Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Des histoires de cochons !

Marie-Armelle Beaulieu
30 mai 2015
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À la une du numéro 637 de Terre Sainte Magazine


Quand un numéro de Terre Sainte Mag n’a pas de dossier, la question se pose de savoir quelle photo on choisira en couverture. Avec quatre portraits ou rencontres dans cette édition, le choix était plus restreint… Allait-on oser ? Allons soyons fous ! Un cochon à la Une.

Qui saurait dire, parmi nos lecteurs, pourquoi le cochon est déclaré impur dans le judaïsme ? La loi qui l’édicte est dans le livre du Lévitique (Lv 11, 1-8) : “Le Seigneur parla à Moïse et à Aaron, et leur dit : Parlez aux fils d’Israël : parmi tous les animaux qui sont sur la terre, voici ceux que vous pourrez manger. Tout animal qui a le sabot fourchu, fendu en deux ongles, et qui rumine, vous pourrez le manger. Cependant, parmi les ruminants et parmi les animaux ayant des sabots, vous ne pourrez pas manger ceux-ci : le chameau car, bien que ruminant, il n’a pas le sabot fourchu, il est impur pour vous (…) le lièvre car, bien que ruminant, il n’a pas le sabot fourchu, il est impur pour vous ; et le porc car, bien qu’ayant le sabot fourchu, fendu en deux ongles, il ne rumine pas, il est impur pour vous. Vous ne mangerez pas de leur chair ni ne toucherez leur cadavre, ils sont impurs pour vous.” Il est à noter que si l’islam a suivi le judaïsme en déclarant le cochon impur, il ne l’a pas fait pour le chameau.

Le cochon, ou son cousin le sanglier, peut aussi réserver des surprises, voire des frayeurs quand, lors d’une promenade dans la nature d’Aboud, deux spécimens de belle taille et sortis de nulle part, battent la campagne dans une poursuite effrénée l’un de l’autre. Des sangliers sauvages en Palestine ? Selon un habitant d’Aboud : “Les sangliers avaient été éliminés du pays sous les Ottomans. Ceux-là ont été introduits sur nos terres par les colons pour que nos récoltes soient endommagées. Et ils font des ravages.” Paranoïa ou vérité ?

La presse israélienne de son côté se fait l’écho de l’usage de cochons dans l’armée au motif de sécurité et avec une permission spéciale du rabbinat (1). Leur flair serait beaucoup plus fin que celui des chiens et décèlerait les traces d’explosifs plus efficacement.

Le cochon utile, c’est aussi le thème du très surprenant film Le cochon de Gaza sorti en 2011. Une tragi-comédie qui voit un pêcheur gaziote remonter dans ses filets un cochon. Musulman, il l’a en horreur, mais couvert de dettes, il va chercher à en tirer parti même à Gaza fut-ce au prix d’entretenir des relations avec des juifs. La fin est improbable et pleine de bons sentiments, mais avant cela le film est assez original pour se laisser voir.

Les franciscains eux aussi ont eu leur propre porcherie, à Bethphagé. De nos jours, ils ont renoncé à l’élevage mais pas à la salaison. Plusieurs frères aux origines variées, polonaise, argentine et jordanienne, régalent leurs communautés de leurs jambons servis lors des repas de fête.

Pour un pays où il est honni, il nous est apparu que le cochon tenait son rang avec opiniâtreté. De vraies têtes de mules ces cochons !

(1) Jérusalem Post

Dernière mise à jour: 19/11/2023 11:37