Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Sous le signe d’Ézéchias

Giorgio Bernardelli
4 décembre 2015
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Au cours de ces dernières heures, une découverte archéologique d'importance a été annoncée à Jérusalem: un petit sceau  qui porte le nom du roi Ezéchias, roi mentionné dans la Bible et que l'on considère comme ayant dirigé le royaume de Juda au huitième et septième siècle avant J.-C.  Ce sceau a été trouvé aux abords de l'Ofel poussant au rapprochement de ce lieu avec l'époque du premier Temple, détruit par Nabuchodonosor en 586 avant J.-C.


Au cours de ces dernières heures, une découverte archéologique d’importance a été annoncée à Jérusalem. Dans une fouille parrainée par l’Université hébraïque d’Ofel – sur le site archéologique situé à côté du Mur occidental, au pied du mont où se trouvait autrefois le temple – a été trouvé un petit sceau  qui porte le nom du roi Ezéchias, roi mentionné dans la Bible et que l’on considère comme ayant dirigé le royaume de Juda au huitième et septième siècle avant J.-C. Ce n’est pas la première trace historique d’Ezéchias que l’on découvre : il y avait déjà d’autres sceaux. Mais ce qui rend celui-ci particulièrement intéressant réside dans le fait qu’il ait été révélé par et à l’Ofel poussant au rapprochement de ce lieu avec l’époque du premier Temple, détruit par Nabuchodonosor en 586 avant J.-C.

La trouvaille en elle-même est minuscule: le sceau mesure moins d’un centimètre. Pourtant, l’étude des images agrandies révèle une inscription en hébreu antique traduite ainsi : « appartenant à Ezéchias (fils de Akaz), roi de Juda« . La découverte est un succès personnel pour Eilat Mazar, l’archéologue qui depuis des années coordonne les fouilles sur le site archéologique du roi David (la zone proche du quartier arabe de Silwan (Siloé), mentionnée par ce dernier comme l’antique Jérusalem du roi David), et l’Ofel. C’est également un succès pour Elad, ONG contestée pour sa proximité avec les colons, à laquelle l’Autorité des Antiquités d’Israël a laissé toujours plus de liberté ces dernières années notamment dans le domaine des fouilles archéologiques sur ce lieu sensible et disputé, situé à deux pas du Mur occidental mais aussi de l’Esplanade des mosquées. À côté de ce quartier de Jérusalem traditionnellement habité par des populations Arabes – au travers du site archéologique – les colons s’implantent jour après jour.

Et l’on sait ô combien ce domaine des fouilles est brûlant, chacun essayant d’imposer à l’autre sa version de son histoire de Jérusalem. Prise dans ce contexte, la découverte du sceau du roi Ézéchias est sans aucun doute un nouveau démenti à la prétention de ceux dans la clan palestinien qui entendent nier tout lien entre l’esplanade où se trouve aujourd’hui la mosquée al-Aqsa et l’histoire du peuple juif. Que le temple d’Hérode s’élevait exactement ici est un fait indéniable; mais le sceau d’Ezéchias confirme ce que la plupart des archéologues ont toujours retenu, à savoir que le premier temple, celui construit par Salomon, s’y dressait également.

Il est évident que d’une telle découverte on puisse faire usage politique : il suffira de la brandir pour attiser les disputes sur qui contrôle vraiment le Haram al Sharif/le Mont du Temple. Rappelons que la mèche qui a mis le feu aux poudres de ce que nombreux appellent « l’Intifada des couteaux » – qui depuis deux mois ensanglante désormais certaines régions d’Israël et de Cisjordanie – furent justement les provocations mutuelles autour de certains juifs qui prétendent monter et prier là où se trouvait autrefois le temple et aujourd’hui les mosquées.

Pour cela – peut-être – serait-il intéressant d’aller relire ce que nous dit la Bible du roi Ezéchias. Reprenant par exemple le chapitre 29 du deuxième Livre des Chroniques, nous constatons que ce nous rappelle l’Écriture c’est avant tout sa réforme religieuse qui visait à restaurer dans le temple un culte véritable pour le Très-Haut, éradiquant toute forme d’idolâtrie. Il en vint même à détruire le serpent d’airain, érigé par Moïse dans le désert et qui avait été transféré à Jérusalem pour devenir une idole. Alors, je me prends à rêver. Espérons que cette découverte archéologique aidera la Jérusalem d’aujourd’hui à questionner ses propres idoles. Ceux qui transforment une pierre ou un symbole religieux en quelque chose qui n’a rien à voir avec un culte authentique. Ce serait une façon d’apprendre vraiment quelque chose de l’histoire toujours plus extraordinaire de cette Ville Sainte.

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Cliquez ici pour lire le chapitre 29 du deuxième Livre des Chroniques

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