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« Il pensait que nous étions des terroristes car nous étions Palestiniens »

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13 juin 2014
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« Il pensait que nous étions des terroristes car nous étions Palestiniens »
Sami, 18 ans, montre à des touristes la colonie israélienne qui fait face à son village ©Nadim Asfour/CTS

Sami, 18 ans, vit à At-Tuwani depuis sa naissance. Dans les pas de son père, il est déjà activiste pour la résistance non-violente face à l’occupation israélienne de son village des collines d’Hébron.


Sami, 18 ans, vit à At-Tuwani depuis sa naissance. Dans les pas de son père, il est déjà activiste pour la résistance non-violente face à l’occupation israélienne de son village des collines d’Hébron.

 

Quels sont tes hobbies ? Que fais-tu pendant ton temps libre ?

Je vais faire paître les moutons ! Je termine les cours vers 13h et après m’être reposé un peu chez moi, je pars dans les champs avec le troupeau. Après je vois aussi mes amis. Une fois par semaine nous allons ensemble à Yatta, la ville d’à côté. On se promène, on regarde les magasins.

Qu’est-ce que tu partages avec tes amis ? Vous avez beaucoup de points communs ?

A At-Tuwani j’ai deux amis, l’un à 15 ans et l’autre en a 25 ou 26. J’en ai aussi d’autres dans les villages des alentours. On se voit à l’école tous les jours. On joue aussi beaucoup au volley, mais je ne suis pas très bon ! On se retrouve les soirs pour y jouer avec les professeurs, et parfois d’autres gens. Les vendredis nous allons à la mosquée du village pour la prière et souvent j’invite mes amis des autres villages à la maison une fois la prière finie.

Est-ce que tu t’intéresses à l’actualité ? Qu’est-ce qui t’intéresse dans les nouvelles ?

Je ne lis pas les journaux, mais parfois je vais sur internet chez un ami qui a une connexion. Ici, nous sommes des gens simples, la plupart ne savent pas ce qu’est internet et ne savent pas ce qu’il se passe dans le monde. Mais j’aime être au courant de ce qu’il se passe dans la région. Une fois, La Repubblica en Italie a publié un article sur nous ! Un des volontaires de l’Opération Colombe qui vivent au village pour nous aider à résister à l’occupation s’était fait expulsé. Je comprends un peu l’italien grâce aux volontaires et ils m’aident à lire les articles. Je lis aussi les journaux israéliens, pour voir ce qu’ils disent de nous. Je lis Ma’an News [l’agence de presse palestinienne] et Ha’aretz. J’entends dire que je suis un terroriste alors que je suis une victime de l’occupation ! Les gens ici ne savent pas que c’est ce que l’on pense de nous. Par exemple, il y a deux mois, un touriste Canadien est arrivé au village, il avait peur et n’osait pas nous parler. Il pensait que nous étions des terroristes car nous étions Palestiniens. Finalement il a écouté nos histoires à propos de l’occupation pendant une journée et finalement il est resté une semaine. Les gens d’ici ne comprenaient pas pourquoi il avait si peur, et c’est triste car nous ne faisons rien de mal.

Et ta famille ? Partagez-vous beaucoup de chose ensemble ?

Mon père est le chef du Comité de Résistance Non-violente des Collines du Sud d’Hébron depuis sa création en l’an 2000. Le reste du temps il est comme tout le monde ici, un homme simple, qui cultive sa terre et qui garde ses troupeaux. Le soir avant de dormir nous nous retrouvons tous pour discuter. On parle de la vie, on apprend à mes frères et sœurs à ne pas s’attarder sur les petites choses de la vie, mais à voir la vie avec de grands yeux. Je suis l’aîné de sept enfants, j’ai deux autres frères et quatre sœur. La plus jeune a juste un an.

Es-tu religieux ? Est-ce que la religion tient une place important dans ta vie ?

La religion est importante. Il faut rester aux côtés de Dieu, Il est le premier qui nous aidera avec nos problèmes. Nous croyons en Dieu et nous croyons qu’un jour nous serons libre. Quand je vois tout ce que Dieu a créé, je crois en lui. Comment tout cela pourrait-il fonctionner sans Lui ? Lorsque je prie je me sens apaisé, calme, à l’aise. Je trouve mon énergie dans la prière et je demande à Dieu de rendre nos vies plus faciles et confortables.

Que souhaites-tu à ton pays ? Quels sont tes projets ?

Notre grand rêve, c’est la liberté. C’est la chose la plus importante, après ça, le reste sera facile. En ce qui me concerne, je voudrais terminer mes études et après mon rêve serait de partir étudier à l’étranger. En Europe, peut-être en France. Je voudrais étudier le droit international et les droits de l’homme pour soutenir notre cause. Mais après je veux retourner ici à At-Tuwani. Je veux pouvoir vivre là où je suis né.

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