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Le pape François et les franciscains de la Custodie de Buenos Aires

25/03/2013  |  Argentina
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Le pape François et les franciscains de la Custodie de Buenos Aires
Une des premières photos du Pape.

Le soutien du cardinal Bergoglio en faveur des franciscains de la Custodie de Terre Sainte en Argentine leur a été plus que précieux. Le commissaire de Terre Sainte à Buenos Aires, frère Rafael Sube Jimenez, nous décrit les relations de la Custodie et de celui qui est aujourd’hui le pape Francisco. Il révèle l'humilité qui a toujours caractérisé ce pape venu « du bout du monde ».


(Buenos Aires) – L’élection du pape François est une bénédiction pour le monde entier, l’Église, l’ordre franciscain surtout en Terre Sainte et plus particulièrement pour le Commissariat de Terre Sainte à Buenos Aires en Argentine.
Le monde entier est surpris. Peut-être certains doutent de son humilité, il leur faudra savoir que ce pape argentin est avant tout un homme humble, d’une humilité authentique.

Les problèmes rencontrés par le Commissariat de Buenos Aires sont connus. À plusieurs reprises, on parlait de la fermeture de l’Institut de Terre Sainte et du départ définitif des frères de ce pays. Je tiens à souligner que mon premier contact avec le pape François m’avait surpris et je n’étais d’ailleurs pas au bout de mes surprises. Il était midi : le téléphone sonne, je décroche et entends :  « Bonjour, c’est vous le nouveau supérieur mexicain de la communauté ? » d’un ton joyeux et amical qui ne m’aurait jamais fait deviner qu’il s’agissait du cardinal Bergoglio. Je ne pouvais croire qu’un cardinal argentin puisse être aussi simple. J’ai donc répondu par un simple « Oui, je suis à votre service. » Quand j’ai appris qui il était, je ne savais plus que dire ni que lui demander. Depuis, j’ai découvert que c’était toujours lui qui savait que dire et faire pour nous.

C’est pourquoi l’élection du pape François nous a procuré tant de bonheur et de joie, car c’est précisément grâce au Saint-Père qu’aujourd’hui le commissariat de Buenos Aires continue à travailler dur malgré les difficultés. Ce sont ses paroles réconfortantes et son soutien qui ont aidé la Custodie de Terre Sainte à demeurer dans son pays natal. Mais peut-être sommes nous aussi heureux parce que c’est un prêtre jésuite, parce que c’est un homme plein d’une ferme espérance, parce qu’il est attentif et compatissant. 

Notre Saint-Père a toujours été en contact avec notre père Custode, Pierbatistta Pizzaballa, lors de ses visites en Argentine mais aussi lors de réunions personnelles. Par exemple celles d’avril 2009, de janvier 2011 et de juillet 2012 : j’accompagnais alors le Custode, bien que lors des rencontres, je me tenais à l’écart. Mais à la fin de leur conversation, il avait toujours un mot joyeux, un fraternel au revoir, comme « Soyez sage, je veille sur vous ! », l’expression d’un père désirant que son enfant agisse au mieux.

Son intérêt pour la Custodie n’était pas uniquement protocolaire. Il connaissait chacun des frères vivant ou ayant vécu en Argentine. Il encourageait fervemment la générosité des fidèles pour la quête du Vendredi Saint. Il était toujours le premier archevêque à nous envoyer les fonds collectés. Il nous exhorta aussi à poursuivre le travail et la réorganisation du collège Terre Sainte, préférant qu’il demeure entre les mains des franciscains de Terre Sainte et plutôt que d’être transféré au Vicariat de Buenos Aires. Il visita l’établissement mentionné ci-dessus, laissant un souvenir de son passage par un document encore affiché dans la salle de réunion ; il était alors cardinal primat d’Argentine.

Après la crise que l’Argentine rencontra en 2001, le pape François envoya un message à la communauté éducative dans lequelle il suggérait de se tourner vers une éducation qui ferait mûrir les enfants à travers ces évènements. Il disait : « Le fils du gaucho, le migrant interne s’installant en ville et l’étranger qui a débarqué sur ces terres ont trouvé dans l’éducation une base qui leur a permis de transcender la particularité de son origine pour trouver une place dans la construction d’un projet commun. Aujourd’hui également, à partir de la pluralité enrichissante des propositions éducatives, nous devons miser de nouveau sur l’éducation qui représente tout pour ces enfants » (avril 2002). Peut-être cette pensée nous a-t-elle inspirés à nous inscrire dans la continuité de l’Institut de Terre Sainte, toujours en vie depuis près de 130 ans.

Son amour pour les Lieux saints a toujours été évident, non seulement dans ses homélies et pendant la Semaine Sainte, mais aussi d’une manière spéciale en temps de conflits. Ainsi, devant le climat de tension et la violence qui se vivaient au Moyen-Orient, notamment en Syrie les derniers mois de l’année 2012 et pendant les premiers jours de novembre 2012, le cardinal Bergoglio a invité le peuple de Dieu, les autres croyants et les non-croyants à s’unir dans la prière et dans l’ardent désir de la paix, dans la cathédrale métropolitaine. « Encouragés par les paroles du pape Benoît XVI qui appelle à la paix au Moyen-Orient, nous demandons instamment à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté de prier et de souhaiter la paix pour nos frères qui souffrent du fléau de la guerre et du désespoir. »

Notre pape actuel, avec son «humilité audacieuse », une « humilité authentiquement franciscaine », lui qui est un véritable jésuite cent pour cent franciscain, nous remplit de joie et d’espérance. Sa présence et son intelligence a aidé les frères de la Custodie à persévérer malgré les difficultés. Il nous a appris à regarder et chercher ensemble la transcendance. Nous devons continuer « à marcher, à construire et à confesser Jésus-Christ crucifié. »

 (* Commissaire de Terre Sante à Buenos Aires)