Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Juive, Eve a préféré Israël à la France

Mélinée Le Priol
10 décembre 2014
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Il y a un peu plus d’un an, Eve a fait son Alyah : à 21 ans, cette juive de France a décidé de s’installer à Jérusalem et de devenir citoyenne israélienne. Elle se dit plus épanouie en Israël qu’en France, où elle avait parfois du mal à vivre son judaïsme au quotidien.


Il y a un peu plus d’un an, Eve a fait son Alyah : à 21 ans, cette juive de France a décidé de s’installer à Jérusalem et de devenir citoyenne israélienne. Elle se dit plus épanouie en Israël qu’en France, où elle avait parfois du mal à vivre son judaïsme au quotidien.

Comment occupes-tu ton temps libre ?

Le jeudi et le samedi soir, j’aime aller au karaoké ou dans des bars de la rue Ben Yehouda (fameuse rue piétonne de Jérusalem-Ouest, ndlr.). Sinon, je fais du jogging dans le parc Gan Saccer, près du marché juif de Mahane Yehouda, dans mon quartier. Je le fais avec une amie française qui, comme moi, a fait son Alyah récemment (est monté s’installer en Israël, ndlr.). Mais depuis cet été, je ne cours plus, à cause des tensions qu’il y a à Jérusalem avec les musulmans. Je préfère attendre que ça se calme.

Qui sont tes amis ici ? T’es-tu rapprochée de personnes similaires ou différentes de toi ?

Je suis en colocation avec six amies qui me ressemblent beaucoup : elles ont entre 20 et 23 ans, elles sont françaises et elles ont fait leur Alyah ces dernières années. On s’est rencontrées ici, à Jérusalem, il y a quatre ans, lors d’un séminaire religieux. Il y a un an, je suis revenue pour prendre la nationalité et m’installer ici définitivement.

On entretient ce cercle français, on ne cherche pas trop à rencontrer des Israéliens. Il faut dire que leur mentalité est très différente de la nôtre : je les trouve plus nerveux que les Français, plus « cash » aussi. Il y a de l’entraide mais pas vraiment de relationnel dans la rue ou dans les immeubles. Cela dit, la prochaine génération, celle de nos enfants, sera peut-être plus intégrée que la nôtre à la société israélienne.

Je n’ai aucune relation avec les musulmans. Je n’ai pas confiance en eux, je m’en méfie beaucoup. Je suis consciente que c’est dommage de tous les associer à des terroristes, mais je dois être prudente. Quand je marche à côté d’un musulman dans la rue, je m’éloigne un peu : après tout, il pourrait avoir un couteau dans sa poche. En ce moment, je réfléchis à m’acheter une bombe lacrymogène.

T’intéresses-tu à l’actualité d’Israël ? Y a-t-il un sujet qui te préoccupe plus que d’autres en ce moment ?

En fait, ce sont souvent mes copines de France qui me préviennent de l’actualité d’ici ! Elles ont toutes l’application i24 news (chaîne d’information israélienne, ndlr.) sur leur smartphone, elles sont super branchées dessus, alors me tiennent au courant. Ce qui me préoccupe le plus en ce moment, ce sont les attentats à Jérusalem et en Israël.

Parle-nous des membres de ta famille. Quelles sont tes relations avec eux depuis que tu vis à l’étranger ?

Paradoxalement, la distance nous a rapprochés ! Depuis que j’ai quitté la France, on parle de choses plus essentielles qu’avant, moins futiles. Mon grand frère, lui aussi, s’est posé la question de venir s’installer en Israël – car tous les juifs de France se posent cette question ! – mais ce n’est pas encore pour tout de suite. De toute façon, on va tous finir ici ; mes parents et mes frères et sœurs viendront forcément un jour ou l’autre. Pour nous, la vie est plus paisible en Israël qu’en France.

Quelle place prend le judaïsme dans ta vie quotidienne ?

La religion a toujours pris une grande place dans ma vie. Mais depuis que je me suis installée en Israël, cela s’est encore amplifié. Il faut dire que tout est plus pratique : les magasins nous aident à appliquer les règles d’habillement par exemple, en offrant plus de choix pour les vêtements de femmes juives, qui doivent être couvertes jusqu’au cou et porter des jupes longues. On trouve plus facilement des produits casher aussi. Si tu veux être juif religieux, c’est sûr que c’est plus facile en Israël qu’en France !

Je vais à la synagogue pour les fêtes, mais au quotidien, je fais plutôt les choses depuis chez moi. Je fais les trois prières par jour, et aussi ce qu’on appelle « hechbon anafech », une introspection personnelle pour relire notre journée et nous améliorer dans nos comportements avec les autres. La religion, ça doit aussi nous servir à travailler notre caractère !

Et maintenant, quels sont tes projets sur le plan personnel et professionnel ?

Je voudrais entrer dans une école d’infirmière. J’aurais aimé être médecin, mais les études sont trop longues et prenantes pour une femme juive. Nous, on se marie plutôt jeune, et après il faut s’occuper des enfants.

En ce moment, je fais ce qu’on appelle des « chidouh » pour rencontrer mon futur mari. C’est un système où un intermédiaire se charge de se faire rencontrer un homme et une femme qu’il connaît. Il organise le rendez-vous – sans y assister, bien sûr ! – et là, les deux personnes se posent des questions très objectives sur leur vision de la vie, de la religion, du travail, de l’éducation des enfants, etc. J’ai fait cinq « chidouh » et ça n’a pas encore marché pour moi, mais je préfère attendre un peu plutôt que me marier avec la mauvaise personne et m’en rendre compte trop tard ! J’espère avoir une grande famille et beaucoup d’enfants, mais j’en aurai à la hauteur que ce que Dieu me donnera.

Pour en finir en quelques mots, que souhaites-tu à ce pays dans lequel tu habites ?

Je souhaite le réveil des pays environnants : qu’ils arrêtent de critiquer Israël alors que nous ne faisons que nous défendre. Nous, on investit dans la sécurité, tandis que les Palestiniens préfèrent développer l’armement et le terrorisme. Ils creusent des tunnels jusque dans les écoles, qui devraient pourtant être le lieu de la vie par excellence ! Ils ont un désir de mort à notre égard, et je suis choquée par tout ce racisme et cet antisémitisme, notamment sur internet. Il y a souvent moins de morts du côté israélien que palestinien, c’est vrai, mais nous n’y sommes pour rien : la providence divine, peut-être ?

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Fiche d’identité

Eve, 22 ans, habite Jérusalem, dans le quartier de Mahane Yehouda, célibataire, sans emploi.

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