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Nouvelles violences et tensions à Jérusalem et en Terre Sainte

Terrasanta.net
4 juillet 2014
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Nouvelles violences et tensions à Jérusalem et en Terre Sainte
Haute tension et affrontements entre manifestants palestiniens et policiers ces derniers jours à Jérusalem-Est (photo Sliman Khader/Flash90)

Depuis quelques jours, une spirale de violence s’est abattue sur Jérusalem et sur toute la Terre Sainte, après la découverte, lundi 30 juin, des corps de trois adolescents israéliens disparus deux semaines auparavant, et l’homicide, sans doute motivé par une intention de vengeance, d'un jeune Palestinien de Jérusalem-Est, qui avait été enlevé mardi soir non loin de son domicile.


(k.c-g.s.) – Depuis quelques jours, une spirale de violence s’est abattue sur Jérusalem et sur toute la Terre Sainte, après la découverte, lundi 30 juin, des corps de trois adolescents israéliens disparus deux semaines auparavant, et l’homicide, sans doute motivé par une intention de vengeance, d’un jeune Palestinien de Jérusalem-Est, qui avait été enlevé mardi soir non loin de son domicile. La tension atteint son paroxysme, attisée par les opérations militaires israéliennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et par les tirs de roquettes qui en émanent pour atterrir près des villages israéliens du Néguev.

Bien que l’Autorité Nationale Palestinienne ne souhaite apparemment pas mettre de l’huile sur le feu, de nombreux observateurs ont soulevé la possibilité d’un nouveau soulèvement palestinien. Ce serait la troisième intifada, qui éclaterait dix ans après la fin de la seconde, qui elle a duré de 2000 à 2004 et en ponctuant d’attentats-suicides plusieurs villes de Terre Sainte. Entre les attaques terroristes et les contre-offensives israéliennes, on estime que sur cette période la vie d’environ 3 000 Palestiniens a été bouleversée, en plus de celle de 64 étrangers.

La situation s’est précipitée dans la nuit du 12 juin, lorsque furent enlevés Naphtali Frenkel, Gilad Shaar et Eyal Yifrach, trois jeunes étudiants d’une yeshiva (école pour les études bibliques et talmudiques), juste au nord d’Hébron. Les garçons faisaient de l’auto-stop, aux alentours de dix heures du soir, lorsqu’ils ont été pris par au moins deux Palestiniens qui, selon l’enquête de police, les ont tué peu de temps après, à proximité du village de Halhoul. Les corps des trois garçons ont été retrouvés le lundi 30 juin dans un terrain vague, entre Beit Khalil et Halhoul.

Pendant deux semaines, au cours des contrôles massifs mis en place par les troupes israéliennes en Cisjordanie pour retrouver leurs trois compatriotes, plus de 2100 maisons et bâtiments palestiniens ont été fouillés ; 560 personnes ont été arrêtées et six (toujours des Palestiniens) ont été tués.

Mardi 1er juillet, quelques heures après l’enterrement, à Modiin, de Frenkel (16 ans), Shaar (16 ans) et Yifrach (19 ans), un autre adolescent, Mohammed Abu Hussein Khdeir, jeune Palestinien, a été enlevé dans la banlieue de Beit Hanina, au nord de la vieille ville de Jérusalem. Son corps a été retrouvé carbonisé le lendemain matin dans une forêt située dans une autre zone de la ville sainte.

Le gouvernement israélien a accusé le Hamas de l’enlèvement et de la mort des trois enfants juifs ; à leur tour, les autorités palestiniennes ont demandé des comptes aux israéliens pour la mort du jeune Mohammed, en pointant plus particulièrement du doigt les colons, et ont demandé que les coupables soient identifiés et sanctionnés.

Pendant ce temps, plus au sud, les tirs de roquettes en provenance de Gaza sur le territoire israélien (heureusement sans faire de victime) se poursuivent, tout comme les bombardements nocturnes de l’aviation israélienne sur des cibles localisées dans la bande de Gaza (on compte quelques blessés parmi les civils).

Si ces meurtres ont contribué à rendre la cohabitation entre Palestiniens et colons israéliens encore plus inflammable dans les territoires occupés, ils ont également suscité l’interrogation du sens des souffrances qui s’éternisent en Terre Sainte. En plus des violentes manifestations aux slogans ancrés dans la haine, il y eut aussi, à Jérusalem, des manifestations contre la violence et le racisme de la part des organisations qui cherchent à contrer la pandémie générée par la haine.

Le pape François, quelques semaines après son récent voyage en Terre Sainte, avait déclaré qu’il partageait « la douleur indescriptible » des familles des jeunes victimes, ainsi que «la souffrance des personnes touchées par les conséquences de la haine ». Le pape a également appelé à la paix et a réitéré son appel à la mesure dans les réactions, parce que «la violence engendre la violence et alimente le cercle vicieux de la haine ».

« La visite du pape Francis en Terre Sainte et l’invocation pour la paix au Vatican avaient généré beaucoup de joyeuses espérances pour la paix », a déclaré le patriarche latin de Jérusalem. «Il faut stopper la logique perverse de ceux qui veulent différencier les victimes de l’une ou de l’autre partie… Les innocents se font tués. Tous les innocents tués, tous les enfants tués sont des victimes sacrifiées sur l’autel de la haine du mal ».

Du vacarme et de l’excitation de ces derniers jours, les voix des familles qui n’embrasseront plus jamais leurs fils émergent ensemble dans une douleur conjointe. Dans un bref entretien accordé au New York Times, le père de Mohammed, Hussein Abu Khdair, a déclaré : « Juif ou Arabe, qui pourrait accepter que son fils ou sa fille soit enlevé et assassiné ? J’appelle les deux parties à arrêter l’effusion de sang ». Le jour de l’enterrement de son fils, enterré à Jérusalem aujourd’hui, vendredi 4 juillet, la presse rapporte que le père de Mohammed a appelé les autorités israéliennes à identifier les auteurs de l’assassinat et à détruire leurs maisons, comme ils l’ont fait il y a quelques jours à Hébron, avec celles des assassins présumés (toujours en fuite) des trois jeunes Israéliens.

Dans une autre interview, l’oncle de Naphtali Frenkel, Yishai, a déclaré à un journal israélien : « Si un jeune Arabe a été tué pour des raisons nationalistes, il s’agit d’un acte horrible et choquant. Un meurtre reste un meurtre, indépendamment de la nationalité et de l’âge de la victime. Il n’y a aucune justification, pardon ou expiation pour un meurtre».