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Des inondations meurtrières touchent la Terre Sainte

Christophe Lafontaine
27 avril 2018
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Des inondations meurtrières touchent la Terre Sainte
Des hélicoptères militaires ont balayé le wadi de Nahal Tzafit près de la mer Morte dans le sud d'Israël, le 26 avril 2018 à la recherche des étudiants emportés par les eaux de pluie. ©Maor Kinsbursky / Flash90

Au moins 12 personnes en Israël et Cisjordanie sont mortes depuis le 25 avril à cause de pluies diluviennes, causant d’importantes crues dans les wadis du désert. Ce qui est exceptionnel pour cette période de l’année


Israël et les Territoires palestiniens ont été témoins d’intenses précipitations depuis mercredi. Le mauvais temps devrait se poursuivre jusqu’au vendredi 27 avril selon les prévisions après trois jours d’orages, de grêle et de pluie qui se sont abattus du nord au sud de la Terre Sainte.

Un adolescent bédouin de 17 ans a péri mercredi dans le désert du Néguev, à Yeruham dans le sud d’Israël, emporté par les eaux. Le même scénario a causé la mort d’une Palestinienne du même âge en Cisjordanie, à l’est de la ville de Bethléem.

Hier, jeudi 26 avril la montée des eaux a coûté la vie à neuf  jeunes filles et un jeune homme (tous âgés de 18 ans) de l’académie pré-militaire Benny Tzion de Tel Aviv. Ils faisaient partie d’un groupe de 25 étudiants qui participaient à un programme de préparation à l’armée dans le désert de Ha’Arava. Ce dernier étant une partie de la vallée du grand rift située entre la mer Morte au nord et le golfe d’Aqaba au sud.

Dans une démarche de cohésion et d’intégration, les 10 étudiants randonnaient avec leurs coreligionnaires dans le Nahal Tzafit, un wadi (ou oued), où ils ont été emportés par des flots torrentiels et soudains, ont indiqué les médias et la police. L’un des adolescents ayant survécu a raconté qu’il avait vu une vague haute de trois mètres engloutir certaines des victimes.

Les wadis dormants sont réputés pour être dangereux et impétueux en cas d’intempéries. Pendant les pluies, les écoulements ne pénètrent pas le sol, mais roulent dans les wadis et des crues brutales peuvent alors se lever et transformer de manière spectaculaire ces lits de rivière – secs une grande partie de l’année – en piège mortel charriant eaux et boue. Il n’est pas rare que des pluies tombées deux-trois jours auparavant en amont puissent s’accumuler sur les hauteurs et quelques jours plus tard débouler plus bas sous la forme de raz-de-marée dans les wadis à contre-temps sous un ciel pourtant serein et prenant de court, en l’espace de quelques minutes, des randonneurs en excursion.

Une porte-parole de la police, Merav Lapidot, a affirmé à la télévision israélienne que « les consignes pour éviter ce genre de drame (n’avaient) pas été respectées. » Une fois l’alerte donnée, une vaste opération de sauvetage a été déclenchée, impliquant des hélicoptères, des unités de la police et de l’armée et les secours.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a suivi de près les opérations de secours menées par les forces de sécurité, ainsi que le président Reuven Rivlin, ont présenté leurs condoléances aux familles des victimes. « L’Etat d’Israël porte le deuil de ces jeunes vies prometteuses qui ont été interrompues par cette tragédie dans l’Arava », a écrit Benjamin Netanyahu sur Twitter. Les responsables en charge des étudiants ont été interpelés.

Dégâts et paralysie

Ces conditions météorologiques difficiles et rares pour la saison – Tel Aviv et Jérusalem étaient sous des grêlons de l’ordre de 1 à 2 cm mercredi –  ont provoqué de lourdes pertes matérielles et des accidents de route, en particulier dans le sud d’Israël. Jeudi soir, un autobus a été renversé par une autre crue brutale sur une route dans le Néguev, sans faire de victime, a annoncé la police. Des rues de Jérusalem ou Tel Aviv ont été inondées forçant des conducteurs à abandonner leurs véhicules coincés dans les eaux.  

Au centre d’Israël, à Rishon Letzion, la quatrième plus grande ville d’Israël, un plafond s’est effondré dans un centre commercial, ne faisant aucune victime.

A Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville sainte, un pan du mur de séparation en béton de plus de trois de mètres de haut construit par Israël s’est effondré dans le secteur situé entre le camp de réfugiés palestiniens de Shuafat et la colonie israélienne de Pisgat Ze’ev, a constaté un photographe de l’AFP. 

La Route 90, principale route qui relie le nord du pays au sud, a été fermée au niveau de l’échangeur d’Arava, à proximité de l’endroit où la sortie scolaire a eu lieu.

Mercredi, c’est la  Route 40, au sud de la ville de Mitzpe Ramon qui avait été fermée par les autorités par les autorités du fait des craintes d’inondations soudaines dans les lits de rivière du désert traversés par la route. L’aéroport Sde Dov (principalement utilisé pour des vols moyen-courrier en Israël) dans le nord de Tel Aviv a été brièvement fermé ainsi que celui d’Eilat, au sud d’Israël. 8,5 millimètres d’eau sont tombés sur la station balnéaire, un niveau de précipitations rarement enregistré.

Le périphérique de Tel Aviv a  été également fermé. Les rues de la ville blanche se sont vues transformées en torrent dans un pays où les infrastructures ne sont pas prévues pour faire face à telles pluies.

Ces précipitations vont aussi coûter cher à l’agriculture, du fait de leur intensité.