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Le plateau du Golan : nouveau terrain d’affrontements entre sunnites et chiites

Giuseppe Caffulli
19 février 2015
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Le plateau du Golan : nouveau terrain d’affrontements entre sunnites et chiites
Blindé de l'armée israélienne sur les hauteurs du Golan.(Photo IDF)

Sur les hauteurs du plateau du Golan, coincé entre la Syrie et le Liban, se joue une bataille aux enjeux sensibles et pas seulement pour la région mais à l'échelle mondiale. À la mi-décembre 2014, les troupes de l'auto-proclamé Califat Islamique se sont pressées aux abords de Quneitra, ville à proximité de la zone contrôlée par Israël. Cette présence chiite controlée par l'Iran inquiète...


Sur les hauteurs du plateau du Golan, coincé entre la Syrie et le Liban (la zone est occupée par Israël depuis la guerre des Six Jours en 1967), se joue une bataille aux enjeux sensibles et pas seulement pour la région mais à l’échelle mondiale.

À la mi-décembre 2014, les troupes de l’auto-proclamé Califat Islamique se sont pressées aux abords de Quneitra, ville à proximité de la zone contrôlée par Israël. Trois groupes djihadistes syriens (Shuhada al-Yarmouk, les Brigades Abou Mohammed al-Tilawi et Bayt al-Maqdis) engagés dans la lutte contre le régime de Bachar al-Assad ont juré allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’Etat islamique. L’importance qu’est en train de prendre ce dernier – notamment sur le plan militaire –  mettrait en grave difficulté l’armée syrienne désormais prise entre deux feux.

En soutien aux troupes de Bachar al-Assad ont été déployées des forces du Hezbollah, actives depuis longtemps en Syrie et en Irak dans la lutte contre le califat islamique (sans jamais oublier leur raison d’être à savoir la lutte contre Israël).

Pour renforcer le poids militaire des troupes pro-Assad dans les hauteurs du Golan, aux cotés du Hezbollah libanais, ces derniers jours ont été marqués par l’arrivée de milices chiites d’origine afghane et pakistanaise. Selon les sources de renseignements israéliens, il s’agirait d’au moins 2000 hommes, qui s’ajoutent aux nombreux combattants du Hezbollah déjà présents à Quneitra. Parmi les Afghans, le groupe principal serait composé de Hazara ayant fuit en Iran pour échapper à la persécution des talibans. Chaque milicien recevrait pour son enrôlement environ 500 $ par mois.

Bien que luttant contre l’Etat islamique (en majorité sunnite), Israël voit dans la présence de ces milices chiites, soutenues par l’Iran, bien d’autres ambitions comme celle de ceinturer fermement le Golan entre les mains du Hezbollah et donc du régime de Téhéran. Une perspective qui est loin de laisser dormir sur leurs deux oreilles les sommets de l’armée israélienne.

Que la situation soit devenue de plus en plus complexe (et brûlante), en témoignent les infiltrations de l’État islamique en Jordanie, le débarquement en masse des troupes du Califat en Libye ou encore l’agressivité de groupes fondamentalistes dans le Sinaï, où, selon les services de renseignements Egyptiens se seraient déjà réorganisées des cellules terroristes prêtes à frapper conjointement l’Egypte et Israël.  Parmi les cibles sensibles à l’ordre du jour, il y aurait le canal de Suez, mais aussi le Caire surtout après la dure réaction de l’armée du président Al-Sissi en représailles à l’assassinat de 21 chrétiens coptes à Syrte, en Libye. Sur les rives du Nil, la plus grande menace semble venir du Hamas, la formation palestinienne aujourd’hui interdite en Egypte, au sein de laquelle beaucoup ne cachent plus leur sympathie pour le Calife noir. Le mouvement, qui contrôle la bande de Gaza, semble avoir formé une nouvelle alliance avec un mouvement salafiste appelé Agnad Misr (Les Soldats de l’Egypte), qui lui même aurait fusionné avec les membres du Jihad égyptien appartenant à al-Qaïda.

Pour aggraver la situation, des nouvelles de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel en date du 10 janvier, annonçaient que le régime syrien serait en passe d’acquérir des armes nucléaires avec l’aide des milices chiites du Hezbollah et des Pasdaran iraniens, qui contrôleraient une installation secrète souterraine située à seulement deux kilomètres de la frontière libanaise, à Qusayr. Selon l’hebdomadaire allemand, citant des sources de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Bachar al Assad serait en possession de 50 tonnes d’uranium naturel qui, enrichies, pourraient être suffisantes à la construction de trois à cinq bombes atomiques. Un projet sur lequel serait entrain de travailler des ingénieurs nucléaires Nord-coréens. Simple élucubration ou propagande alarmiste ? Ce qui est sur c’est que la perspective d’une puissance nucléaire syrienne pourrait remettre en cause toutes les alliances stratégiques et créer des des scénarios qui, pour l’heure, sont encore inimaginables.