Et si nous prenions soin les uns des autres ?
C’est peu dire que j’aime la langue française. La richesse de son vocabulaire, la subtilité de sa grammaire, la variété de ses expressions. À effleurer d’autres langues, j’ai découvert que toutes recèlent des trésors. Même quand ils sont cachés sous les dehors de la banalité.
Ainsi la formule de politesse anglo-saxonne “Take care of yourself”, “Prends soin de toi”. Dans le courant de la fin d’une conversation, on la réduit à “Take care”. Quelle délicieuse sommation ! Si celui qui l’écrit ou la
prononce pense vraiment à ce qu’il dit, elle traduit le souci qu’il a de nous.
Elle est aussi d’une incroyable exigence pour nous qui la recevons. Prenons-nous soin de nous ? Comme nous le devrions ? Comme nous le méritons ? Prenons-nous soin de ceux qui nous entourent ? N’est-ce pas la base de l’écologie ? Ce mot formé du grec oikos, la maison, et logos (l’étude, le discours).
Je vous parle d’écologie, car cela fait 800 ans cette année que saint François a écrit la prière que l’on connaît en français sous le titre : Cantique des créatures. (On vous la rappelle page 49 !) Et puisque nous sommes la revue des Franciscains de la Custodie de Terre Sainte, nous avons voulu marquer le coup. Surtout en temps de guerre. Parce que si l’on pense écologie, petits oiseaux, tri des déchets etc. l’écologie, dans la spiritualité franciscaine est aussi, (est d’abord ?) un soin de l’autre.
Prendre soin de celui qui en a le plus besoin
Et justement, en Palestine, comme en Israël, certains portent le souci environnemental tout en embrassant la dimension du conflit qui nous blesse. Ils sont très forts ! À y bien regarder, presque tous les articles de ce numéro évoquent cette idée de prendre soin de celui qui en a le plus besoin. L’histoire de Ruth et Booz, la communauté chrétienne de Zababdeh dans une Cisjordanie blessée, Claire qui donne corps au rêve de réconciliation de
Jérusalem, Orna qui est juive et son mari qui est musulman, Rana et Eszter combattantes pour la paix.
Même les pèlerins s’y mettent et retrouvent doucement les traces de pas de Jésus et se penchent avec lui sur ce pays endolori.
On me demande parfois quoi faire pour aider les populations d’Israël et de Palestine. Eh bien prenez soin d’elles en répandant sur elles (toutes) des paroles de bénédictions, en trouvant un moyen de soigner leurs blessures. Alors, elles trouveront un jour la force de se soigner elles-mêmes, les unes les autres. Et un jour, quand Dieu veut, celles de se bénir mutuellement.