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« Il n’y a plus de rêves à Gaza »

Andrea Krogmann
5 février 2015
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« Il n’y a plus de rêves à Gaza »
La paroisse catholique latine de Gaza

Georges* vit à Gaza et rêve de continuer ses études en littérature anglaise à l'étranger. Il pourrait ainsi revenir avec une formation lui permettant d'aider à développer son pays – pays de Jésus qu'il ne veut pas abandonner. Malgré la situation difficile à Gaza, Georges se dit heureux par rapport aux autres jeunes. En effet, grâce à sa connaissance de la langue anglaise il a trouvé un poste de stagiaire dans un hôpital, et peut ainsi soutenir financièrement sa famille. 


Georges* vit à Gaza et rêve de continuer ses études en littérature anglaise à l’étranger. Il pourrait ainsi revenir avec une formation lui permettant d’aider à développer son pays – pays de Jésus qu’il ne veut pas abandonner. Malgré la situation difficile à Gaza, Georges se dit heureux par rapport aux autres jeunes. En effet, grâce à sa connaissance de la langue anglaise il a trouvé un poste de stagiaire dans un hôpital, et peut ainsi soutenir financièrement sa famille. 

Quels sont tes hobbies ? Comment occupes-tu ton temps libre ?

En ce moment je vais à une petite salle de sport au YMCA. Rien d’extraordinaire, mais cela me permet d’extérioriser la tension et les mauvais sentiments qui m’envahissent. Sinon, je n’ai pas de passion. Je passe mon temps à réfléchir à mon avenir, à ce que je peux faire. Quand je regarde autour de moi, je vois des gars de 27, 30, 31 ans qui n’ont pas de travail. Est-ce ça, mon futur? Mon rêve ? Quand j’étais petit et que les gens me demandaient ce que je voulais devenir, je répondais médecin ou ingénieur. Mais aujourd’hui je constate que nous n’avons rien et qu’il n’y a plus de rêves à Gaza.

Tes amis pensent-ils comme toi ?

Ils sont 100% d’accord. Pour être honnête, on aimerait pouvoir parler à tous ceux qui font des dons pour Gaza : nous ne voulons pas de nourriture, ni d’eau ni d’argent. Nous avons besoin d’un vrai projet pour les jeunes, qui puisse les qualifier, leur enseigner à diriger et à agir avec amour et paix. Nous ne supportons pas la violence. Peut-être que l’Islam permet de tuer des juifs. Mais la plupart des chrétiens et des musulmans à Gaza ne veulent pas de meurtres, ne veulent pas tuer. Nous voulons une vie normale.

T’intéresses-tu à l’actualité du pays ?

Je m’intéressais beaucoup à la politique quand j’avais 16 ans. Maintenant plus du tout, parce que tous les mouvements politiques, le Fatah, le Hamas, le Front Populaire pour la Libération de la Palestine, l’Organisation pour la Libération de la Palestine… tous ces mouvements sont insignifiants et inutiles. Ils ne s’inquiètent que de leurs propres intérêts.

Parle-nous des membres de ta famille.

Je vis avec mes parents et mes deux frères. J’ai fini mes études, l’aîné de mes frères est encore à l’université et le plus jeune à l’école. Quand il y a des grandes fêtes comme Noël ou le nouvel an, nous les célébrons ensemble avec tous mes oncles et tantes autour d’un repas.

Tu leur parles de tes rêves ?

Ils savent ce que je pense. Mon père me soutient dans mon rêve de partir à l’étranger. Je me considère très heureux avec ma famille et je pense que Dieu m’aide beaucoup.

As-tu une religion ? Si oui, quelle place prend-elle dans ta vie quotidienne ?

Je suis fier d’être chrétien, et je suis très, très fier d’être catholique. Quand le Pape François s’est rendu en Palestine en prenant l’hélicoptère de la Jordanie à Bethléem, il a montré que la Palestine est un état indépendant. Il a refusé de passer par l’aéroport Ben Gourion. Nous sommes très fier de lui.

Et maintenant, quels sont tes projets sur le plan personnel et professionnel ?

Mon rêve est de partir à l’étranger pour faire un master et rendre mon père fier de moi. Ensuite j’aimerais retourner en Palestine pour développer mon pays et mon Eglise. Je voudrais étudier dans un master important pour devenir leader ou directeur d’une organisation chrétienne à Gaza, et ainsi pouvoir aider tout le monde. C’est ce que Jésus nous demande. On ne diffuse pas le christianisme par des mots, en parlant de la Bible ou de Jésus, mais par des actions et par notre attitude envers les gens. Avec les jeunes chrétiens de ma génération, nous n’avons pas la possibilité de nous former pour que les gens disent « tiens, ces chrétiens sont fantastiques ». J’ai étudié l’anglais, mais je ne suis pas excellent parce que je ne peux pas sortir de Gaza pour m’améliorer au contact d’anglophones. Les gens pensent que si on part, c’est pour émigrer, mais ils doivent savoir que nous avons nos familles ici. C’est le pays de Jésus, on ne peut pas l’abandonner.

Pour finir et en quelques mots, que souhaites-tu à ce pays dans lequel tu habites ?

Je souhaite la paix, la paix, la paix et la paix.
Et aussi la liberté, pouvoir vivre ma vie librement.

Fiche d’identité :

Georges est un jeune chrétien de 23 ans. Il vient de finir ses études en littérature anglaise à l’université de Gaza. Il vit avec ses parents et ses deux frères à Gaza-Ville.

* Le prénom a été changé

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