Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Tourisme en Israël: un nouvel aéroport près de la mer Rouge

Christophe Lafontaine
31 janvier 2019
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

Israël veut faire décoller le tourisme du sud grâce à son nouvel aéroport international récemment inauguré au nord d’Eilat. Les premiers vols opèreront à partir du 4 février. Turbulences diplomatiques en vue.


« Aéroport Ramon, ici le vol Arkia 683, nous sommes très émus. » C’est depuis l’avion qui le transportait que le Premier ministre israélien, prenant la place du pilote dans le cockpit a eu un échange avec la tour de contrôle de l’Ilan & Asaf Ramon Airport – Eilat, situé dans la vallée de Timna à 18km au nord de la célèbre station balnéaire israélienne située aux portes du Néguev, entre l’Egypte et la Jordanie, sur les bords de la mer Rouge. Le 21 janvier, Benjamin Netanyahu atterrissait pour participer officiellement à l’ouverture des pistesdu premier aéroport construit en Israël depuis son indépendance.

Le nom de l’aéroport rend hommage à l’astronaute israélien Ilan Ramon, mort lors de l’explosion de la navette Columbia en 2003 et à son fils, Asaf, mort six ans plus tard dans un accident d’avion militaire.

La nouvelle installation aéroportuaire ambitionne de donner une forte impulsion au secteur touristique de la région de la mer Rouge et du désert du Néguev.

Eilat est une destination réputée pour son climat, sa plongée sous-marine, et son offre extrêmement variée d’excursions. Avec le nouvel aéroport, l’Etat hébreu veut aussi faciliter l’organisation de congrès internationaux, de rencontres sportives de grande envergure et offrir aux touristes une porte d’entrée vers le sud de la Jordanie (incluant le désert du Wadi Rum, la cité balnéaire d’Aqaba, ou encore la cité archéologique de Petra) et de l’autre côté vers la région de Taba dans le Sinaï en Egypte.

Eilat accueillait jusqu’ici « quelque 2,8 millions de visiteurs par an », selon le site officiel du tourisme de la ville. Données à mettre au regard des 4,1 millions de touristes à qui Israël a ouvert ses portes en 2018.

Le ministère du tourisme a affirmé qu’il cherchait désormais, avait rapporté l’AFP il y a six mois, « à faire passer la part du Néguev dans le total des recettes touristiques israéliennes de 5% à 20% actuellement d’ici deux à trois ans. »

C’est pourquoi, une exemption initiale de taxes aéroportuaires est prévue pour attirer les compagnies aériennes, a fait savoir Air-journal. A priori pour une durée de trois ans. A noter que depuis 1985, la ville la plus méridionale d’Israël jouit en plus du statut de « zone de libre-échange » – une ville exonérée de la TVA. Et cela fait plusieurs années aussi qu’Eilat cherche à s’établir comme cible privilégiée pour les vols low-cost en provenance de l’Europe et de la Russie. A l’aéroport Ramon, Ryanair devrait installer plusieurs avions sur place pour alimenter son réseau de liaisons européennes. D’autres compagnies européennes sont attendues, telles que Transavia, Wizzair, Lufthansa, Air Europa, Finnair et Ural Airlines, Edelweiss, indique le site officiel de l’aéroport.

4,2 millions de voyageurs annuels d’ici 2030

Le terminal flambant neuf de l’aéroport Ramon dont la construction a débuté en 2013, est en grande partie vitré et offre un panorama inouï sur le désert. A plein régime, il sera en mesure d’accueillir jusqu’à 2 millions de passagers par an. Grâce à une extension, il pourra atteindre une capacité de 4,2 millions de voyageurs annuels d’ici 2030.

S’étendant sur près de 550 hectares, Ramon servira aussi en cas de conflit d’aéroport de déroutement pour Tel Aviv, qui utilisait jusque-là Amman (Jordanie) et Larnaca (Chypre). Selon certains médias israéliens, une clôture « intelligente » antimissiles de 26 m de hauteur et de 4,5 km de long doit protéger Ramon. Les autorités n’ont pas confirmé.

Dans un premier temps, l’aéroport Ramon servira uniquement pour les liaisons intérieures des compagnies israéliennes Arkia et Israir (au départ de Tel Aviv et de Haïfa), qui opéreront à partir du 4 février, a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’Autorité israélienne des Aéroports (IAA). Puis progressivement, les vols internationaux suivront. Les premières destinations étrangères. Leurs dates d’ouverture n’ont pas encore précisées. L’aéroport devrait être relié à terme à Eilat par une liaison ferroviaire. Au démarrage, des navettes seront mises en place vers la station balnéaire.

L’infrastructure qui a coûté environ 1,7 milliard de shekels (environ 395 millions d’euros) vient remplacer deux aérogares installées dans la région. Celle d’Eilat même qui était réservée aux vols intérieurs et la base d’Ovda à 60 km au nord de la ville pour les lignes internationales.

Du rififi à l’horizon

Si tout semble se tirer d’un trait bleu pour Israël, la Jordanie voisine, quant à elle, a vivement exprimé sa réprobation quant à l’ouverture du nouvel aéroport international israélien près de sa frontière sud, affirmant qu’il présente une menace pour l’espace aérien du royaume en affectant notamment les communications radio à l’aéroport d’Aqaba et donc les décollages, atterrissages et mesures de sécurité. L’aéroport israélien est de fait situé à une dizaine de kilomètres du King Hussein International Airport, lui-même situé à quelques kilomètres d’Aqaba, ville portuaire jordanienne.

Pour le directeur de la Commission de réglementation de l’aviation civile jordanienne, Haitham Misto, l’aéroport Ramon viole « les normes internationales concernant le respect de la souveraineté de l’espace aérien et du territoire d’autres pays », ont rapporté les médias officiels jordaniens. En particulier la Convention de Chicago sur les exigences de sécurité applicables aux nouveaux aéroports signée en 1944 sous les auspices de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

La commission des transports et des services publics de la Chambre des députés jordaniens a publié une déclaration appelant la communauté internationale à obliger Israël à respecter le droit international et soulignant que l’aéroport israélien violait le traité de paix signé entre la Jordanie et Israël. Le traité stipulant qu’une telle démarche doit être coordonnée avec la Jordanie à l’avance, selon le communiqué.
La Jordanie est le seul pays arabe, avec l’Egypte, à avoir conclu la paix avec Israël, en 1994.