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Une amulette de la période abbasside retrouvée à Jérusalem

Christophe Lafontaine
23 juin 2018
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Une amulette de la période abbasside retrouvée à Jérusalem
L'amulette abbasside ©Eliyahu Yanai/City of David Archives

Des archéologues israéliens ont déterré à Jérusalem une amulette en argile vieille de 1000 ans. L’Autorité des Antiquités d’Israël a annoncé la semaine dernière qu’une prière en arabe est gravée sur l’artéfact. Zoom.


Une vidéo de l’Autorité des Antiquités d’Israël relate la rare découverte d’une amulette islamique à Jérusalem datant des 9ème-10ème siècles. C’est-à-dire en pleine période des Abbassides. Une dynastie arabe sunnite qui gouverna le monde musulman de 750 à 1258. De l’Afrique du Nord à l’ouest, à l’Arménie et à l’Afghanistan, à l’est. Le califat abbasside aura régné sur la Terre Sainte, de 750 à 969 après J.-C. C’est grâce à l’inscription gravée sur la pièce dans la calligraphie typique de la troisième période du califat abbasside, rapporte Haaretz, que l’artéfact a pu être daté d’il y a environ 1000 ans. C’est à dire à l’apogée de la dynastie. En outre, la structure dans laquelle elle a été récupérée recelait d’autres tessons de poterie brisés, dont une lampe à huile intacte et encore marquée de suie, eux aussi caractéristiques de cette époque.

Le minuscule et fragile objet d’argile d’un centimètre de diamètre seulement – équialent à celui d’une pièce de 1 shekel – a été retrouvé lors d’une fouille conjointe menée par l’Université de Tel Aviv et l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) qui en fait l’annonce le 14 juin. La découverte a eu lieu dans le parking de Givati à l’extérieur de la vieille ville de Jérusalem, adjacent à la Cité de David. L’un des sites historiques les plus anciens des environs.

L’inscription sur l’artéfact est clairement religieuse. Elle suggère que l’amulette était destinée à apporter des bénédictions à son propriétaire. C’est ce qu’ont déclaré les directeurs des fouilles, le Professeur Yuval Gadot de l’Université de Tel Aviv et le Docteur Yiftah Shalev de l’Autorité des Antiquités d’Israël, au vu de la  « la taille de l’objet », de « sa forme », et du « texte » qui y est gravé.

Protection contre le mauvais œil

« Depuis des temps immémoriaux, le but des amulettes comme celles-ci est de chercher une protection contre le mauvais œil », a déclaré Yiftah Shalev, de l’AAI, au journal israélien Haaretz. Ainsi, la minuscule pièce d’argile appartenait à un homme nommé Karim qui vivait dans la ville sainte il y a plus de mille ans et qui cherchait la protection d’Allah. Deux lignes apparaissent sur la pièce : « Karim a foi en Allah, le maître des mondes est Allah ». D’après le communiqué de presse de l’AAI, le premier libellé est semblable aux phrases trouvées sur d’anciens sceaux de la période abbasside (généralement en pierres semi-précieuses) et aux inscriptions qui se trouvaient le long de la route qui menait les pèlerins musulmans à la Mecque entre les 8ème et 10ème siècles. La deuxième ligne, quant à elle, est érodée mais son interprétation est basée sur des formulations similaires à celles qui apparaissent sur les sceaux personnels de cette époque ou qui correspondent à plusieurs versets du Coran.

Dans un entretien donné au Times of Israel, le co-directeur des fouilles Yiftah Shalev a déclaré qu’il n’y a pas de trou pour une ficelle, laissant supposer que c’est un objet personnel ou une amulette plutôt qu’un pendentif ou une empreinte de sceau utilisée pour fermer et authentifier des documents ou des sacs en tissu, comme cela a été découvert ailleurs à d’autres époques. Selon les chercheurs, « on peut supposer qu’elle a été placée dans un bijou ou placée dans une sorte de récipient », peut-on lire dans le communiqué de l’AAI.

Quoi qu’il en soit, ce qui fait la rareté de l’amulette c’est sa taille minuscule et sa composition en argile.

Il y a très peu d’exemples de telles amulettes ; l’argile s’effritant facilement s’il n’est pas protégé. En sus, les amulettes, généralement, ne contenaient qu’une seule ligne.

Cependant, les archéologues ignorent si le propriétaire de l’amulette, Karim, l’a perdue ou si elle a été volontairement placée dans le sol – entre des couches de plâtre – de sa maison ou de son atelier. En guise de protection. Tel un talisman.

La petite pièce dans laquelle a été retrouvée l’amulette contenait aussi un four. Les chercheurs ont déclaré dans leur communiqué de presse qu’il était difficile de déterminer le but initial de cet endroit. Cependant, « il est intéressant de noter que plusieurs installations indiquent des activités de cuisson qui ont eu lieu ici », peut-on lire dans le communiqué de l’AAI. Ajoutant que « des structures modestes de la même période ont été trouvées dans des excavations antérieures sur le même site, y compris des maisons résidentielles entrecoupés de magasins et d’ateliers. Il est raisonnable de supposer que cette structure a été utilisée dans le cadre de cette même zone industrielle. »

Les fouilles sur le site, menées par l’AAI et l’université de Tel Aviv, avaient de fait déjà trouvé les restes d’un grand marché, au-dessus duquel des maisons plus récentes et de petites industries avaient été érigées.