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Vers un assouplissement du divorce juif ?

Terresainte.net
14 mars 2015
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Vers un assouplissement du divorce juif ?
Photo du film le « Le procès de Viviane Amsalem », de Shlomi et Ronit Elkabetz

Divorcer dans le monde juif est bien souvent un parcours du combattant pour les femmes. Le « guett », document par lequel un homme accorde le divorce à son épouse, n’est pas toujours délivré et peut se transformer en vrai instrument de chantage. Une organisation de rabbins orthodoxes, en lien avec le Barreau d’Israël, a décidé d’agir en proposant des modifications. 


(Jérusalem/n.k.) – Alors que le monde juif célébrait la fête de Pourim, une nouvelle importante pour la situation de nombreuses femmes a été rendue publique début mars.

Il est désormais connu que le divorce juif pose des problèmes importants dans bien des cas. En effet, une femme qui souhaite divorcer de son mari doit recevoir de lui un document  attestant la séparation. Un document appelé « guett », que seul le mari peut décerner, sans quoi les époux sont toujours considérés comme mariés.

En Israël, en l’absence de mariage « civil », c’est donc la loi juive qui prévaut pour les mariages juifs. Impossible donc de se soustraire à ce que décrète la Halakha : pas de divorce sans le bon vouloir du mari.

Cela créé des situations très compliquées pour de nombreuses femmes qui se retrouvent séparées de fait, mais sans possibilité de se remarier et d’officialiser une nouvelle relation. Celles qu’on appelle les « agounot » (« enchainées ») peuvent être considérées comme coupables d’adultères si elles entretiennent une nouvelle relation sans avoir préalablement reçu le précieux guet. En plus de l’adultère, les enfants d’un tel couple seront considérés comme « Mamzerim », « bâtards ».
Comme on peut s’y attendre, un tel sésame est trop souvent utilisé comme objet de chantage par les maris.

Comment sortir de ces situations délicates ? Bien souvent les femmes sont obligées de payer  des  sommes conséquentes en échange du guet.

En Israël, le Beit Din (tribunal religieux) semble être fidèle au passé, en ayant la possibilité de punir sévèrement les hommes qui exerceraient un tel chantage. Il y a 800 ans en effet, l’homme qui refusait la délivrance du guet pouvait être battu. Aujourd’hui, les tribunaux peuvent demander l’incarcération pour un tel préjudice. Une sanction qui n’est cependant que très rarement adoptée.

La loi juive quant à elle reste théoriquement sévère à l’égard de tels actes, puisque les sanctions sont normalement l’interdiction faite aux époux récalcitrants de participer au quorum de dix juifs nécessaire à la prière, et la privation d’obsèques selon la tradition juive.

Pour éviter cela, la solution empruntée est souvent de se « réfugier » à l’étranger où aucune instance ne pourra poursuivre de tels abus.

Pour remédier à ces dysfonctionnements particulièrement handicapants pour les épouses juives, une initiative sans précédents a été lancée début mars.
Conjointement proposée par l’association du Barreau d’Israël et l’organisation de rabbins orthodoxes Tzohar, la solution consisterait en un assouplissement juridique de la sévère Loi juive.

Le groupe de rabbins souhaiterait pouvoir rationaliser l’action des tribunaux religieux, en créant un nouveau type de contrat de mariage.

Il s’agirait en effet de signer un contrat pré-nuptial dans lequel les époux s’accordent préalablement sur la façon dont un éventuel divorce pourrait se dérouler. Ainsi le mari qui refuserait d’accorder le divorce à sa femme serait-il obligé de payer une lourde aide financière de compensation.

Ce contrat permettrait d’arriver à un compromis entre le strict respect de la loi juive et un premier essai de mariage plus laïcisé.

Comme le reconnaît le rabbin David Stav, le président de Tzohar, « personne ne mérite de rester enchaîné dans un mariage terrible avec un couteau sous la gorge. Cet accord peut et doit devenir la norme dans la société israélienne pour s’assurer que la fin d’un mariage et la séparation d’avec votre partenaire soient traitées avec respect et dignité ».

Le fait qu’un contrat-type ait vu le jour est un succès en soi, tant la question divise depuis des années. Reste maintenant à faire accepter une telle idée à l’ensemble de la communauté juive. Compte tenu de la multiplicité des sensibilités du judaïsme c’est mission quasi-impossible.

Sur le sujet du Guet, voir l’excellent film de Shlomi et Ronit Elkabetz « Le procès de Viviane Amsalem ».