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Droit au retour, ceux qui disent oui

Elisa Pinna
24 avril 2018
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Alors que dans la bande de Gaza, il y a des manifestations répétées pour le droit des réfugiés palestiniens de retourner sur leurs terres, un sondage mené auprès d'un échantillon d'Israéliens indique que tout le monde ne serait pas contre.


Une récente enquête d’opinion réalisée par un institut de recherche israélien, le Geocartograhy Knowledge Group, révèle de manière surprenante que le problème du retour de 700 000 réfugiés palestiniens forcés d’abandonner leurs terres en 1948 n’est pas complètement éliminé ou rejeté par la population juive. Sur un échantillon de 500 juifs israéliens interrogés, 16,2% ont déclaré qu’ils ne s’opposeraient pas à un retour des Palestiniens et même de leurs millions de descendants, à condition que cela se fasse pacifiquement.

Bien sûr, c’est un pourcentage minoritaire. Le même chiffre vu à l’envers signifie que  83,8%  des interrogés ne veulent même pas considérer l’hypothèse. Cependant, ce taux donne à réfléchir, surtout par rapport à l’approche du gouvernement de Benjamin Netanyahu à l’égard des manifestations populaires organisées ces dernières semaines à Gaza, quant à la demande du droit au retour. A partir du 30 mars, tous les vendredis, jour de protestation, les tireurs de l’armée israélienne pointent leurs fusils à hauteur d’homme (la règle d’engagement des deux dernières semaines parle de la hauteur des jambes) contre la plupart des gens désarmés, coupables de trop approcher la barrière de division, peut-être de mettre le feu aux pneus des voitures. Le bilan compte déjà plus de trente morts, dont des enfants, et des milliers de Palestiniens blessés. Tout cela dans la quasi-indifférence du public israélien et dans l’embarras de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est limité à invoquer une commission d’enquête, sur laquelle le veto américain a été rapidement placé.

La question du droit au retour, qui a fini aux oubliettes même dans les années 1990 alors que se négociait une solution au conflit israélo-palestinien, a été relancée par le Hamas, coïncidant avec les célébrations en Israël du 70ème anniversaire de la naissance de l’Etat hébreu. Le 14 mai 1948 signifie pour les Palestiniens la Nabka, la catastrophe, la défaite et la perte de maisons, de villages, de possessions, de villes. Et aussi depuis Haïfa, qui représentait à l’époque un centre et un port maritime plein de vie, de commerce et de culture, 60 000 Palestiniens ont été forcés par l’armée israélienne à fuir vers Gaza, où leurs descendants sont toujours pris au piège.

Dans ce contexte, le fait qu’il y ait une minorité de juifs israéliens qui n’a pas complètement effacé le drame de centaines de milliers de Palestiniens qui en 1948 sont devenus des réfugiés à vie, laisse au moins une lueur d’espoir, disent les pacifistes du magazine numérique Israélien +972 (titre faisant référence à l’indicatif téléphonique du pays).

La recherche du Geocartograhy Knowledge Group demande aux personnes interrogées si elles sont disposées à soutenir le retour « dans des conditions pacifiques », des réfugiés palestiniens ; en précisant que la population concernée a été multipliée par dix, en 70 ans, passant de 700 000 personnes à 7 millions. Une donnée, la dernière, qui ne facilite certainement pas les choses. Pourtant, il semble exister un noyau dur de juifs prêts à la paix, même si – étant donné le petit échantillon de l’enquête – il ne peut y avoir de certitudes absolues. Dans  les 16,2% des personnes qui ont répondu « oui », les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes ; chez les jeunes âgés de 18 à 34 ans, le pourcentage des personnes favorables passe à 25,1%, alors qu’il est de 7,3% entre 35 et 55 ans pour atteindre 15,1% au-delà de 55 ans. Les juifs les plus riches sont plus ouverts au retour des Palestiniens (21,9%), ainsi que des laïcs (22,3%) contre 5,2% des ultra-orthodoxes.

Déjà en juillet 2017, le Smith Institute, en collaboration avec Israel Social TV, avait sondé sur le sujet, interrogeant 400 juifs israéliens dans le nord du pays. La question était plus accommodante: « Soutenez-vous le retour des Arabes pour vivre sur les terres où ils vivaient avant 1948, à condition qu’il n’y ait pas de résidents juifs dans ces régions? »  26% ont dit qu’ils étaient favorables. Dans ce cas aussi, les femmes étaient deux fois plus  nombreuses que les hommes à s’exprimer dans ce sens.