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Le Saint-Siège veut refaire du Liban un pays de pèlerinage

Christophe Lafontaine
16 juillet 2018
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Le Saint-Siège veut refaire du Liban un pays de pèlerinage
Vue panoramique de l'église et du monastère Saint Charbel à Annaya au Liban © Paul Saad / Wikimedia Commons

Selon la presse libanaise, le Vatican va remettre le pays du Cèdre sur la liste des pays de pèlerinage catholique en 2019. Un choix bienvenu après la sortie de la première application pour le tourisme religieux au Liban.


La bonne nouvelle aux autorités libanaises vient du chargé d’affaires libanais près le Saint-Siège, Khalil Karam. Le diplomate a en effet annoncé que le Vatican avait décidé que son pays, qui a donné trois grands saints et un bienheureux à l’Eglise, allait réintégrer la liste des destinations officielles de pèlerinage catholique en 2019. C’est en tous les cas ce que les médias libanais ont rapporté le vendredi 13 juillet 2018.

Le Liban rejoindra ainsi, entre autres, des pays comme l’Italie (Rome), la France (Lourdes), le Portugal (Fatima). Ou encore la Terre Sainte (dans le sens géographique restreint d’Israël-Palestine-Jordanie). Au total, la liste du Vatican compte une vingtaine de pays, principalement européens.

Chaque année, le Vatican publie cette liste. Mais cela fait 12 ans que le pays du Cèdre n’y figurait pas, souligne l’Agence nationale d’information (Ani) au Liban.

D’après L’Orient-Le jour, « l’évolution de la situation politique au Liban et la stabilisation de ses institutions semblent avoir joué en faveur d’une [telle] décision. » Le président libanais Michel Aoun avait soulevé la problématique lors de sa dernière visite officielle au Saint-Siège, en mars 2017. Après quoi, explique le site chrétien d’information arabe, abouna.org, le diplomate libanais Khalil Karam avait établi un suivi sur cette question-là avec Don Remo Chiavarini, le directeur général de l’Opera Romana Pellegrinaggi (ORP), organisme du Saint-Siège qui officie comme une sorte d’agence de voyage, gérant les pèlerinages dans les principaux sanctuaires en Italie et dans le monde. Khalil Karam aurait non seulement présenté à l’ORP les différents lieux que les pèlerins pourront visiter mais aussi les hôtels et infrastructures dont ils pourront profiter.

Une app’ en produit d’appel

Comme l’Egypte ou la Jordanie, le Liban – cité près de 100 fois dans la Bible – fait partie de ses pays qui savent que le tourisme religieux peut-être salutaire pour leur économie. La décision du Vatican de réintroduire le Liban dans les destinations officielles des pèlerinages catholiques tombe d’ailleurs plutôt assez bien quelques jours après le lancement de la première application électronique – gratuite –  pour le tourisme religieux au Liban. Dénommée « Holy Lebanon », elle a été mise en service le 7 juin dernier, sous le copatronage des ministres de l’Information et du Tourisme, Melhem Riachi et Avédis Guidanian. Elle est « sans doute la base de données la plus complète pour le tourisme religieux multiconfessionnel au Liban », écrit L’Orient-Le Jour.

D’après le quotidien libanais, « l’application [comprend] des informations détaillées sur les lieux de culte chrétiens et musulmans au Liban, sur le culte des saints, les rituels, les cérémonies et fêtes religieuses, ainsi que les plats et douceurs servis en ces occasions, les hébergements et restaurants religieux, les produits et les attractions religieuses. »

D’autre part, un calendrier permet aussi de suivre  les dates des fêtes de saints, des célébrations religieuses diverses.

Sur le domaine chrétien, le Liban, dont le sol fut foulé par Jésus, compte de nombreux monastères (et pas seulement dans la célèbre vallée de la Kadisha, la fameuse vallée sainte) ainsi que de nombreux sanctuaires dédiés à la Vierge Marie, mère de Jésus dont le plus emblématique est certainement celui de Notre-Dame du Liban à Harissa dominant Jounieh à 20 km au nord de Beyrouth.

Les saints du pays ne sont pas en reste : à Annaya (Jbeil, l’ancienne Byblos à 40 km au nord du Liban) les pèlerins font mémoire de Saint Charbel, à Jrabta (Batroun au nord du pays) et à Hemlaya (où un sanctuaire est en voie de construction) sainte Rafqa est vénérée. Et c’est à Kfifane (aussi à Batroun) qu’un sanctuaire est dédié à saint Nimetullah al-Hardini ainsi qu’au bienheureux  Estéfan Nehmé.

Béchouate est aussi un vrai centre de pèlerinage incontournable. Cette bourgade maronite dans la plaine de la Bekaa a été le théâtre en 2004 d’une apparition de la Vierge. Le principal témoin est un enfant musulman sunnite de nationalité jordanienne. Depuis lors, chrétiens et musulmans viennent prier dans cette petite église. Des guérisons ont été attestées et pour être compris par ailleurs, l’événement surnaturel doit être replacé dans son contexte politique et social, marqué, entre autres, par le développement du hiwâr, dialogue islamo-chrétien. Entre 2004 et 2006, 1 million de pèlerins auraient convergé vers le sanctuaire !

Le Liban est cher  aussi au cœur des papes. Trois d’entre eux s’y sont rendu ces cinquante dernières années. Le premier fut Paul VI qui fit escale à Beyrouth, le 2 décembre 1964, sur son chemin vers Bombay. Jean-Paul II est venu à deux reprises en 1979 puis en 1997.  Benoît XVI a quant à lui visité le Liban en septembre 2012 pour y délivrer son Exhortation apostolique de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du synode des Evêques. Si le pape François ne s’y est pas (encore ?) rendu, il a néanmoins déjà sa statue à Hadeth, au sud de Beyrouth…