Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Un jeune libanais, Fathi Baladi, sur la voie des autels

Christophe Lafontaine
7 novembre 2018
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Le 30 octobre 2018, l’archevêque grec-catholique de Beyrouth (Liban) a annoncé l’ouverture du procès diocésain en béatification du jeune chrétien Fathi Baladi, mort en martyr durant la guerre civile au Liban (1975-1990).


« Je suis heureux de vous informer que le Saint-Siège ne voit aucune objection ». Le Cardinal Angelo Becciu, Préfet de la Congrégation pour la cause des saints au Vatican, a autorisé dans un courrier daté du 10 septembre dernier, l’ouverture au Liban du procès en béatification de Fathi Abboud Baladi, mort en odeur de sainteté, après avoir été assassiné à l’âge de 19 ans, il y a près de 40 ans, cinq ans après le début de la guerre civile au Liban qui dura 15 ans. Et c’est sans doute poussé par le vent de la Toussaint et celui du Synode sur la jeunesse, que le 30 octobre, l’archevêque grec-catholique de Beyrouth, Mgr Cyrille Bustros, en a fait l’annonce, lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’archevêché à Beyrouth. Conférence relayée en direct par Noursat (Télé Lumière), la première télévision chrétienne au Liban et au dans le monde arabe.« Par son martyre, Fathi Baladi est un serviteur de Dieu (…) Fathi Baladi est un signe pour tout jeune qui a donné sa vie durant la guerre libanaise, témoignant des valeurs morales et humaines et de sa foi, et la confirmant par la même occasion. », a-t-il déclaré.

Une enquête, au niveau diocésain, consistera à « établir les éléments de sainteté de la vie de Fathi Baladi, son enfance et son éducation, ses années scolaires et le témoignage de ses camarades, ses vertus, sa réputation de sainteté, l’authenticité des documents déjà rassemblés, etc. », a expliqué le père Azzi, postulateur de la cause, contacté au téléphone par L’Orient-Le jour. Il s’agira aussi de vérifier la crédibilité des miracles qui lui sont attribués.  Une fois le dossier clos, un tribunal ecclésiastique sera constitué au Vatican qui définira si « celui qui est candidat aux autels » est digne d’être béatifié par l’Eglise catholique.

Le Pier Giorgio Frassati du Liban

Fathi Baladi est né le 22 septembre 1961 à Beyrouth, dans une famille grecque-catholique pratiquante, entre deux sœurs. Elève sérieux, polyglotte, authentique et humble, il a suivi ses cours à l’école de la sagesse à Achrafieh (quartier chrétien de l’est de Beyrouth). Il a 13 ans quand éclate la guerre civile au Liban. Jusqu’à sa mort, il connaîtra son pays déchiré et en sera profondément affecté. Il consacre par ailleurs son temps libre à la catéchèse des enfants, la seule activité qu’on lui connaisse en dehors de ses études. Elève en première année d’architecture à l’Académie libanaise des beaux-arts, le jeune homme a été retrouvé mort le 31 décembre 1980, abattu par plusieurs balles dans sa voiture la veille du nouvel an à Araya (à l’est de Beyrouth). Il se rendait chez un camarade d’université pour lui souhaiter une bonne année et revoir certains cours avec lui. Ses parents le retrouvèrent les bras croisés en forme de croix, le visage serein. Sa tombe se trouve aujourd’hui à Sarba (Jounieh) au couvent grec-catholique Saint-Sauveur. Sa sépulture est très vite devenue un lieu de pèlerinage.  Tous les mercredis, une prière est célébrée à 10h30 avant la messe dans l’église du couvent.

A l’instar du bienheureux italien, Pier Giorgio Frassati, ce sont ses écrits (lettres et journal spirituel) qui ont révélé à sa famille et à ses proches sa vie de foi fervente. Revient sans cesse l’image d’un jeune homme discret et plein de foi. « Il était si discret que c’est après coup que nous nous sommes rendus compte de l’élévation de son âme, et avons cherché à mieux le connaître, en particulier à travers certains textes qu’il a laissés, et des témoignages de certains de ses camarades », a confié sa sœur Gina, citée par L’Orient-Le jour et présente à la conférence de presse du 30 octobre.

Comme le jeune Frassati, Fathi Baladi s’était préparé à sa mort comme en atteste son journal. Ce jeune étudiant a vécu de façon ordinaire sa jeunesse chrétienne avec une quête inlassable de la vérité et de l’absolu. En ce sens, il est le prototype même des jeunes que Jean Paul II a voulu montrer en exemple aux jeunes. Le saint pape avait d’ailleurs déclaré lors d’une audience privée avec le nonce apostolique de l’époque au Liban que « Fathi Baladi [était] toujours dans [ses] pensées. »

Guérisons

La renommée de sainteté de Fathi Baladi ne date pas d’aujourd’hui. La cause de sa béatification avait d’ailleurs été initiée très vite après sa mort en 1984 suite aux échos de signes insolites souvent accompagnés d’une odeur d’encens. Mais la guerre n’a pas permis d’aller plus en avant. Plusieurs fidèles venus se recueillir sur sa tombe avaient témoigné avoir vu apparaître de l’huile suinter de son tombeau et des lumières resplendir au-dessus. Des membres de sa famille l’ont même entendu les appeler par leurs prénoms quelques semaines après sa mort. Rapidement, la notoriété du jeune Fathi a fait son chemin parmi les fidèles jusqu’au jour où des guérisons furent attribuées à son intercession. Une mère au foyer, Joséphine Louis Merhi, témoigne ainsi de la guérison totale, durable et instantané d’un ulcère gastrique, le 3 janvier 1982. Fadia Saadé fut elle guérie, après une visite sur la tombe de Fathi Baladi, d’une sclérodermie, une maladie incurable dont elle souffrait depuis 13 ans.

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