Message du Cardinal Pizzaballa à la CEF : « Votre présence à nos côtés est essentielle. »

Chers frères, chers amis,

Je vous adresse mes salutations, mes prières, ma bénédiction et vous dis ma gratitude au Cardinal Aveline, président de la Conférence des évêques de France.

Vous êtes réunis à Lourdes où Mgr William Shomali représentera l’Église de Terre Sainte parmi vous.

Mais je tiens également à vous adresser mes salutations chaleureuses et ma gratitude pour tout ce que vous faites, pour votre solidarité et votre proximité avec notre Église.

Au moment où je vous parle, nous vivons la première phase de la trêve et du cessez-le-feu. J’espère qu’ils dureront. Mais les ruines, la destruction et la dévastation que cette guerre a causées – et cause encore – sont immenses. Il y a beaucoup à faire, tout est à reconstruire : les infrastructures, les hôpitaux, les écoles, les maisons, l’eau, l’électricité… tout.

Mais plus profonde encore est la dévastation humaine. Et c’est précisément là que la mission de l’Église et de la communauté chrétienne commence : tenter de reconstruire le tissu humain détruit – au sein de la société israélienne, de la société palestinienne, et dans la relation entre Israéliens et Palestiniens.

Aujourd’hui, cela semble presque impossible, tant la méfiance et la haine sont profondes. Bien sûr, il existe ici ou là des personnes, des mouvements prêts à s’engager pour travailler ensemble.

[Depuis son numéro de janvier-février 2024, Terre Sainte Magazine a créé une rubrique RECONSTRUIRE,  à la rencontre des différents mouvements et acteurs de la paix qui bien que blessés par les événements du 7-Octobre et toutes ses conséquences veulent toujours construire et se reconstruire ensemble]

Mais, au niveau de l’opinion publique, la défiance reste immense, tout comme la peur et parfois le désespoir, y compris parmi nos chrétiens, qui voient la destruction, les conséquences de la guerre, et peinent à espérer quand tout autour d’eux n’est que mort, misère et haine.

Je dois pourtant dire que la paroisse qui aurait le plus de raisons d’être en colère – celle de Gaza – est aussi la moins problématique. Je l’ai déjà dit plusieurs fois : elle est pleine de vie, engagée, désireuse de reconstruire, d’organiser, d’agir. Les jeunes m’appellent souvent : « Donnez-nous une mission, un but, quelque chose à accomplir. » Malgré la peur et la douleur, ils veulent se relever.

La guerre les a durement éprouvés. Elle a aussi créé beaucoup de frustrations, de peurs et d’incertitudes mais elle a aussi engendré un surcroît de vie et d’engagement pour quelque chose de bon et positif.

Je les prends en exemple pour toute notre communauté – à Bethléem, à Zababdeh, au nord de la Palestine, en Israël aussi. Ne laissez pas la guerre ni la logique de la guerre façonner vos pensées et vos cœurs.

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Nous, chrétiens, devons décider comment être dans ce conflit. Il fait partie de notre vie depuis longtemps, il fait partie de notre identité ; il ne disparaîtra pas demain. Le conflit n’est pas une parenthèse : c’est le lieu même où nous sommes appelés à rendre témoignage comme chrétiens.

Chaque jour, je comprends mieux que notre mission, en tant que chrétiens, est de témoigner au cœur même de la guerre et de ses conséquences – la haine, la méfiance – en bâtissant la confiance, en manifestant notre désir de vie et d’amour pour tous.

Votre présence à nos côtés est essentielle. Il est temps de reprendre le chemin du pèlerinage. Nous recevons beaucoup d’empathie et de soutien de la part des Églises du monde entier. L’Église de France a été très présente : le cardinal Aveline est venu nous visiter dans un moment très difficile, en août dernier.

Mais aujourd’hui, il faut aller plus loin : il ne suffit pas que quelques-uns viennent. Il faut que les paroisses, les diocèses, les pèlerins reviennent nombreux. C’est ainsi que l’Église de France et l’Église de Terre Sainte pourront se reconnecter physiquement, spirituellement, et redonner sourire et espérance à tant de familles qui vivent des pèlerinages.

Merci à tous.

Que le Seigneur vous bénisse.

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