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Une seconde paroisse à Jérusalem en débat

Christophe Lafontaine
3 mai 2018
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Une seconde paroisse à Jérusalem en débat
Procession paroissiale en vieille ville de Jérusalem ©Nadim Asfour/CTS

Dans une lettre du 3 mai, l’Administrateur apostolique du Patriarcat Latin, face aux défis urbains et sociaux de la ville sainte, réfléchit à renforcer la vitalité de la communauté locale. Et veut clarifier les choses.


« Les Lieux Saints et la présence de nombreux pèlerins ne suffisent pas à affirmer le caractère chrétien de la Cité », affirme Mgr Pizzaballa dans une lettre datée du 3 mai 2018. Et l’Administrateur apostolique du diocèse de Jérusalem d’ajouter que « sans la présence d’une communauté locale vivante et active, il ne peut y avoir d’Eglise. »

Selon lui, la paroisse latine de Jérusalem a en ce sens un appel tout particulier. Historiquement, parce qu’elle est tout simplement la première paroisse du diocèse. Symboliquement, parce qu’elle porte aussi la « mémoire vivante de la mort et de la résurrection du Christ » rendue visible par ceux qui forment la communauté locale. C’est pourquoi la lettre de Mgr Pizzaballa (publiée sur le site du diocèse) est adressée non seulement au curé de la paroisse latine de Jérusalem (le père Nerwan Al-Banna) mais aussi à tous les autres prêtres, religieux et fidèles qui la composent. Le nombre de fidèles catholiques latins de la paroisse avoisine la demie dizaine de milliers de fidèles et compte un diacre permanent. La paroisse comprend quatre clochers : Saint-Sauveur (en Vieille Ville), Saint-Jacques à Beit Hanina, l’église des Rameaux à Beth Phagé, et l’église de Beit Safafa.

Cela étant, pastoralement, l’ancien Custode de Terre Sainte pose le constat qu’ « il reste encore beaucoup à faire. » S’il ne manque pas de saluer l’accompagnement spirituel et humain des franciscains dans le développement de la paroisse depuis ses débuts, il est conscient que le territoire paroissial a beaucoup évolué ces dernières années. Et les exigences sont d’autant plus élevées.

A l’origine, rappelle l’ancien Custode de Terre Sainte, la paroisse latine était concentrée dans la vieille ville et ses environs proches. Elle s’est adaptée aux transformations et évolutions urbaines et sociales de Jérusalem. A l’instar de l’extension de la ville, l’élargissement du territoire paroissial s’est de facto confirmé pour s’étendre jusqu’à des quartiers comme Kafar Aqab, Er-Ram, Beit Hanina (au nord), Betphagé, Béthanie (à l’est), Beit Safafa (au sud-ouest).

A cette dispersion des fidèles résidant dans des quartiers éloignés et loin des lieux de culte, s’impose un défi pastoral plus compliqué, explique Mgr Pizzaballa. Car « d’une part, écrit-il, il est difficile pour les prêtres d’atteindre convenablement tous ces lieux et, d’autre part, il est difficile pour les gens d’atteindre ces lieux de culte et de réunion. »

Clarifications
C’est pourquoi Mgr Pizzaballa fait part dans son courrier de réflexions qui ont commencé dans « diverses entités diocésaines. » L’objectif étant d’assurer un service pastoral de qualité à tous, là où ils vivent. Et c’est dans cette optique que la question de créer une seconde paroisse à Jérusalem, dans le but de renforcer la présence sur le territoire, a été évoquée.

L’Administrateur apostolique dit cependant entendre les craintes de certains fidèles qui ont pu ou cru voir dans cette solution un lien avec les derniers développements politiques et fiscaux (et même immobiliers) qui ont agité la ville.

Pour Mgr Pizzaballa, loin s’en faut. Il s’en défend d’ailleurs clairement : « Je peux vous assurer que cela n’a jamais été pris en considération et n’a jamais été la base de nos évaluations. » Et d’insister : « Honnêtement, je doute que les autorités politiques soient intéressées ou même influencées par nos décisions pastorales. Cependant, à cause de tout cela, j’ai compris qu’il est bon et sage d’écouter et de prendre en considération toutes les observations à cet égard. »

Souhaitant calmer les esprits des paroissiens latins de Jérusalem, l’Administrateur apostolique déclare qu’ « il n’y a pas d’intention et il n’y a pas de raison de prendre des décisions contraires au sentiment commun de la communauté paroissiale. » Ouvert à la discussion, il espère avoir la possibilité de pouvoir rencontrer dans les semaines qui viennent tous les fidèles. « Nous cherchons des solutions : que ce soit pour créer une nouvelle paroisse à Jérusalem, ou d’autres solutions qui peuvent aider la communauté de Jérusalem et l’Eglise à réfléchir à leur présence dans la ville sainte et à la fortifier. Cette réflexion est toujours ouverte, et il est important que vous en fassiez partie », conclut-il.