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Israël: découverte d’un site préhistorique de 500 000 ans

Christophe Lafontaine
10 janvier 2018
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Des archéologues de l’Université de Tel Aviv ont découvert un site préhistorique datant du paléolithique inférieur près de Jaljulia, avec l’Autorité israélienne des Antiquités qui en a fait l’annonce le 7 janvier 2018.


Assurément c’est une découverte majeure, rare et surtout très bien conservée. Un site préhistorique s’étendant sur 10 dunams (10 hectares) et datant d’un demi-million d’années a été mis à jour en Israël. Les recherches livrent plusieurs centaines d’objets témoignant du passage d’un Homo erectus dans la région de Sharon au centre du pays.

Les fouilles initiées en 2017 à l’occasion d’un projet de construction ont eu lieu près de la ville arabe israélienne de Jaljulia, le long de l’autoroute  6 qui traverse le pays du nord au sud ; l’un des axes routiers les plus empruntés d’Israël. A l’heure actuelle, seuls deux autres sites de la même époque préhistoriques sont connus en Israël. Ils se trouvent également dans le centre du pays : l’un dans le kibboutz Eyal, à cinq kilomètres au nord de Jaljulia, et le second, dans une grotte à environ cinq kilomètres au sud de la ville, à Qessem.

Traces de l’Homo erectus

Cette découverte par les archéologues de l’Université de Tel Aviv en collaboration avec l’Autorité israélienne des Antiquités (AIA) permet de comprendre le mode de vie des premiers habitants de cette zone ainsi que l’environnement de l’époque.  « Notre passé commun à tous est enseveli sous terre et nous avons une opportunité unique de voyager à travers un demi-million d’années pour mieux connaître ceux qui ont vécu ici avant nous », s’est réjoui dans un communiqué Ran Barkai, qui dirige le département d’archéologie de l’université de Tel Aviv. Dans ce même communiqué publié le 7 janvier 2018, l’Autorité des Antiquités israélienne qui se fait l’écho de cette découverte, déclare que les travaux menés ont révélé une « riche industrie lithique (ndlr : objets en pierre transformés par l’homme), comprenant notamment des centaines d’axes de silex ». En somme des outils caractéristiques de cette culture préhistorique.  « La quantité importante d’outils découverts dans ces travaux nous donne des informations capitales sur le mode de vie des hommes préhistoriques à l’époque du Paléolithique inférieur », ajoute le communiqué.  C’est-à-dire entre 200 000 et 1,5 million d’années avant notre ère. Une découverte qui a permis aux archéologues de la rattacher à la culture acheuléenne indiquant la présence plus que probable d’un Homo erectus, ancêtre direct de l’Homo sapiens, notre espèce humaine. Les outils caractéristiques de cette culture sont les bifaces et les hachereaux. Les premiers sont sculptés sur leurs deux faces pour rendre aigus les bords proches de leur pointe. Les hachereaux sont quant à eux des outils réalisés sur de grands éclats retouchés en préservant un tranchant brut très aigu à une extrémité.

D’après le communiqué de l’AIA, ces outils ont pu être utilisés pour découper de grands animaux, tels que des éléphants. Mais d’autres versions, indique les archéologues, affirment que ces pierres étaient utilisées comme « couteau suisse » à l’âge de pierre, et avaient d’autres utilisations comme la chasse, le travail du cuir, ou la taille de végétaux.

En tout état de cause, les outils en silex du site font preuve d’une « grande variété technologique », souligne Maayan Shemer, directeur des fouilles au nom de l’Autorité des Antiquités d’Israël.

Un cadre privilégié

L’Homo erectus était un chasseur-cueilleur. Il avait l’habitude de se rassembler avec ses pairs, de chasser sa nourriture et de se déplacer d’un endroit à l’autre en fonction de l’approvisionnement fourni par la région. L’environnement de Jaljulia offrait un l’époque un « cadre privilégié » selon l’Autorité des Antiquités propice à l’activité humaine. De fait, là, l’Homo erectus disposait de la présence d’un cours d’eau (probablement le Nahal Qaneh, qui coule maintenant à environ 500 m au sud du site), d’une faune et d’une flore diversifiée. De plus, l’eau charriait des nodules de silex depuis les collines, qui étaient ensuite utilisés pour fabriquer les outils sur place. Tous ces éléments en ont fait « un lieu fréquemment visité », d’après l’Autorité des Antiquités qui souligne que la superficie du site montre que la population en question avait une mémoire géographique et saisonnière du lieu.