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Louxor: la cathédrale St Georges va renaître de ses cendres

Christophe Lafontaine
2 août 2017
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Grâce à l’Aide à l’Eglise en Détresse, la cathédrale copte-catholique Saint-Georges de Louxor en Egypte va être reconstruite. Encouragements pour les chrétiens souvent pris pour cible.


 « Une plaie ouverte au cœur de notre diocèse. » C’est en ces termes que l’archevêque Emmanuel Bishay, évêque copte-catholique de Louxor en Egypte, décrivait l’an dernier à l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) les ravages de l’incendie qui démolit la cathédrale Mar-Girgis (Saint-Georges). A l’aube du 21 avril 2016, un incendie dont l’origine n’est toujours pas élucidée à l’heure actuelle, dévora par ses flammes l’ensemble de l’édifice religieux causant des dommages matériels considérables et irréparables. Il n’y eut aucune victime humaine.

A l’initiative de la branche italienne de l’Aide à l’Eglise en Détresse, fondation de droit pontifical, une campagne de collecte a été récemment lancée pour reconstruire de fond en comble la cathédrale des coptes-catholiques de Louxor, l’antique cité égyptienne de Thèbes, dans la vallée du Nil. A quelque 700 km au sud du Caire. Le projet de reconstruction a été approuvé par les autorités locales et largement encouragé par le patriarche copte catholique Mgr Ibrahim Sidrak.

L’édifice pouvait accueillir jusqu’à 4500 fidèles et accueillait les grands événements du diocèse. Le dernier en date fut la messe d’obsèques de Mgr Johannes Zakaria décédé inopinément le 27 décembre 2015. L’ordination en juin 2016 de son successeur, Mgr Emmanuel Bishay (pasteur de 20 000 fidèles répartis en 22 paroisses) n’a pas pu avoir lieu dans la cathédrale brûlée. En attendant de revoir la cathédrale renaître de ses cendres tel un phénix, les fidèles sont tenus de célébrer la messe dans une salle voisine, qui ne dispose toutefois que d’un tiers de la capacité de Saint-Georges. Pour cette raison, beaucoup de fidèles ne sont pas venus aux messes de Noël et de Pâques parce qu’ils savaient qu’ils ne trouveraient pas de place, a déploré l’évêque du lieu. La reconstruction permettra alors aux coptes-catholiques de se rassembler à nouveau dans un lieu digne rejoignant ainsi les 27 prêtres et 67 religieuses qui animent la communauté de fidèles autour des événements clefs du diocèse : rencontres avec les familles, rencontres avec les jeunes, formation des catéchistes, grandes messes solennelles…

Alessandro Monteduro, le directeur de l’AED en Italie a confié fin juillet au micro de Radio Vatican que le coût du chantier s’élèvera à environ 130-135 mille euros. Selon lui, l’initiative est née du désir de renforcer la foi d’une communauté qui souffre de « l’action de l’extrémisme islamique et du terrorisme en général.» Il s’agit aussi selon ses propres mots d’aider les familles chrétiennes sur le plan économique. De fait, l’attentat du 14 juillet dans la station balnéaire d’Hurghada, dans l’est de l’Egypte, très prisée des touristes européens et qui a causé la mort de deux allemandes, rappelle la vulnérabilité de l’activité touristique (baisses des réservations, annulation des hôtels, …)  dont vivent les chrétiens de la région.

Appel à la prudence

Le projet de reconstruction de la cathédrale est donc un signe d’encouragement « extrêmement important » a déclaré sur les ondes vaticanes Marc Fromager directeur de l’AED en France, pour les chrétiens en Egypte souvent éprouvés par des attaques ciblées et répétées. A noter que 10% seulement des 92 millions d’Egyptiens (à 90% musulmans sunnites) sont chrétiens. La majorité des coptes est orthodoxe, avec environ douze millions de fidèles. Les coptes catholiques représentent une petite minorité de 250 000 personnes, en Egypte et en diaspora. C’est une minorité dans la minorité. L’Eglise copte catholique compte 7 diocèses en Egypte.

Le 13 juillet, l’agence Reuters a rapporté que  les dirigeants coptes d’Egypte ont appelé leurs fidèles à annuler toutes les cérémonies et activités prévues en dehors des églises au mois de juillet pour des raisons de sécurité. Cet appel à la prudence a été lancé après l’attaque revendiquée en mai par le groupe Etat islamique (EI) contre un groupe de fidèles chrétiens qui se rendaient en pèlerinage dans un monastère copte du centre de l’Egypte. 29 personnes ont été tuées. Cette attaque, qui a eu lieu dans la province de Minya, intervenait après deux attentats suicide revendiqués par l’Etat islamique contre deux églises coptes ayant fait 44 morts au nord du Caire début avril, et une autre attaque suicide contre une église en plein cœur du Caire (29 morts) en décembre. Après la double attaque du jour des Rameaux, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait déclaré l’état d’urgence pour trois mois. Il a accusé les jihadistes de semer la division dans le pays en s’en prenant aux minorités. La minorité chrétienne est aux prises tous les jours avec deux besoins urgents: d’une part la survie économique après la crise du tourisme; d’autre part la conservation de la foi.