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Abdallah II va recevoir le « Nobel » catholique de la paix

Christophe Lafontaine
11 mars 2019
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Le 29 mars, les franciscains d’Assise (Italie) remettront « la lampe de saint François » - le « Nobel » catholique - au roi de Jordanie.  Notamment, pour son action en faveur de l’harmonie interreligieuse.


Pour le 800ème anniversaire de la visite de saint François au sultan Al-Malik al-Kâmil en 1219, la remise d’un prix pour la paix par les franciscains d’Assise à un souverain musulman est assurément un beau symbole. En effet, pour l’édition 2019 de la « Lampe de la paix de saint François », c’est le roi Abdallah II de Jordanie qui a été choisi comme récipiendaire, rapporte le 6 mars 2019 le site officiel du monarque hachémite.  

La distinction, peu connue, est pourtant l’équivalent catholique du prix Nobel de la paix. La « Lampe de Saint François » a été remise à des personnalités politiques comme religieuses. Entre autres, on compte Saint Jean-Paul II et Sainte Mère Teresa de Calcutta, Yasser Arafat, Benoît XVI, Shimon Peres, Mahmoud Abbas, le pape François.

La récompense sera décernée le 29 mars à Assise au roi (qui sera accompagné de son épouse la reine Rania), en reconnaissance de « son action et ses efforts visant à promouvoir les droits de l’Homme, l’harmonie entre les différentes religions, la réforme du système éducatif et la liberté de culte, tout en offrant hospitalité et refuge à des millions de réfugiés (ndlr : La Jordanie, considérée comme l’un des seuls havres de stabilité de la région, accueille environ 1,3 million de réfugiés – majoritairement irakiens et syriens – sur son territoire). Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons décidé de récompenser Sa Majesté de la Lampe de la paix », a précisé auprès de l’Association de la presse étrangère à Rome (Italie), lors d’une conférence de presse filmée, le père Enzo Fortunato, directeur de la salle de presse du couvent d’Assise. « L’attribution de la Lampe de la paix, a déclaré Fayiz Khour l’ambassadeur jordanien en Italie, est un témoignage des efforts de la Jordanie, dirigée par Sa Majesté le roi Abdallah II, pour promouvoir la paix et l’harmonie entre les différentes confessions à travers le monde. Les valeurs que ce prix promeut sont des valeurs dont notre monde a un besoin extrême pour contrer la propagation d’idéologies obscures. »

Initiatives et récompenses

Les efforts qui sont reconnus en faveur du dialogue interreligieux et de la paix de la part de la Jordanie ont déjà été nombreux depuis l’accession au trône d’Abdallah II en février 1999. Pour en citer les plus symboliques, le roi a été à l’origine du Message d’Amman (2004) qui cherche à clarifier la vraie nature de l’islam, en combattant l’extrémisme et qui appelle toutes les nations musulmanes à l’unité et à promouvoir les Droits de l’Homme et les libertés fondamentales.

En octobre 2007, le prince Ghazi, cousin et conseiller pour les affaires religieuses du roi Abdallah II, avait adressé, avec 137 autres personnalités du monde islamique, une lettre au Pape intitulée « Une parole commune entre nous et vous ». Elle posait pour principe que le christianisme et l’islam partageaient les mêmes valeurs d’amour de Dieu et d’amour du prochain. Ce dernier document avait d’ailleurs inspiré, en 2008, le premier Forum Catholico-Musulman qui s’est tenu au Vatican.

Le roi fut aussi l’initiateur de l’instauration aux Nations unies de la Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle aux Nations unies. Depuis huit ans, ce rendez-vous, qui a lieu tous les ans en février, vise à promouvoir l’harmonie entre les personnes, indépendamment de leur foi, soulignant que la compréhension mutuelle et le dialogue entre les religions constituent des dimensions importantes de la culture de la paix mondiale.

En septembre 2013, sous l’impulsion du roi encore, musulmans et chrétiens ont été invités à Amman à un sommet intitulé « les défis des chrétiens arabes » pour combattre ensemble l’extrémisme, le terrorisme et la violence.

Autant d’exemples d’engagement qui n’ont pas manqué d’être récompensés. Le roi, en 2005, a reçu le prix du centre Simon Wiesenthal pour la tolérance ; en 2007 à New York, celui du « King Peacemaker Award » ; en 2016, le Prix de la Paix de Westphalie (attribué pour des mérites exceptionnels dans le renforcement de la paix internationale.) En novembre 2018, il s’est vu remettre le prix Templeton qui est décerné aux acteurs s’étant distingués pour leurs activités dans l’entraide et la compréhension interreligieuse. La Fondation John Templeton avait déclaré qu’Abdallah II avait « davantage agi pour l’harmonie dans l’islam, et entre l’islam et les autres religions, que tous les autres responsables politiques. » Le roi de Jordanie était le premier chef d’Etat à être récompensé. En recevant son prix, le roi Abdallah avait déclaré : « Tout ce que vous saluez en moi ne fait que perpétuer ce que les Jordaniens ont toujours fait et la manière dont les Jordaniens ont toujours vécu : dans la bienveillance, l’harmonie et la fraternité mutuelles. »

Le prix franciscain qu’il s’apprête à recevoir fin mars a été créé en 1981. La chancelière allemande Angela Merkel, en a été la lauréate l’an dernier et sera présente à la remise du prix cette année en présence du Premier ministre italien Giuseppe Conte.

 

 

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