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De plus en plus de pèlerins en provenance des pays en développement

Edward Pentin
22 mai 2012
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De plus en plus de pèlerins en provenance des pays en développement
Pèlerins africains à l'église de la Nativité à Bethléem. (photo: Andrea&Magda Photographers)

Les chrétiens en provenance de pays en voie de développement sont de plus en plus nombreux à se rendre en pèlerinage en Terre Sainte, notament les Nigérians. Depuis 2007, au Nigéria, les pèlerinages chrétiens bénéficient comme les pèlerinages musulmans d'un financement public suite à un accord avec l’Opera Romana Pellegrinaggi (ORP), bureau des pèlerinages du vicariat de Rome.


(Rome) – En raison de l’essor de leurs économies, les chrétiens des pays en développement sont de plus en plus nombreux à se rendre en pèlerinage en Terre Sainte, les pèlerins nigérians étant les plus nombreux parmi les pèlerins en provenance d’Afrique.

Depuis 2007, la Commission nigériane des pèlerinages chrétiens propose un financement public aux pèlerins chrétiens, financement que le gouvernement accorde depuis longtemps aux citoyens musulmans du pays pour leur permettre de se rendre en pèlerinage à la Mecque.

En septembre dernier, la Commission a signé un accord ayant pour objectif de développer une étroite collaboration avec l’Opera Romana Pellegrinaggi (ORP), bureau des pèlerinages du vicariat de Rome, afin de proposer de nouveaux services aux pèlerins se rendant à Rome et en Terre Sainte.

L’ORP n’organise pas seulement des visites du Vatican et des sites chrétiens de Rome mais aussi des pèlerinages en Terre Sainte, ainsi que dans un certain nombre de lieux saints en Europe et au Proche-Orient.

Pour les pèlerins nigérians, l’ORP organise également des cours de catéchèse et des évènements pastoraux adaptés telles que des célébrations de prière œcuméniques. Il continue en outre à accompagner les pèlerins tout au long de leur voyage en Grèce et en Terre Sainte.

En raison des divisions et des tensions ethniques et politiques qui règnent dans le pays, le Nigéria est disposé à subventionner les pèlerinages car il considère ces derniers comme un excellent encouragement à aller au-delà des préjugés et à atténuer les conflits. La pratique de telles subventions est difficile à comprendre pour un esprit occidental, explique Fr. Ceasar Atuire, délégué administratif de l’ORP, mais elle est naturelle dans le contexte africain.

« Si vous observez la façon dont les choses se passent en Afrique, vous verrez que la religion y est considérée comme un élément positif permettant d’aider les gens à devenir de bons citoyens », déclare le père Atuire. « La démocratie requiert de la vertu et si les citoyens ne sont pas vertueux, la démocratie ne fonctionne pas, le fait d’encourager les gens à avoir une véritable pratique religieuse est donc aussi un moyen de promouvoir un certain mode de vie civil au sein d’une société démocratique ».

Il attribue également ce nouvel accroissement du nombre de pèlerins à l’essor des économies des pays en développement. « L’économie est vraiment en plein boom, en particulier en Afrique de l’Ouest » déclare Fr. Atuire. « Je suis originaire du Ghana où l’économie a enregistré une croissance de 11% l’an dernier, croissance qui a conduit à l’émergence d’une vaste classe moyenne. » 

L’ORP organise des pèlerinages en Terre Sainte depuis de nombreuses années et veille à ce que les rencontres occupent une place importante dans les circuits proposés. « Nous essayons de rencontrer des communautés locales de Terre Sainte, israéliennes aussi bien que palestiniennes » explique le Père Atuire. « Au-delà de la visite des lieux saints, les pèlerinages sont l’occasion de rencontrer des communautés, de rencontrer des personnes, c’est ce qui permet aux pèlerins de mieux comprendre les problèmes qui existent dans nombreux pays du Proche-Orient. »

Les pèlerinages, qui durent huit jours pour la plupart, sont organisés de façon à ce que les retombées économiques engendrées par le passage des pèlerins aident les communautés locales. « Nous nous assurons que l’argent dépensé par les pèlerins soit réparti entre Israël et les Territoires Palestiniens » indique le Père Atuire. « Le taux de chômage est très élevé dans les Territoires Palestiniens et si les gens n’ont pas les moyens de vivre décemment, cela accroît le risque de violence. Un homme qui a faim est un homme en colère. »

Chaque année, l’ORP organise également un petit « marathon de la paix » de Bethléem à Jérusalem auquel participent des Israéliens, des Palestiniens et des coureurs venus d’autres pays. « Nous nous arrêtons aux check-points le temps d’un match de volleyball ou de football, afin de créer des occasions de rencontre », déclare le Père Atuire.

Il poursuit en disant que l’ORP a observé une « légère augmentation » du nombre de pèlerins en Terre Sainte ces derniers mois, et notamment une augmentation notable des pèlerinages en provenance du Nigéria, mais qu’il n’y a pas eu « d’évolutions significatives » parmi les groupes en provenance des pays occidentaux. « Les chiffres continuent à augmenter en ce qui concerne le Brésil, l’Inde ainsi que d’autres pays d’Afrique ou d’Asie » indique t-il, avant d’ajouter que les pèlerinages en Syrie ont dû être interrompus en raison du conflit qui sévit à l’intérieur du pays.