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L’avenir des réfugiés palestiniens évoqué au Vatican

Christophe Lafontaine
20 mars 2018
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L’avenir des réfugiés palestiniens évoqué au Vatican
Le pape François lors de sa visite au camp de refugiés de Dheisheh (Palestine) en mai 2014 ©Nadim Asfour/CTS

Alors que l’UNRWA qui soutient les réfugiés palestiniens au Proche-Orient, tente de surmonter une crise financière aiguë, le pape a reçu et encouragé le 16 mars 2018 son commissaire général, Pierre Krähenbühl.


A l’occasion d’une audience privée, annoncée par un bulletin du Saint-Siège le 16 mars, le pape a exprimé « son profond respect pour le travail et l’engagement de l’UNRWA », indique pour sa part un communiqué de l’agence onusienne.  L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient traverse actuellement la plus grave crise financière de son histoire. Créée en 1949, l’organisation apporte aujourd’hui assistance en matière d’éducation et de santé à plus de trois millions de Palestiniens, sur les quelque cinq millions enregistrés comme réfugiés en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie, au Liban ou en Syrie. Les bénéficiaires sont soit les survivants ou les descendants des centaines de milliers de Palestiniens jetés sur les routes lors de la première guerre israélo-arabe en 1948 qui a suivi la création de l’Etat d’Israël.

L’agence doit actuellement faire face à un profond déficit qui dure depuis des années et à la récente baisse sévère du financement américain (son principal bailleur de fonds). Une décision annoncée par les Etats-Unis, le 16 janvier dernier, considérée par les Palestiniens comme un signe de représailles suite aux réactions de leurs dirigeants face à l’annonce du transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, le 6 décembre 2017.

L’UNRWA estime ainsi qu’elle n’aura plus assez de moyens pour faire fonctionner ses écoles et ses services médicaux à compter de la fin du printemps. Plus de 500 000 enfants étudient dans les écoles de l’UNRWA. L’agence emploie plus de 20 000 personnes au Proche-Orient, pour la plupart d’origine palestinienne.

L’espoir, un « ami qui ne t’abandonne jamais »

C’est à l’aune de ce contexte que le Suisse, Pierre Krähenbühl, le Commissaire général de l’UNRWA a décrit au Pape François l’avenir incertain de nombreux Palestiniens, en particulier les jeunes. Il a aussi  rappelé la nécessité pour le monde de confirmer les droits des réfugiés palestiniens. Précisant que « les risques d’interruption des services éducatifs » fournis par l’UNRWA ont été abordés lors de la rencontre avec le pape, ainsi que « la nécessité de respecter l’humanité et les aspirations des étudiants de l’UNRWA. »

Pour illustrer ses propos, Pierre Krähenbühl a présenté au Saint-Père un message d’une étudiante scolarisée dans un établissement de l’agence, Majd, âgée de 14 ans, qui s’adresse en vidéo au pape, soulignant l’importance qu’elle attache à son éducation et la peur de voir son école fermer à cause de la crise que traverse l’UNRWA. Pierre Krähenbühl a également montré au pape un livre de poésie appartenant à un étudiant de l’UNRWA, Ru’a. L’ouvrage a été découvert dans une école endommagée pendant le conflit de Gaza en 2014. Un des poèmes décrit l’espoir comme un « ami qui ne t’abandonne jamais » et qui « revient toujours ».

Le Pape, qui a visité un camp de réfugiés à Bethléem lors de son voyage en Terre Sainte en 2014, « a exprimé son admiration pour le courage des jeunes garçons et filles réfugiés », souligne le communiqué de l’UNRWA. Et a redit son attachement à la recherche d’une paix juste et durable en Terre Sainte fondée sur la solution des deux Etats.

Conférence des donateurs

Cette audience privée au Vatican intervenait lors du séjour de Pierre Krähenbuhl à Rome, après la tenue jeudi 15 mars d’une conférence internationale des donateurs pour l’UNRWA dans la capitale italienne. Cette conférence ministérielle, co-organisée par la Suède, l’Égypte et la Jordanie visait à remobiliser la communauté internationale en vue de trouver les moyens à mettre en œuvre afin de combler le déficit budgétaire de l’agence et surtout de pallier la réduction des versements financiers américains. En 2018, l’administration Trump n’a alloué que 60 millions de dollars à l’UNRWA alors que les Etats-Unis lui avaient versé 360 millions en 2017, soit près de 30% du financement total de l’agence.

Cette même année, son déficit s’était élevé à 126 millions de dollars, mais l’UNRWA avait réussi à le ramener à 77 millions grâce à l’intervention de bailleurs de fonds.  Pierre Krähenbühl, a expliqué lors de la conférence ministérielle tenue à Rome que l’agence cherchait 441 millions de dollars (361 millions d’euros) pour poursuivre ses activités.