porter ces situations dans la prière non comme une souffrance mais comme une espérance.” Une mission et un engagement que les chrétiens de Terre Sainte souhaitent voir endosser par les pèlerins. ♦

 

L’ANDDP

L’Association Nationale des directeurs Diocésains de Pèlerinages (A.N.D.D.P.) prend en compte le “pèlerinage” comme acte pastoral et cultuel et veut répondre aux besoins de notre époque dans la fidélité aux orientations de l’Église. L’ANDDP est en lien avec la Conférence des Évêques de France.
Aussi porte-t-elle le souci constant d’être en dialogue constant avec toutes les institutions : www.pelerinages.org

Dernière mise à jour: 04/01/2024 20:00