À chacun son guide
“Il avait un joli nom mon guide”. Les plus anciens se souviennent de la chanson de Gilbert Bécaud, Nathalie. Nous ne sommes pas à Moscou, ni au café Pouchkine et peu d’entre nous ont vécu une histoire d’amour avec leur guide. (On en connaît néanmoins, en tout bien tout honneur quant à eux). Il n’en reste pas moins que nombreux sont les pèlerins qui se souviennent de leur guide. Comme un puits de science, un infatigable marcheur, un homme (ou une femme) de conviction, un humour ravageur, des convictions bien ancrées, un français exceptionnel, ou un peu cassé.
Dans un groupe on reconnaît un guide à trois choses. Il est celui qui a l’air de savoir où il va, tandis que le reste du groupe suit, avec une discipline à géométrie variable. Il est reconnaissable à la licence qu’il porte en permanence autour du cou. Il est celui qui pointe du doigt et désigne ce qui doit retenir notre attention (mais qu’on ne distingue pas toujours). Accessoirement, quand le groupe a la bonne idée d’avoir pris des casques, c’est lui qui a le micro.
Nous sommes chanceux d’avoir trouvé la photo d’un guide de dos. Vous l’aurez identifié dans son groupe au premier regard. Mais Dieu seul sait ce vers quoi il pointe le doigt ? L’hospice autrichien peut-être ? Parce qu’il n’est pas identifiable, chacun pourra se remémorer son propre guide.
Comme Claire Bastier – que nous rencontrons page 42 – il m’a suffi d’un seul pèlerinage, non pas pour connaître le pays mais pour que cette terre me saisisse. Ce que je dois à “mon” guide, dépasse ce que je pourrais en dire mais, entre autres, il m’a appris à lire la Bible. À la lire comme un livre d’histoires, la grande et les petites. Une histoire qui s’inscrivait dans le temps et dans ma chair. Un livre que je mangerais et qui me nourrirait.
Un livre qui avait une géographie, une nature, des populations et qui était capable de me guider moi, avec la liturgie en soutien. Son accent rocailleux résonne encore et, récemment, un ami prêtre me le restitua en imitant sa façon inénarrable de prononcer les deux “d” de Megiddo ! Ceux qui ont suivi la Bible sur le terrain (BST) avec Jacques Fontaine peuvent retrouver tout leur pèlerinage en trois tomes aux éditions Parole et Silence et l’écouter sur le site www.biblesurleterrain.net. Mais la nostalgie ne suffit pas, pour retrouver la Terre Sainte, le mieux c’est d’en retrouver le chemin…